Benjamin Stora, spécialiste de l’histoire du pays,
analyse la présidentielle et dresse un bilan « contrasté » du premier mandat Bouteflika
Un scrutin-test pour la démocratie algérienne
Jeudi, les Algériens se rendent aux urnes pour départager six candidats à la présidentielle. Troisième scrutin pluraliste de l’histoire de l’Algérie indépendante, cette élection est également marquée par un duel entre deux frères ennemis, deux enfants du Front de libération nationale, le président sortant Abdelaziz Bouteflika et son ancien Premier ministre et homme de confiance Ali Benflis. Deux hommes qui ont rompu en mai 2003 quand le président a limogé de son poste de chef du gouvernement M. Benflis après que celui-ci eut annoncé son intention de concourir à la présidentielle. S’en est suivie une scission au sein de l’ex-parti unique algérien entre les partisans des deux hommes. Outre ces deux poids lourds de la politique algérienne, quatre autres candidats postulent à la tête de l’État : Abdallah Djaballah, un islamiste radical, opposé, selon des associations féminines, à toute réforme du code de la famille qui limite toujours la femme au statut de mineure à vie ; Saïd Sadi, président du parti laïc du Rassemblement pour la culture et la démocratie ; Louisa Hanoune, seule femme candidate et figure de proue de l’extrême gauche algérienne en tant que porte-parole du Parti des travailleurs ; et enfin Ali Fawzi Rebaïne, président du parti nationaliste Ahd 54, un patronyme qui fait référence à la date du déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne. Autre acteur essentiel de l’élection, l’armée a opté pour la neutralité. Une première dans le cadre d’un tel scrutin. Enfin, reste à savoir dans quelle mesure l’élection sera entachée par la fraude. Au cours des précédents scrutins, elle avait en effet été très présente. En 1995, l’Administration n’avait pas limité ses efforts pour mener le général Liamine Zeroual à la tête de l’État. Et, en 1999, Abdelaziz Bouteflika s’était retrouvé seul en lice, ses six adversaires s’étant retirés pour protester contre des fraudes massives. Le scrutin de jeudi fera ainsi figure de test, des dispositions ayant été votées qui amendent la loi électorale pour favoriser la transparence. Benjamin Stora*, professeur à l’Inalco et spécialiste de l’Algérie, revient sur le premier mandat du président Bouteflika et analyse la campagne présidentielle dont l’issue demeure, à quelques jours du scrutin, toujours incertaine.
«Contrasté. » Ainsi pourrait-on résumer, selon Benjamin Stora, le premier mandat du président Bouteflika.
Sur le plan économique tout d’abord, l’Algérie affiche un taux de croissance officiel des plus solides puisque de 6,8 % en 2003 contre 0,3 % il y a une dizaine d’années. Peut-on pour autant qualifier de positif le bilan économique du président algérien ? « Les indications officielles montrent certes une forte croissance, mais il est difficile de mettre ces chiffres en adéquation avec la réalité sensible. L’Algérie reste marquée par une désespérance sociale forte. On se souvient de tous ces candidats à l’immigration qui demandaient des visas lors de la visite du président Chirac à Alger en mars 2003. Le gouvernement affiche des résultats positifs, mais, sur le terrain, les Algériens veulent toujours partir. »
Officiellement, le taux de chômage est de 25 % en Algérie et il frappe près de 50 % des moins de trente ans. Le passage, sous la pression du FMI, d’une économie étatisée et socialiste à une économie libérale a en effet jeté beaucoup de salariés d’entreprises publiques déficitaires sur le trottoir.
Au niveau des réformes nécessaires, « certaines ont été engagées. On note un développement du secteur privé, la structuration d’une forme de patronat national, de petites et moyennes entreprises. Mais s’agit-il là d’une reconversion de l’ancien patronat ou, au contraire, d’un réel démarrage d’une économie privée et libérale. Les indicateurs pointent plutôt vers la première option ».
Concorde civile et réconciliation nationale
Sur le plan politique, il s’agit là aussi de faire la part entre ce qui est affiché et la réalité. En ce qui concerne les violences islamistes qui ont ensanglanté l’Algérie des années durant, « leur baisse est incontestable, même s’il subsiste des poches de violence, et ce notamment dans les maquis de Kabylie où dans l’extrême sud algérien ».
La politique de concorde civile lancée en 1999 par le président Bouteflika est-elle à l’origine de cette régression des violences ? « Ceci est difficile à évaluer car cette diminution pourrait également être due à une politique antérieure, celle des années 97-98 lors de la trêve avec l’Armée islamique du salut. »
Et M. Stora de souligner qu’aujourd’hui se pose la question de la réconciliation nationale. « Nous sommes dans un contexte radicalement différent de celui de 1999. Cette année-là, la question sécuritaire dominait tous les autres dossiers. Aujourd’hui, l’Algérie fait face à une crise identitaire. » Le printemps kabyle, en 2001, en est un des multiples signes.
Autre sujet particulièrement sensible en Algérie, les atteintes à la liberté de la presse. « Au début des années 90, nous avons assisté à une véritable explosion de la presse indépendante. Depuis cette période, il est extrêmement difficile de revenir sur cet acquis. » Récemment, la presse privée a néanmoins été la cible d’attaques en règle par le gouvernement, et ce notamment au travers d’une pluie de procès. « Mais cette offensive a échoué car les journaux visés, comme Le Matin ou la Liberté, ont survécu. »
L’Algérie sur la scène internationale
Enfin, depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’Algérie semble avoir repris une place plus avantageuse sur la scène internationale. « Là encore, le bilan est contrasté. D’un côté, Abdelaziz Bouteflika a fait preuve d’un véritable savoir-faire en matière de politique étrangère en recevant le président Chirac pour une visite d’État historique en 2003. » Colin Powell a également effectué une visite à Alger en décembre 2003. « Mais, d’un autre côté, restent au passif du bilan algérien l’échec du sommet du Maghreb arabe (reporté sine die à Alger en décembre 2003), ou encore la crise du Sommet de la Ligue arabe durant laquelle l’Algérie est loin d’avoir brillé. »
Fraude électorale ?
Si les campagnes et scrutins présidentiels de 1995 et de 1999 ont été marqués par des fraudes, les autorités mettent aujourd’hui en avant leur volonté d’assurer une élection propre. La loi électorale a, dans cette optique, été amendée, et des représentants des candidats pourront surveiller les bureaux de vote du début à la fin du scrutin et obtenir des copies des procès-verbaux des dépouillements. Des observateurs internationaux sont également attendus, même si leur nombre ne semble pas suffisant. « L’Algérie veut gommer définitivement les suspicions de fraude pour que cela fasse accomplir un pas de géant à la démocratie », déclarait récemment Saïd Bouchaïr, président de la commission de surveillance de cette élection.
M. Stora relève toutefois que des entraves sont déjà perceptibles. « Dans certaines villes, la campagne électorale tourne parfois à l’affrontement physique. Des meetings d’Ali Benflis ont été saccagés, des colleurs d’affiches du candidat agressés. Les adversaires de M. Bouteflika ont en général des difficultés à s’exprimer à la télévision nationale… »
Ce spécialiste de l’Algérie redoute en outre un passage en force du président sortant. « Il existe aujourd’hui une grande peur que le scrutin ne soit pas représentatif de la réalité. Et ce notamment en ce qui concerne M. Benflis. Si l’on se réfère à la forte participation à ses meetings, et ce pas seulement dans sa région natale, à la mise à sa disposition de l’appareil de campagne du FLN et au soutien important, en terme de voix, que vient de lui accorder Ahmed Taleb Ibrahimi, M. Benflis ne peut obtenir un score ridicule au premier tour. Un tel résultat ne serait absolument pas crédible. »
La neutralité de l’armée
Quant à l’armée, elle a également lancé une mise en garde au sujet de la fraude, en appelant à la neutralité de l’Administration. « Un message extrêmement fort adressé au pouvoir », souligne M. Stora. Un pouvoir qui n’a en outre pas bénéficié du soutien de l’institution militaire, celle-ci affichant, pour la première fois, sa neutralité dans le scrutin. « La neutralité de l’armée est un signe clair de son mécontentement vis-à-vis de la politique du président Bouteflika. Je ne pense pas néanmoins qu’elle accordera son soutien à un autre candidat », estime M. Stora.
La grande inconnue de ce scrutin demeure la participation des électeurs. « La société est effectivement lasse, fatiguée par des années de terreur et de crise sociale. On note toutefois, depuis deux semaines, une participation accrue de la population aux meetings électoraux. Des manifestations d’hostilité au président Bouteflika ont également été organisées. »
Reste que prévoir l’issue de vote est difficile. « En l’absence de toute étude, de tout sondage, on ne peut faire d’estimations qu’en observant le terrain. » « Le vote kabyle par exemple est difficile à pronostiquer (voir ci-dessous). Le vote islamiste sera également fractionné entre le Mouvement de la société de la paix (MSP, islamiste modéré), à savoir les notables proches de Bouteflika, Abdallah Djaballah et ceux accordés à Ali Benflis au travers des partisans de M. Ibrahimi. »
Pour savoir si la démocratie est effectivement en marche en Algérie, il faudra donc véritablement attendre l’issue du scrutin de jeudi.
Émilie SUEUR
*Benjamin Stora et Mohammed Harbi viennent de publier un ouvrage collectif, « La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie », chez Robert Laffont.
analyse la présidentielle et dresse un bilan « contrasté » du premier mandat Bouteflika
Un scrutin-test pour la démocratie algérienne
Jeudi, les Algériens se rendent aux urnes pour départager six candidats à la présidentielle. Troisième scrutin pluraliste de l’histoire de l’Algérie indépendante, cette élection est également marquée par un duel entre deux frères ennemis, deux enfants du Front de libération nationale, le président sortant Abdelaziz Bouteflika et son ancien Premier ministre et homme de confiance Ali Benflis. Deux hommes qui ont rompu en mai 2003 quand le président a limogé de son poste de chef du gouvernement M. Benflis après que celui-ci eut annoncé son intention de concourir à la présidentielle. S’en est suivie une scission au sein de l’ex-parti unique algérien entre les partisans des deux hommes. Outre ces deux poids lourds de la politique algérienne, quatre autres candidats postulent à la tête de l’État : Abdallah Djaballah, un islamiste radical, opposé, selon des associations féminines, à toute réforme du code de la famille qui limite toujours la femme au statut de mineure à vie ; Saïd Sadi, président du parti laïc du Rassemblement pour la culture et la démocratie ; Louisa Hanoune, seule femme candidate et figure de proue de l’extrême gauche algérienne en tant que porte-parole du Parti des travailleurs ; et enfin Ali Fawzi Rebaïne, président du parti nationaliste Ahd 54, un patronyme qui fait référence à la date du déclenchement de la guerre d’indépendance algérienne. Autre acteur essentiel de l’élection, l’armée a opté pour la neutralité. Une première dans le cadre d’un tel scrutin. Enfin, reste à savoir dans quelle mesure l’élection sera entachée par la fraude. Au cours des précédents scrutins, elle avait en effet été très présente. En 1995, l’Administration n’avait pas limité ses efforts pour mener le général Liamine Zeroual à la tête de l’État. Et, en 1999, Abdelaziz Bouteflika s’était retrouvé seul en lice, ses six adversaires s’étant retirés pour protester contre des fraudes massives. Le scrutin de jeudi fera ainsi figure de test, des dispositions ayant été votées qui amendent la loi électorale pour favoriser la transparence. Benjamin Stora*, professeur à l’Inalco et spécialiste de l’Algérie, revient sur le premier mandat du président Bouteflika et analyse la campagne présidentielle dont l’issue demeure, à quelques jours du scrutin, toujours incertaine.
«Contrasté. » Ainsi pourrait-on résumer, selon Benjamin Stora, le premier mandat du président Bouteflika.
Sur le plan économique tout d’abord, l’Algérie affiche un taux de croissance officiel des plus solides puisque de 6,8 % en 2003 contre 0,3 % il y a une dizaine d’années. Peut-on pour autant qualifier de positif le bilan économique du président algérien ? « Les indications officielles montrent certes une forte croissance, mais il est difficile de mettre ces chiffres en adéquation avec la réalité sensible. L’Algérie reste marquée par une désespérance sociale forte. On se souvient de tous ces candidats à l’immigration qui demandaient des visas lors de la visite du président Chirac à Alger en mars 2003. Le gouvernement affiche des résultats positifs, mais, sur le terrain, les Algériens veulent toujours partir. »
Officiellement, le taux de chômage est de 25 % en Algérie et il frappe près de 50 % des moins de trente ans. Le passage, sous la pression du FMI, d’une économie étatisée et socialiste à une économie libérale a en effet jeté beaucoup de salariés d’entreprises publiques déficitaires sur le trottoir.
Au niveau des réformes nécessaires, « certaines ont été engagées. On note un développement du secteur privé, la structuration d’une forme de patronat national, de petites et moyennes entreprises. Mais s’agit-il là d’une reconversion de l’ancien patronat ou, au contraire, d’un réel démarrage d’une économie privée et libérale. Les indicateurs pointent plutôt vers la première option ».
Concorde civile et réconciliation nationale
Sur le plan politique, il s’agit là aussi de faire la part entre ce qui est affiché et la réalité. En ce qui concerne les violences islamistes qui ont ensanglanté l’Algérie des années durant, « leur baisse est incontestable, même s’il subsiste des poches de violence, et ce notamment dans les maquis de Kabylie où dans l’extrême sud algérien ».
La politique de concorde civile lancée en 1999 par le président Bouteflika est-elle à l’origine de cette régression des violences ? « Ceci est difficile à évaluer car cette diminution pourrait également être due à une politique antérieure, celle des années 97-98 lors de la trêve avec l’Armée islamique du salut. »
Et M. Stora de souligner qu’aujourd’hui se pose la question de la réconciliation nationale. « Nous sommes dans un contexte radicalement différent de celui de 1999. Cette année-là, la question sécuritaire dominait tous les autres dossiers. Aujourd’hui, l’Algérie fait face à une crise identitaire. » Le printemps kabyle, en 2001, en est un des multiples signes.
Autre sujet particulièrement sensible en Algérie, les atteintes à la liberté de la presse. « Au début des années 90, nous avons assisté à une véritable explosion de la presse indépendante. Depuis cette période, il est extrêmement difficile de revenir sur cet acquis. » Récemment, la presse privée a néanmoins été la cible d’attaques en règle par le gouvernement, et ce notamment au travers d’une pluie de procès. « Mais cette offensive a échoué car les journaux visés, comme Le Matin ou la Liberté, ont survécu. »
L’Algérie sur la scène internationale
Enfin, depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’Algérie semble avoir repris une place plus avantageuse sur la scène internationale. « Là encore, le bilan est contrasté. D’un côté, Abdelaziz Bouteflika a fait preuve d’un véritable savoir-faire en matière de politique étrangère en recevant le président Chirac pour une visite d’État historique en 2003. » Colin Powell a également effectué une visite à Alger en décembre 2003. « Mais, d’un autre côté, restent au passif du bilan algérien l’échec du sommet du Maghreb arabe (reporté sine die à Alger en décembre 2003), ou encore la crise du Sommet de la Ligue arabe durant laquelle l’Algérie est loin d’avoir brillé. »
Fraude électorale ?
Si les campagnes et scrutins présidentiels de 1995 et de 1999 ont été marqués par des fraudes, les autorités mettent aujourd’hui en avant leur volonté d’assurer une élection propre. La loi électorale a, dans cette optique, été amendée, et des représentants des candidats pourront surveiller les bureaux de vote du début à la fin du scrutin et obtenir des copies des procès-verbaux des dépouillements. Des observateurs internationaux sont également attendus, même si leur nombre ne semble pas suffisant. « L’Algérie veut gommer définitivement les suspicions de fraude pour que cela fasse accomplir un pas de géant à la démocratie », déclarait récemment Saïd Bouchaïr, président de la commission de surveillance de cette élection.
M. Stora relève toutefois que des entraves sont déjà perceptibles. « Dans certaines villes, la campagne électorale tourne parfois à l’affrontement physique. Des meetings d’Ali Benflis ont été saccagés, des colleurs d’affiches du candidat agressés. Les adversaires de M. Bouteflika ont en général des difficultés à s’exprimer à la télévision nationale… »
Ce spécialiste de l’Algérie redoute en outre un passage en force du président sortant. « Il existe aujourd’hui une grande peur que le scrutin ne soit pas représentatif de la réalité. Et ce notamment en ce qui concerne M. Benflis. Si l’on se réfère à la forte participation à ses meetings, et ce pas seulement dans sa région natale, à la mise à sa disposition de l’appareil de campagne du FLN et au soutien important, en terme de voix, que vient de lui accorder Ahmed Taleb Ibrahimi, M. Benflis ne peut obtenir un score ridicule au premier tour. Un tel résultat ne serait absolument pas crédible. »
La neutralité de l’armée
Quant à l’armée, elle a également lancé une mise en garde au sujet de la fraude, en appelant à la neutralité de l’Administration. « Un message extrêmement fort adressé au pouvoir », souligne M. Stora. Un pouvoir qui n’a en outre pas bénéficié du soutien de l’institution militaire, celle-ci affichant, pour la première fois, sa neutralité dans le scrutin. « La neutralité de l’armée est un signe clair de son mécontentement vis-à-vis de la politique du président Bouteflika. Je ne pense pas néanmoins qu’elle accordera son soutien à un autre candidat », estime M. Stora.
La grande inconnue de ce scrutin demeure la participation des électeurs. « La société est effectivement lasse, fatiguée par des années de terreur et de crise sociale. On note toutefois, depuis deux semaines, une participation accrue de la population aux meetings électoraux. Des manifestations d’hostilité au président Bouteflika ont également été organisées. »
Reste que prévoir l’issue de vote est difficile. « En l’absence de toute étude, de tout sondage, on ne peut faire d’estimations qu’en observant le terrain. » « Le vote kabyle par exemple est difficile à pronostiquer (voir ci-dessous). Le vote islamiste sera également fractionné entre le Mouvement de la société de la paix (MSP, islamiste modéré), à savoir les notables proches de Bouteflika, Abdallah Djaballah et ceux accordés à Ali Benflis au travers des partisans de M. Ibrahimi. »
Pour savoir si la démocratie est effectivement en marche en Algérie, il faudra donc véritablement attendre l’issue du scrutin de jeudi.
Émilie SUEUR
*Benjamin Stora et Mohammed Harbi viennent de publier un ouvrage collectif, « La guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie », chez Robert Laffont.
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