Des réservoirs géants pleins à ras bord, des tankers à quai servant à stocker le brut qui ne trouve pas preneur... Ces images d'un monde débordant d'or noir commencent à devenir réalité. La forte baisse de la demande et la surabondance - temporaire - d'hydrocarbures ont entraîné une chute des cours. Le brent de la mer du Nord pour livraison en janvier est tombé à 39,50 dollars, vendredi 5 décembre, à Londres - son niveau de janvier 2005 - très loin du record de juillet (147,50 dollars). Le light sweet crude coté à New York a clôturé à 41,66 dollars. En cinq jours, le baril a perdu 20 % de sa valeur.
C'est la brutale dégradation du marché du travail aux Etats-Unis en novembre (- 533 000 emplois), annoncée quelques heures plus tôt, qui a fait plonger les cours du brut. Les opérateurs ont vite interprété ce chiffre calamiteux comme la confirmation d'une longue et sévère récession, qui entraînera une forte contraction de la demande d'or noir outre-Atlantique.
Jusqu'où tombera le baril ? Jusqu'à 30 dollars, pronostiquent les analystes de la banque Merrill Lynch, qui mettent en avant la récession dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis, le prix du gallon (3,78 litres) est tombé de 4,1 dollars en juillet à 1,81 dollar aujourd'hui, mais les chiffres officiels indiquent que la baisse du nombre de miles parcouru par chaque véhicule est plus forte que lors du choc pétrolier de 1979.
Mais c'est surtout le ralentissement économique plus fort que prévu dans les grands pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil...) qui cristallise toutes les inquiétudes et qui risque d'amplifier la baisse de la consommation de produits pétroliers.
Au niveau mondial, l'augmentation de la demande ne sera que de 1,2 % en moyenne par an entre 2008 et 2013 (contre 1,6 % prévu en juillet) et elle reculera même (- 0,4 %) dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a annoncé l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vendredi. La consommation ne redémarrera pas avant le second semestre 2009. Quant aux prix, ils pourraient toucher un plancher au deuxième trimestre, à la sortie de l'hiver et avant la saison d'été propice aux déplacements. Les analystes de Standard & Poors ne s'attendent pas à une remontée des cours avant fin 2009.
DOULOUREUX AJUSTEMENTS
Dans ce contexte, une éventuelle réduction de l'offre aurait un impact limité sur une remontée des prix. Mais les marchés craignent que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui se réunit le 17 décembre à Oran (Algérie), ne soit même pas capable de mettre d'accord ses douze membres sur une telle baisse de production. Et surtout sur sa répartition. Depuis septembre, le cartel a resserré les vannes sans parvenir à freiner la chute des cours. Le rapprochement de l'OPEP et de la Russie, qui assurent respectivement 42 % et 12,5 % de la production mondiale, est scruté par les observateurs.
Ces prix bas diffusent leurs effets. Les pays producteurs qui ont fait des prévisions de recettes budgétaires sur la base d'un baril à 50 ou 60 dollars doivent réaliser de douloureux ajustements. Surtout ceux qui puisent dans la rente pétrolière pour subventionner les produits de première nécessité et financer des programmes sociaux (Venezuela, Nigeria, Iran...).
Les résultats des sociétés pétrolières et parapétrolières vont également en pâtir. Le géant franco-américain des services Schlumberger a annoncé un bénéfice 2008 inférieur aux attentes. "Ça commence à devenir dangereux" dans un secteur aussi stratégique que l'énergie au moment de la relance, avertissaitrécemment le directeur général de Total, Christophe de Margerie, au Grand Jury-RTL-LCI-Le Figaro. Devenus moins compétitifs, producteurs d'éthanol et d'énergies renouvelables seront aussi affectés, sans que l'on sache combien de temps durera la descente aux enfers.
LeMonde
C'est la brutale dégradation du marché du travail aux Etats-Unis en novembre (- 533 000 emplois), annoncée quelques heures plus tôt, qui a fait plonger les cours du brut. Les opérateurs ont vite interprété ce chiffre calamiteux comme la confirmation d'une longue et sévère récession, qui entraînera une forte contraction de la demande d'or noir outre-Atlantique.
Jusqu'où tombera le baril ? Jusqu'à 30 dollars, pronostiquent les analystes de la banque Merrill Lynch, qui mettent en avant la récession dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis, le prix du gallon (3,78 litres) est tombé de 4,1 dollars en juillet à 1,81 dollar aujourd'hui, mais les chiffres officiels indiquent que la baisse du nombre de miles parcouru par chaque véhicule est plus forte que lors du choc pétrolier de 1979.
Mais c'est surtout le ralentissement économique plus fort que prévu dans les grands pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil...) qui cristallise toutes les inquiétudes et qui risque d'amplifier la baisse de la consommation de produits pétroliers.
Au niveau mondial, l'augmentation de la demande ne sera que de 1,2 % en moyenne par an entre 2008 et 2013 (contre 1,6 % prévu en juillet) et elle reculera même (- 0,4 %) dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a annoncé l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vendredi. La consommation ne redémarrera pas avant le second semestre 2009. Quant aux prix, ils pourraient toucher un plancher au deuxième trimestre, à la sortie de l'hiver et avant la saison d'été propice aux déplacements. Les analystes de Standard & Poors ne s'attendent pas à une remontée des cours avant fin 2009.
DOULOUREUX AJUSTEMENTS
Dans ce contexte, une éventuelle réduction de l'offre aurait un impact limité sur une remontée des prix. Mais les marchés craignent que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui se réunit le 17 décembre à Oran (Algérie), ne soit même pas capable de mettre d'accord ses douze membres sur une telle baisse de production. Et surtout sur sa répartition. Depuis septembre, le cartel a resserré les vannes sans parvenir à freiner la chute des cours. Le rapprochement de l'OPEP et de la Russie, qui assurent respectivement 42 % et 12,5 % de la production mondiale, est scruté par les observateurs.
Ces prix bas diffusent leurs effets. Les pays producteurs qui ont fait des prévisions de recettes budgétaires sur la base d'un baril à 50 ou 60 dollars doivent réaliser de douloureux ajustements. Surtout ceux qui puisent dans la rente pétrolière pour subventionner les produits de première nécessité et financer des programmes sociaux (Venezuela, Nigeria, Iran...).
Les résultats des sociétés pétrolières et parapétrolières vont également en pâtir. Le géant franco-américain des services Schlumberger a annoncé un bénéfice 2008 inférieur aux attentes. "Ça commence à devenir dangereux" dans un secteur aussi stratégique que l'énergie au moment de la relance, avertissaitrécemment le directeur général de Total, Christophe de Margerie, au Grand Jury-RTL-LCI-Le Figaro. Devenus moins compétitifs, producteurs d'éthanol et d'énergies renouvelables seront aussi affectés, sans que l'on sache combien de temps durera la descente aux enfers.
LeMonde
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