Moi, je veux bien que l’on me dise que la situation sécuritaire n’est plus ce qu’elle était avant 1999, mais dans les faits ? En quoi serait-elle différente aujourd’hui ? Plus apaisée ? Moins tendue ? Me rendant aux obsèques d’un oncle, il y a moins d’une semaine, j’avais eu un aperçu de ce «mieux» sécuritaire. Ayant à accomplir le trajet sur la RN5, celle-là même qui vient d’être le théâtre du double attentat de Beni- Amrane, j’avais noté le souci pour tous les présents aux obsèques de mon parent de reprendre la route sur Alger à une «heure décente», bien avant les premiers signes du crépuscule. «Parce que, vous savez Hakim, le tronçon du côté de Ahnif n’est pas encore tout à fait sûr.» Non, désolé ! Je ne savais pas. Ou plutôt j’avais cru comprendre que le tronçon Ahnif-Bouira était sûr. Tout comme tous les tronçons de route de la RN5. Tout comme toutes les routes d’Algérie. A lire les journaux euphorisants et à voir la télévision dopante, médias où s’affiche quotidiennement la bobine d’un président souriant de toutes ses dents avec en dessous cette légende «la paix est revenue», j’avais fini par y croire à cette paix réinstallée. Mais au fond, qu’est-ce qui différencie la situation aujourd’hui de celle des «années rouges» ? Y a-t-il moins d’attentats ? J’en doute ! Y a-t-il moins de victimes ? J’en doute aussi. Par contre, il y a effectivement une grosse différence aujourd’hui : LA BANALISATION. Un mort. Cinq morts. Douze morts. Les chiffres nous ricochent dessus sans presque nous arracher un battement de cils. La communication officielle, la «canonnière du grand pardon» est passée par là. Douze morts à moins de 100 km d’Alger, et nos officiels jouent aux entrechats avec leur invité portugais à l’entrée de la Safex. Oui ! Cela a changé par rapport à l’avant 1999. Aujourd’hui, c’est à peine si l’on nous dit que c’est le terrorisme qui a tué 12 personnes à Beni- Amrane. Elles auraient été victimes d’un mal mystérieux que cela aurait été la même chose. Ou pis, nous aurions peut-être été plus à l’écoute et plus curieux de savoir quelle est la nature de ce mal mystérieux. LA BANALISATION. C’est le seul, l’unique chantier abouti de Abdekka. Son immense trophée. Vendre de l’apaisement en plein brasier. La plus belle arnaque du siècle sécuritaire. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Par Hakim Laâlam
Par Hakim Laâlam
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(soir d'Algerie)
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