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Voici comment le VIH a ete decouvert

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  • Voici comment le VIH a ete decouvert

    Le 5 juin 1981, le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta (CDC) aux États-Unis repère une consommation anormalement explosive d'un médicament destiné à traiter des infections pulmonaires jusqu'à présent rares. Une enquête menée rapidement dévoile que les bénéficiaires de ce médicament sont des jeunes adultes - homosexuels, toxicomanes ou hémophiles -, jusqu'alors en bonne santé, qui souffrent d'infections fulgurantes liées à une baisse massive de leurs défenses immunitaires. Le sida (syndrome d'immunodéficience acquise), qui couvait silencieusement dans le monde, et particulièrement en Afrique, vient d'apparaître au grand jour, dans un certain scepticisme.
    L'attribution du prix Nobel de médecine aux professeurs Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi, de l'Institut Pasteur, ravive le souvenir des grands moments de cette aventure scientifique. Cette histoire pourrait n'être qu'une belle saga avec des personnages hors du commun, des rebondissements, des tricheries, des réhabilitations dignes d'Alexandre Dumas, s'il n'y avait des dizaines de millions de morts passés et sans doute autant à venir si la mobilisation mondiale tarde encore.

    Intuition géniale

    Quelques semaines après l'annonce du CDC et avec l'apparition des premiers cas de sida en France, des jeunes médecins parisiens frais émoulus de la faculté décident de créer un groupe de travail informel, Willy Rozenbaum, Jacques Leibowitch (infectiologues), Jean-Baptiste Brunet (épidémiologiste), David Klatzmann (immunologue)… Ils se réunissent, lisent toutes les publications, cherchent avidement les causes du mal. Comme d'autres, ils envisagent le rôle d'un virus. Et, intuition géniale, décident le 4 janvier 1983 de le chercher, ce virus, chez un malade au stade précoce de l'infection, Frédéric Brugnières, qui présente des ganglions hypertrophiés.
    Willy Rozenbaum contacte le professeur Luc Montagnier, qui travaille avec Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, à l'Institut Pasteur, dans le laboratoire des rétrovirus, avec des moyens dignes du XIXe siècle. Ils sont partants pour effectuer des recherches virologiques, sur les ganglions de Frédéric Brugnières. En mai 1983, l'équipe pastorienne annonce dans la revue Science avoir découvert un rétrovirus qu'ils ont baptisé LAV dans le ganglion de BRU (pour Brugnières). S'agit-il de la cause du sida ? Dans le même numéro, Robert Gallo, la star américaine en virologie, avance l'hypothèse que le virus du sida appartient à la famille des HTLV décrite par son équipe et tient mordicus à cette idée.
    «La chance de l'équipe française c'est de ne pas avoir eu de dogme et d'avoir travaillé avec des outils peu élaborés, alors que Robert Gallo faisait faute route en recherchant quelque chose qu'il connaissait, un HTLV, qui n'était pas en cause dans le sida, avec des outils très sophistiqués », explique Willy Rozenbaum, aujourd'hui président du Conseil national du sida.
    La collaboration scientifique internationale est une belle tradition. Les chercheurs s'envoient entre eux des échantillons de produits humains pour avoir des avis réciproques. En toute transparence bien sûr. L'équipe de Montagnier envoie donc à Gallo différents prélèvements et notamment celui du ganglion BRU. Toujours est-il qu'en mars 1984, l'équipe de Gallo annonce dans Science avoir découvert la cause du sida, un virus qu'il dénomme HTLV 3. La ministre de la Santé américaine de l'époque affirme dans une conférence de presse avec des trémolos dans la voix que l'Américain Gallo vient de découvrir le virus du sida. Mais le vrai coupable est-il le LAV français ou le HTLV 3 américain ?
    En janvier 1985, nouveau coup de théâtre : une publication franco-américaine démontre que le LAV français et le HTLV 3 américain ne sont qu'un seul et même virus ! Pourtant, sans état d'âme, l'Office américain n'accorde de brevet qu'au test de dépistage mis au point par Gallo. Rien pour l'équipe de Pasteur. Le sida commence à apparaître comme une épidémie mondiale. L'arrivée des premiers tests permet de comprendre qu'il ne s'agit pas de quelques cas isolés.

    Coup de tonnerre

    On subodore déjà que l'Afrique risque d'être largement touchée, sans mesurer l'ampleur des contaminations. Les Américains pavoisent, déclarant partout, avec leur puissance de frappe, qu'ils ont découvert le virus. En France, on hésite, examine, tergiverse : on ne s'attaque pas sans raison aux géants américains. Finalement, excédé, l'Institut Pasteur porte plainte contre l'Institut national américain de la santé. Un accord est trouvé en 1987, qui, quoique privilégiant les intérêts américains, reconnaît le rôle de la France.
    C'est un véritable coup de tonnerre dans le calme apparent des rancunes mal digérées que déclenche John Crewdson dans le Chicago Tribune lorsqu'il publie le 19 novembre 1989 une enquête de seize pages denses, précises, tranchantes qui dénoue tous les nœuds de la découverte du virus du sida et démontre que c'est bien l'équipe de Pasteur qui l'a découvert. Avec l'indépendance de certains reporters américains, John Crewdson raconte pourquoi le virus découvert par Robert Gallo ne peut être que celui que lui a envoyé l'Institut Pasteur en 1983. S'agit-il d'un vol pur et simple de l'échantillon que les Français lui ont transmis en toute confraternité ? Ou d'une contamination accidentelle ? Quoi qu'il en soit, il apparaît désormais aux yeux du monde entier que c'est bien l'équipe pastorienne, en collaboration avec une équipe de jeunes médecins français, qui a identifié la première ce virus.
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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