Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Maroc : Histoire d'une revolution.

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Maroc : Histoire d'une revolution.

    Echec d’une révolution 1963-1973

    “Telquel”

    Qui voulait faire la révolution au Maroc dans les années 60 et 70 ?
    Qui est allé jusqu’au bout ?
    Qui a été victime des abus du régime répressif de Hassan II ?


    Personne n’a jamais répondu à ces questions. Entre les dirigeants actuels de l’USFP [Union Socialiste des Forces Populaires], qui s’en lavent les mains, et les acteurs impliqués qui distillent des témoignages parcimonieux, parfois intéressés, personne n’a jamais fait le tri, voire la synthèse, ou au moins raconté l’histoire. ?

    Aujourd’hui, “ce livre, écrit René Gallisot, retrace le parcours d’au moins deux générations qui se tiennent par la main, celle des partisans de l’Armée de libération nationale (ALN), et celle des jeunes de l’option révolutionnaire”. Autrement dit, il raconte la saga d’une période jusque là inconnue, secrète, où l’ambition d’anciens résistants voulant libérer complètement leur pays a rencontré celle de cadres politiques excédés par le pouvoir écrasant du système Hassan II. Au confluent de ces deux générations, se trouve Fquih Basri, une figure connue pour son passé révolutionnaire, qui a mené la formation armée clandestine, Tanzim, mais qui refuse toujours d’en parler. ?

    C’est ce que l’auteur, Mehdi Bennouna appelle “la partie visible de l’iceberg”. ?

    De L’ALN à Cheikh Al-Arab [Ahmed Agouliz, un des fondateurs de l’ALN, abattu par la police en 1964] ?

    Remettons-nous dans l’esprit de l’époque. L’ALN a plus de combattants que les FAR [Forces Armées Royales], pendant les deux premières années d’indépendance. Beaucoup d’insoumis, surtout au Sud, comme Abdellah Nemri [principale figure de l’ALN du Sud, puis membre actif de l’état major de l’ALN en exil, tué au combat le 8 mai 1973], Bensaïd Aït Idder [ Secrétaire général de l’OADP (ex. 23 mars)], ne rendent pas les armes pour la simple raison qu’ils tiennent à libérer les régions encore sous le protectorat. Ainsi, bien avant la Marche verte, “le 23 novembre 1957, l’ALN-Sud déclenche une offensive d’envergure sur plusieurs localités du Sahara. La riposte, brutale, dans une opération baptisée “Opération Ecouvillon” sonnera le glas de cette armée. “Le Palais, garant d’une indépendance acquise de haute lutte, n’y trouve rien à redire : l’affaire affaiblit l’ALN, renforce les FAR et l’appareil sécuritaire du régime. Les ex-tuteurs coloniaux continuent à assumer leur rôle de protecteurs du trône”. ?

    Lorsque Hassan II accède au pouvoir, l’éradication de l’ALN et l’étouffement des libertés viennent s’ajouter au renvoi du gouvernement d’Abdallah Ibrahim (UNFP)[Union Nationale des Forces Populaires]. Mehdi Ben Barka [opposant marocain enlevé en France en octobre 1965] met au point le texte “Option Révolutionnaire”, manifeste visionnaire qui reflète une profonde mutation idéologique. Des militants s’abreuvent de cette littérature contestataire. Entre temps, des irréductibles de l’ALN ont repris du service. Et en 1963, le tout culmine vers le premier complot armé. “Moumen Douri, qui avait servi d’intermédiaire entre Mehdi Ben Barka et Cheikh Al-Arab, avait acquis un chargement d’armes à la base américain de Kenitra, comme il le faisait jadis pour le compte du FLN algérien, ce dont il avait fait commerce. Au procès qui s’ouvre le 22 novembre 1963 pour se terminer le 14 mars 1964, il y a 200 inculpés, dont 85 présents. Les vedettes sont le fquih Basri [un des fondateurs de l’UNFP, partisan de la lutte armée trois fois condamné à mort, exilé dès 1966 avant de rentrer au bercail au début des 90], Moumen Diouri, Omar Ben Jelloun [un des dirigeant de l’USFP, assassiné par les fascistes en 1978] et A.Youssfi [Premier ministre au gouvernement de Hassan II puis celui de Mohammed VI], présentés comme les cerveaux de la conjuration”. ?

    Les orphelins de Ben Barka ?

    Le milieu des années 60 est tumultueux. Mais l’assassinat de Ben Barka y est considéré comme un événement central. Son manifeste marque les esprits et acquiert, dès lors, la valeur d’un testament politique. La recherche des moyens de mener la révolution devient une obsession. Fquih Basri, condamné à mort par contumace en 1964, et autres Nemri, Bouras, survivants de l’ALN, tirent les ficelles, recrutement et organisent les cellules clandestines au Maroc. En parallèle, une nouvelle génération, menée par Ahmed Ben Jelloun [Un des chefs du Tanzim en Syrie], Mohamed Bennouna ou encore Omar Dahkoun [ militant clandestin dés le début des années 60, chef des cellules du Tanzim de Rabat et Casablanca, exécuté le 1er novembre 1973], sortis de la Toufoula Chaabiya [l’Enfance populaire] (UNFP), veulent “mettre sur pied une force armée révolutionnaire disciplinée et organisée”. Ils considèrent que l’UNFP n’a rien d’un parti révolutionnaire. “Une avant-garde lui fait défaut. Alors ils veulent constituer une force de frappe autonome qui n’utilisera pas la structure du parti comme base d’appui, mais comme instrument de mobilisation des masses en vue d’une transition cers la lutte armée”. L’organisation, sobrement appelée “Tanzim”, est née dans une ambiance internationale, de lutte des fedayin palestiniens, de baasisme en Syrie et d’euphorie du FLN algérien. Finalement, “c’est à Damas que le destin de ces hommes se noue autour d’un projet commun : matérialiser l’option révolutionnaire”. Comment ? D’abord grâce à des agents recruteurs du Fquih, comme Lakhsassi et Taoufiq Drissi, qui infiltrent les milieux de l’UNEM en France [l’Union Nationale des Etudiants du Maroc] et attirent des étudiants. Ces derniers donnaient raison à l’UNFP lorsque le parti disait en forme de surenchère : “il n’y a de remède à ce régime que dans sa disparition”. Mais comment y arriver ? En tous les cas, pas à travers l’action politique. D’autres dirigeants du Tanzim, comme Dahkoun, ont récupéré des hommes du réseau de Cheikh Al-Arab, mais aussi des enseignants gagnés par le vent de la révolte. Tout ce beau monde se retrouve en 1969 au camp Zabadani en Syrie pour un entraînement aux méthodes révolutionnaires. “Le camp est situé à 60 kms au nord-ouest de Damas. Plus de 800 militaires y séjournent en permanence. Cinquante militants marocains[officiellement, ils sont Tunisiens venus rejoindre les Fedayin palestiniens] y établissent leurs quartiers.” Evidemment que le stage syrien devait servie à renforcer et encadrer les cellules clandestines au Maroc. Mais, voilà, en décembre 1969, une série d’arrestations touchant des dirigeants et autres clandestins s’abat sur le Tanzim, ce qui fut appelé “le complot de 1969” aura été démasqué grâce un délateur providentiel. Mais Hassan II exige plus. Il veut la tête des chefs Maquisards. Il dépêche le Général Oufkir à Alger et Tunis pour leur faire part du “complot baasiste” dont la capital est à Damas et interpelle la France et l’Espagne, comme ce fut le cas contre l’ALN. Ahmed Ben Jelloun et Saïd Bounailat [Mohamed Ajjar, 3 fois condamné à mort dont deux fois par Hassan II] tomberont à Madrid et Nemri à Paris. Ils seront livrés pieds et poings liés à leurs geôliers marocains] ?


    A suivre

  • #2
    Suite I

    L’UNFP et l’option libyenne ?

    En 1970, Fquih Basri est déjà persona non grata en Algérie. L’arrivée de Hafez Al Assad a réduit ses chances d’action en Syrie. Et le putsch de Kadhafi tome à point nommé. Hossein El Manouzi (toujours disparu), formé à Zabadani, y était depuis 1967. Les allers-retours d’autres dirigeants se multiplient et en octobre 1971, un temps d’antenne est accordé au Tanzim sur les ondes libyennes. Il sera baptisé “Voix de la libération”. Brahim Ouchelh [Responsable du Tanzim en Libye], cadre de l’UNFP, sen occupe. “Tous les mercredi et samedis à 19h, les rues et les cafés des grandes villes du Maroc sont désertes. L’oreille collée à leur transistors, les Marocains ne perdent rien de ces bulletins d’information échappés à la censure. Dans un paysage médiatique sous haute surveillance, la radio Libye se profile déjà comme une radio libre avant l’heure. Pour restreindre son impact, les autorités marocaines tenteront de brouiller ses fréquences. Un commando ira même jusqu’à plastiquer le principal pylône de télécommunication à Gargadech à l’ouest de Tripoli dans le ut de faire cesser les émissions.” Même A. Youssfi [l’actuel Premier ministre] y tenait une chronique hebdomadaire. En attendant, le Tanzim essaie de se ressaisir sur le terrain. Et que fait l’UNFP, pendant ce temps ? Durant cette période d’incertitude, explique Gallisot, “A. Bouaid a deux mains, une qui retient l’action armée, et l’autre qui est tendue au Roi. L’option Révolutionnaire sert de réfréner”. Mais si les dirigeants du parti se servent de cette option comme d’un moyen de négociation, les personnes impliquées dedans y croient dur comme fer. ?

    Le Baroud d’honneur ?

    A partir de fin 1972, les événements s’accélèrent. Une réunion stratégique, à laquelle avait appelé Mahmoud pour régler des questions organisationnelles, est tenue à Paris. “L’action armée, a été proposée et mise en exécution à partir de Paris.” Mahmoud [Mohamed Bennouna, un des principaux dirigeants du Tanzim, mort au combat le 5 mars 1973], Dahkoun et Nemri sont rentrés et chacun s’est occupé d’une zone à lui (Guelmima, Khenifra, Tinghir...). La communication ainsi que l’acheminement des armes étaient assurées avec l’extérieur par le biais de passeurs et de messagers. Parmi ceux-ci El Mid [Ahmed Kheir], un homme de confiance du Fqih, décrié par tous. Une opération devait être menée le 3 mars 1973 [l’anniversaire de l’accession au trône de Hassan II], puis reporté, puis effectuée en solo à Moulay Bouazza (près de Khenifra). Ce cafouillage sera fatal. Plusieurs dirigeants seront tués ou arrêtés dans la foulée. Une réunion expresse suivra en Algérie, à laquelle prendra part la direction de l’UNFP. La décision est alors prise de “se dessaisir de l’opération et de l’aile armée”. Brahim Ouchelh, toujours en charge de radio Libye, a écrit un premier texte où il met en cause toute la direction de l’UNFP. Mais ce n’est pas celui-ci qui sera diffusé. Un autre texte “communiqué de Meknès”, signée Mohammed Ben Yahia [l’attaché de presse de l'ex Premier ministre A. Youssfi. Son rôle restera obscur.], excluant tout lien du parti avec l’insurrection et l’imputant au “front de libération national marocain”, jusque-là inconnu. ?

    Source

    A Suivre

    Commentaire


    • #3
      Suite II

      Quand la gauche voulait abattre Hassan II

      “Le journal”



      Article 1

      Cela peut s’apparenter à un lent processeurs de sédimention. Lorsque “le journal” publie en novembre 2000 la fameuse lettre de Fqih Basri, les réactions sont violentes. Bien sûr, il y eut l’intertrées des dirigeants USFP. Manipulations, travertissement de l’Histoire, tentative de déstabilations et bien d’autres procès en sorcellerie se sont abattus sur la publication interdite. De braves professeurs d’université pourtant connus pour leur retenue sombrent dans l’hystérie. L’image d’Epinal qu’ils ont mis tant de temps à construire a été brisée. La branche de l’UNFP qui a donné naissance à l’USFP n’a pas toujours été démocratique et pacifiste. Le prestige moral des dirigeants USFP en prend un sacré coup. Oui, pour Abderrahmane Youssoufi et ses amis, la fin a justifié les moyens. Pour venir à bout de ce qu’ils considéraient comme le mal absolu - le pouvoir de Hassan II -, ils ont pactisé avec les militaires et surtout avec Oufkir, le très probable assassin de Mehdi Ben Barka. Ce passé, ils ne l’assument pas. Mais l’inextinguible soif des Marocains de connaître leur passé fait son oeuvre. Les langues se délient. désinhibé par la réprobation du “Journal”, “Assahifa” et “Demain” en décembre 2000, la presse s’est enhardie. De nombreux ouvrages ont vu le jour, apportant leur lot de révélations.

      Le livre de Mehdi Bennouna émerge du lot. Il s’agit d’un livre-enquête. On croit aisément l’auteur quand il nous apprend que le travail de recherche lui a pris cinq années. Le luxe des détails, la quantité astronomique de noms de personnes et de lieux, le récit de fiats circonstanciés témoignent de l’effort. C’est aussi un livre où la rencontre de la petite histoire et de la grande Histoire est heureuse. De ce mariage périlleux, Mehdi Bennouna ffait enfanter une lumière crue sur des événements majeurs de notre passé récent. En cherchant son père, il a recontré notre Histoire. N’était cette très particulière manie de l’Homme de savoir d’où il vient, aurait-il mis la gargne, la méticulosité dans la recherche des faits nécessaires à la production de ce livre ? Sans doute pas. Les faits révélés par la lettre de Fqih Basri et puis surtout le témoignage d’Omar Khatibi, qui avait accepté de confirmer certains faits si cela s’avérait nécessaire, sont aujourd’hui au-delà du doute.Les dirigeants de l’UNFP ont été partie prenante de la tentative de coup d’Etat de 1972. La grande nouveauté du livre de Mehdi Bennouna est qu’il révèle leur implication dans la tentative des “focos” chère à Che Guevara : une guérilla menée par une multitude de groupes armés à travers le territoire du pays à la cause. Autre révélation majeure : la naissance du Pollisario. Mustapha Ouali, le fondateur de ce mouvement était au départ un révolutionnaire marocain recruté par les soins du père de l’auteur Mohamed Mennouna, alias Mahmoud. L’élément important dans ce livre est la trahison des dirigeants de l’UNFP à l’égard des guérilleros.

      Trahison ? Le mot est-il trop fort ? Peut-on en vouloire à Abderrahim Bouabid, Abderrahmane Youssoufi et leurs amis d’essayer de sauver le parti et ses militants d’une répression aveugle même au prix du lâchage d’hommes qui ont acceptés au péril de leur vie de servir leur dessein révolutionnaire ? Difficile de répondre à cette question. Une chose est sûre : à la lumière des révélations de la lettre de Fqih Basri, d’Omar Kattabi et du livre de Mehdi Bennouna, la reddition d’Abderrahmane Youssoufi et de la gauche gouvernementale devant les sécuritaires du régime est une parfaite forfaiture à l’égard de milliers de militants. Il y a quelques semaines, le Premier ministre affirmait avec aplomp qu’il avait interdit les journaux parce qu’ils avaient publié des articles relevant le rôle ambigu de la monarchie dans l’opération Ecouvillon qui vit les armées française et espagnole écraser l’Armer de libération du Sud. Des informations contenues dans le livre à ce sujet il ressort que Youssoufi manipule l’Histoire des siens. Fqih Basri non plus ne sort pas grandi des révélations de ce livre.

      lumière que jette Mehdi Bennouna sur le personnage nous le montre sans grande envergure : intrigant, velléitaire, faisant preuve d’une fascination morbide pour l’armée. Une chose est sûre : que ce soit dans l’affaire de la publication de sa fameuse lettre ou pour les besoins du livre, il s’est dérobé, refusant de répondreaux questions. De la lecture du livre de Mehdi Bennouna, on ne sort pas indemne. Une curieuse sensation de ces regards lourds d’une poignée de Marocains qui ont cru à un idéal jusqu’au sacrifice suprême sans jamais renier leurs idées, sans jamais se renier. La succesion des révélations de ces deux dernières années aura un impact sur la scène politique du pays. L’opportunisme de la gauche gouvernementale dilue de plus en plus sa dimension progressiste et démocratique. Plus que jamais, une nouvelle gauche manque toujours à l’appel.Une nouvelle gauche manque toujours à l’appel.Une nouvelle gauche qui n’aura pas besoin de se renier pour survivre.

      Une nouvelle gauche qui ira trouver dans la crédibitité immaculée de son combat pour la démocratie et le progrès la force et les arguments pour infléchir le cours de l’Histoire. Si les outils du combat politique ont changé depuis mars 1973, et c’est heureux, de l’abnégation et du courage des militants de ces sombres années, le Maroc a toujours besoin.



      Article 2

      Mahmoud, poussé par la foi, lâché par les siens.

      Mahmoud, de son vrai nom Mohammed Bennouna, dont le destin tragique soldera bien des espoires, est né à Rabat en 1938. Fils de Maâti Bennouna, épicier, et de Bathoul Bent Mohammed Moulin, il a grandi sous l’influence du mitantisme mationaliste de son frère aîné qui a travaillé au chantier de la Route de l’Unité. L’avidité du jeune Mahmoud était palpable lorsqu’il se nourissait des récits de son frère aîné, une fois rentré du chantier. Sa jeunesse se confondait avec l’émergence de la résistance armée dans les principales villes du pays et les exploits des maquisards dans les montagnes...

      La lutte pour l’indépendance achevée, commerce le combat pour la construction d’un Etat moderne et souverain. Pleine d’espoir, la nouvelle génération de diplômes se donne quelques années au maximum pour rattraper des siècles de retard, une mission exaltante qui mobilise alors nombre de jeunes talents. Aussi n’est-ce pas un hasard si la carière de Mahmoud sera scientifique, priorité dictée par la nécessité de surmonter les obstacles techniques d’une marche forcée vers le développement. Patriotisme sincère donc, mais patriotisme encombrant pour les partisans du statu quo... L’ambition de Mahmoud préfigure la nature de son combat. Comment pourait-il en être autrement quand la monarchie restaurée apprécie son rayonement aux dépens du zéle que déploient ses sujets à s’échiner ?

      En gratifiant l’assujettissement, le Palais ne fait aucun mystère du rôle qu’il assigne aux citoyens dans le cadre de son destin nationnal : celui d’un dévouement inconditionnel à une monarchie absolue... Le coeur plein d’espoir, Mahmoud s’est tourné vers les héros contemporains que sont Nasser, Che Guevera et Patrice Lumumba, tous érigés en porte-voix d’une dignité retrouvée après avoir extirpé leur peuple de plusieurs siècle de domination en lui insufflant fierté et combativité.


      A suivre

      Commentaire


      • #4
        Suite III

        Article 3

        ALN-Sud : la revanche des oubliés de l’indépendance

        Dés l’indépendance, le nouvel Etat marocain “fit” son armée à partir de la fusion des éléments des troupes formées au sein de l’armée française.Après l’opération “Ecouvillon”, à cet ensemble déjà professionnel, furent intégrés les volontaires issus des troupes de l’ALN démantelées par la soumission ou par la violence (celles de l’armée du nord en 1960). Finalement, l’armée marocaine sera “livrée clés en main” au sultan qui disposera immédiatement d’un instrument opérationnel.

        La fin des années 50 représente un tournant dans l’histoire de la région du Maghreb, avec la maturation des mouvements d’indépendance africains et arabes. L’Espagne, qui est en train de consolider sa présence, notament avec le début de l’exploitation économique du sud marocain, se trouve ainsi confrontée à un double problème : la reprise de la lutte dans les régions du Sud du Maroc et les revendications étrangères. Le 2 mars 1956, le Maroc accède à l’indépendance. Ayant élaboré une carte du “Grand Maroc”, allant de la Méditerranée jusqu’au fleuve Sénégal, en passant par une partie de l’Algérie, les partis issus du Mouvement nationnal ont commencé à réclamer officiellement les territoires sous occupation espagnole. Continuant le combat, l’Armée de Libération Marocaine effectue une série d’attaques jusqu’en Mauritanie. Cette continuation de la lutte armée pour libérer la région met en difficulté l’Espagne et la France. Mais, comme l’affirme l’auteur, “le maintien des troupes coloniales sur le sol marocain avec la bénédiction tacite du palais de plus en plus à temporiser sur les réformes, allait achever de resserrer les liens enttre Mehdi Ben Barka et le Fqih Basri d’une part, l’ALN de l’autre. Au début de l’automne 1957, les rencontres se multiplient entre Ben Barka, le Fqih et des camarades de promotion de l’université Ben Youssouf de ce dernier”.

        Le prince héritier de l’époque, Moulay Hassan, se voit confier la tâche risque d’organiser les Forces armées royales (les FAR) afin d’y intégrer les troupes de l’ALN influencées par la gauche de l’Istiqlal qui fera scission, en 1959, pour former l’Union national des forces populaires (UNFP). Cette période agitée connaîtra plusieurs révoltes qui avaient éclaté dans le Tafilalet (1957), et dans le Rif (1958-1959). “Mais le refus de l’ALN-Sud échappe au contrôle du Palais, n’acceptant pas d’autre ordre que ceux des membres du conseil de la résistance, ralliés à Mehdi Ben Barka. Le premier accroc survient loesque le haut Commandement de l’ALN-Sud refuse de libérer les prisonniers espagnols, comme le lui ordonne le prince Moulay Hassan, pourtant chef de l’état-major des FAR, et à ce titre commandant suprême de toutes les forces armées marocains. Revers d’autant plus cuisant que le jeune prince n’a épagné aucun effort pour mettre au pas l’ALN-Sud. Plus important, jusqu’en 1957, que les Forces Armées Royales, en effectifs comme une menace potentielle pour la stabilité et la survie du Trône, l’intrigue, sous couvert de réalités tribales, les tentatives de corruption et les menaces n’ayant donné aucun résultat. Moulay Hassan tente une méthode plus radicale. Alerte à temps; Nemri déjoue une tentative d’assassinat de Ben Saïd et Banhamou.

        Les comploteurs, une branche de la tribudes Zemmour, se laissent surprendre à Goulimima à la veille de passer à l’acte. L’avancée de l’ALN se poursuit. Le 23 novembre 1957, la tribu des Aït Baâmrane attaque et s’empare des avant-postes espagnols. Le même jour, L’ALN-Sud déclenche une offensive d’envergure sur Tan-Tan, Smara, Ouad Dahab, Laâyoun et la Sakiet Al Hamra . Du Sahara sous occupation espagnole, l’offensive de l’ALN-Sud s’étend rapidement en Mauritanie où les hommes de Nemri et Driss Ben Boubker se heurtent aux bataillons sénégalais de l’armée française”. Quelques mois plus tard L’ALN-Sud accentue ses opérations contre les postes espagnols et français, mais une opération combinée des armées française et espagnole a été lancée pour rétablir l’ordre au Sahara. L’opération “Ecouvillon” de février 1958 inhibe cette démarche et a été un élément important dans le confit entre l’UNFP de Mehdi Ben Barka et le Roi Hassan II.
        Article 4

        Résistants jusqu’au-boutistes

        Nemri le rebelle

        Il arrive que des hommes fassent bouger l’ordre des choses. Brahim Tizniti, alias nemri, n’est pas un combattant de la dernière heure, il a été parmi les premiers résistants à gagner la zone sous contrôle espagnol au nord, d’où sortiront les bataillons de ce qui deviendra l’ALN. Quelques mois plus tard, Nemri et quelques uns de ses compagnons u sont rejoints par nombre d’étudiants établis à l’étranger pour organiser les événement de 1973.

        Sidi Hammou l’insoumis de l’Atlas

        Origine de Tinghir, Sidi Hamou se distinguait par des faits d’armes contre l’occupant colonial français. Après l’indépendance, il a partagé l’amertume de plusieurs milliers de Marocains ravalent leurs espoirs trahis par cette même indépendance trop facilement acquise pour être réelle. Cette réalité inattendue fait vaciller bien des certitudes. Désormais, pour Sidi Hamou, la résistance clandestine a changé de raison d’être. De mouvement de libération, elle est devenue pour lui un moyen de survie.

        Saât l’indomptable

        De son vrai nom Mohamed Ben Abdelhaq Ben Amara, Saât est entré dans la résistance en 1953 avant de rejoindre les rangs de l’ALN. Il devient par la suite l’adjoint du Caïd de Goulmima, mais sa nomination n’entame en rien son esprit rebelle.Il reste l’officier de l’ALN, spécialiste des opérations nocturnes.

        Plus de lecture

        Commentaire


        • #5
          Mehdi Bennouna : “J’ai voulu briser ce tabou”

          “Héros sans gloire”, (Ed. Tarik), est le fruit d’une enquête de longue haleine dans les arcanes de l’opposition la plus absolue contre Hassan II. Fils de l’une des figures du “Tanzim” clandestin, Mehdi Bennouna a d’abord voulu restituer un épisode douleureux de l’histoire contemporaine du Maroc que le consencus politique actuel s’efforce d’oublier.

          Le Journal Hebdomadaire : Pourquoi ce livre maintenant ?

          Mehdi Bennouna : Le projet de ce travail de recherche m’est venu à l’esprit dès 1995, j’ai entrepris des recherches actives depuis lors en interviewant une centaine de protagonistes liés au récit. Le travail était achevé depuis 2001. La date de parution est le fruit des contraintes éditoriales : finition, relecture, corrections, etc....

          Quelles ont été vos motivations personnelles compte tenu de votre filiation avec Mahmoud Bennouna ?

          La réponse est dans la question. Mais mis à part le lien de parenté, j’ai constaté qu’aucun travail sérieux de recherche n’a été entrepris à ce sujet et que seules des lectures partisanes et souvent inexactes en faisaient état. Le fait que l’organisation du Tanzim soit communément qualifiée par le terme “Mouvement du 3 mars” trahit déjà le niveau d’ignorance. Parce que le 3 mars 1973, auquel il est fait allusion; il ne s’est rien passé d’essentiel, ensuite par ce que le déclenchement des opérations de guérilla dans l’Atlas, qui s’étendent de mars à mai, sont le sommet de l’iceberg. Le propos de mon livre vise donc à restituer la parite immergée de l’iceberg.

          Avez-vous eu des contraintes particulières pour recueillir les témoignages des protagonistes encore en vie ?

          Oui, cela n’a pas été facile de rencontrer les protagonistes et d’obtenir leurs témoignages. Tout d’abord, il s’agit d’un mouvement clandestin, donc les témoins que j’ai rencontrés ont évolué dans un circuit fermé et cloisonné : leur connaisance est de ce fait parcellaire et se résume à leur expérience immédiate. Il a donc fallu rassembler les pièces du puzzle, les mettre en place une à une avant de disposer d’une image d’ensemble. C’est pourquoi le récit se présente sous forme d’une série de monographies qui s’imbriquent au fur et à mesure que la trame se dessine. Ensuite, les craintes de certains protagonistes de voir leur dossier d’instruction réouvert ou d’être inquiétés étaient fréquentes. Des pressions ont du reste été exercées sur certains de mes interlocuteurs. C’est pourquoi, en ce qui concerne les personnes encore en vie, je me suis engagé à n’évoquer que les faits qui ont fait d’un jugement au Maroc.

          Vous avez choisi la période 1963-73 en faisant aussi référence à l’ALN- Sud et des militants des années 70 ? Et que dire d’Ecouvillon ?

          La lutte armée révolutionnaire au Maroc est le fruit d’une rencontre entre d’un côté des résistants qui ont fait le sacrifice de la lutte pour l’indépendance du pays et ont rapidement déchante par la suite , et de l’autre, les premières générations de diplômés de l’indépendance marqués par la guerre du Vietnam, l’expérience de Che Guevara et surtout l’assassinat de Ben Barka. Les accrochages dans l’Atlas en 1973 se sont soldés par la mort au combat de la figure emblématique des deux courants : Nemri pour les résistants et Mahmoud pour la jeunesse montante de l’UNEM.

          Quel regard portez-vous rétrospectivement sur le Tanzim et les événements de 73 ?

          Cette période a longtemps été traitée comme un tabou, j’ai essayé de briser ce tabou qui, par ailleurs, est le ferment du “politiquement correct” au Maroc. Le conformisme au Maroc consiste à rendre hommage à des personnages comme Abdelkrim Khattabi ou Mehdi Ben Barka en éludant leur héritage politique et intellectuel pour ne retenir que le petit dénominateur commun qui les liait à la monarchie.Vous ne trouverez rien de tel dans mon livre. Les personnages sont présentés dans toute leur intégrité avec leurs contradictions.

          Comment jugez- vous le rôle du Fqih Basri et des autres dirideants “socialistes” de lépoque ?

          Je ne porte pas de jugement, j’ai été guidé par le soucide respecter la vérité factuelle et historique. L’interprétation de ces faits peut ensuite diverger. Pour ma part, je n’ai fait que donner des clés au lecteur. A lui de se faire sa propre lecture.

          Comment expliquez-vous l’attitude des dirigeants de l’UNFP puis de l’USFP après l’échec de la lutte armée contre le régime ?

          Comme je l’ai dit dans l’introduction de mon livre, les insurrections qui réussissent s’appellent Révolution; avec un “R” majuscule. Celles qui échouent s’appellent révolution, avec un “r” minuscule. Le crédit des premières est âprement disputé, tandis que les secondes sont orphelines. C’est pourquoi, en 1975, l’USFP a définitivement enterré l’“option révolutionnaire” au profit de l’“opignion démocratique”

          Vous évoquez des accointances supposées entre certains des “révolutionnaire” et une frange de l’armée et de l’appareil sécuritaire. Avez-vous des précisions à ce sujet ?

          Les solidarités nées de la résistance ou soudées par des liens tribaux traversent les divergences de sécurité du Roi et les révolutionnaires étaient permanents et les agents doubles pullulaient. Chaque bord étant persuadé de manipuler l’autre.

          Vous révélez les origines de la naissance du Polisario. Etait-ce, à votre sens, la continuité d’une dissidence contre le régime ?

          Moustafa El Ouali est le fils d’un combattant de l’ALN-Sud, membre de l’UNEM 0 Rabat, exfiltré du Maroc fin 1972 et recruté par Mahmoud (Mohamed Bennouna). Il s’est entraîné comme d’autre en Libye dans les rangs du Tanzim. Sa référence était Nemri, héros de l’ALN-Sud, qui trouvera la mort au combat dans l’Atlas, un mois après la disparition de Mahmoud. Son combat s’inscrivait donc clairement dans le cadre d’une révolution armée au Maroc et son engagement au Sahara faisait partie intégrante du dispositif mis en place par le Tanzim. La mort de Mahmoud et de Nemri et les relations fluctuantes entre le Tanzim et le régime algérien ont ensuite conduit à la création du Polisario.

          Quelle est votre appréciation de l’alternance consensuelle octroyée “d’une certaine gauche et Hassan II ?

          Comment voyez-vous l’impact de vos révélations sur la donne politique actuelle à l’orée des prochaines législatives ?

          Gorbatchev a établi un lien direct entre l’avènement de la démocratie et la transparence (Glasnost). Je pense que confronter un peuple à son histoire ne peut être que contribuer à une telle transparence. Contrairement à une idée très largement répandue, et qui n’a pas facilité mon travail, je ne pense pas qu’il y a un temps pour dire la vérité, car cela suppose implicitement qu’il y a un temps pour la cacher. En cachant la vérité au peuple, comme on le ferait pour un enfant, on sous-entend qu’il n’a pas atteint la maturité, et que par conséquent, la démocratie n’est pas de son âge. Mais sur ce point, au Maroc, il y a beaucoup à dire.

          Commentaire


          • #6
            Opération Ecouvillon : aux origines de la guerre intestine

            C’est un sujet extrêmement sensible qu’aborde Mehdi Bennouna. Un sujet qui lorsqu’il est traité par la presse, conduit quelquefois à la censure comme ce fut le cas et comme l’a annoncé récemment le Premier-ministre dans une émission de télévision pour le défunt "Journal” en décembre 2001. La thèse de Mehdi Bennouna est sans fioritures, le Palais aurait procédé à une alliance avec les colonisateurs pour écraser l’ALN-Sud et se débarasser ainsi des dernières zones de résistances qui menaçaient l’équilibre de la monarchie. En janvier 1958, les Espagnols dépêchent 10.000 hommes dans le sud du Maroc. Les Français en envoient 6000 et l’aviation pour déloger les éléments “rebelles”. La campagne, abrégée par une sauvage brutalité, ne dure que 15 jours : les villages sont pilonnés par l’aviation, les troupeaux, source de survie des populations, décimés. “La perte d’un cheptel tuait une famille nomade aussi sûrement que si elle se trouvait directement exposée à un bombardement.Isolés et privés de ressources, les combattants de l’ALN sont contraints de se replier. Certains se rendent, d’autres plongent dans la clandestinité”.

            Le Palais garant d’une indépendance acquise de haute lutte, n’y trouve rien à redire : l’affaire affaiblit l’ALN, renforce les FAR et l’appareil sécuritaire du régime. Les ex-tuteurs coloniaux continuent à assumer leur rôle de “protecteur” du trône. Fort de cette garantie, celui-ci donne son assentiment et son soutien à cette opération de pacification qui s’inscrit dans la pure tradition coloniale. Pour le prix de sa collaboration, le prince Moulay Hassan se voit rétrocéder par Franco la région de Tarfaya dont il vient prendre possession le 10 avril 1958 à la tête d’une division des FAR conduite par Oufkir.

            Au fil des jeux d’alliances, le Palais noue une coalition hétéroclite, mais non inédite, avec d’une part les féodaux ruraux, effrayés par les idées de modernisme prônées par Mehdi Ben Barka, et les forces coloniales animées d’un esprit revanchard. En tacticien avisé, Mohammed V a eu soin de s’attirer les bonnes grâces des féodaux de l’arrière-pays. Compromis pour leur collusion avec le protectorat, ils sont devenus, au lendemain de l’indépendance, les partisans obligés du nouveau monarque, seul garant de leurs fortunes, les plus souvent usurpés et donc menacés par les projets de réforme agraire brandis par le nouveau gouvernement. Le Palais n’a donc pas à attiser longtemps leur rancoeur en agitant les vieux démons d’un régionalisme passéiste que Mehdi Ben Barka entendait précisément supplanter en fotmant une nouvelle génération de “citoyens-militants” mobilisés dans la constructio d’un Etat moderne. Cette opération aurait ainsi signé la fin de l’ALN-Sud comme contre-pouvoir au profit d’un mouvement national de plus en plus compromis de plus en plus loin des idéaux avant l’Indépendance.

            Commentaire


            • #7
              2 mythes qui sautent en l'air:

              - Les marocains n'ont pas ecoule leur sang pour liberer le sahara donc ils ne meritent pas d'avoir le sahara (principe algero-algerien unique dans l'histoire du droit international...algerien)

              2- C'est le polisario qui a lutte contre les espagnols

              Merci pour tous ces articles MedIT, j'aurais pas fait mieux...

              Commentaire

              Chargement...
              X