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Lettre d'amour d'un père à une mère!

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  • Lettre d'amour d'un père à une mère!

    Ecrite par le comédien Martin Larocque (québecois) elle est très touchante!

    Est-ce que les enfants vont nous user, mon amour? Tout ce que nous nous souhaitions comme amants, l’aurons-nous aussi comme parents? Nos yeux vont-ils rester allumés, brillants, vivants, même avec les couches, les pleurs et les nuits blanches? Allons-nous rester en harmonie, même si nos enfances se rencontrent pendant la leur? Tu sais, notre enfance, c’est un peu comme un port d’attache auquel on tient parfois un peu trop fort quand vient le temps de fonder sa propre famille. Et, surtout, vais-je rester un homme désirable à tes yeux? Celui qui te faisait rire (quand nous étions insouciants). Celui qui faisait des choix insensés (quand nous n’avions rien au programme). Celui qui dépensait pour des folies (quand nous n’avions pas d’argent ou trop). Celui qui avait tout le temps de te séduire (quand nous n’avions pas d’enfants). Allons-nous rester «en amour»? En amour fougueux. En amour charnel. En amour passionnel. En amour.
    Est-ce que les enfants vont nous user, mon amour? Parfois, j’ai peur. J’ai vu trop de couples ne pas s’entendre au sujet des enfants et se séparer. Je ne te parle pas des statistiques, mais de gens que je connais. Des couples qui s’aimaient. Tout à coup, les enfants apparaissent et, pouf, le couple disparaît. Parce que, avec les enfants, nous formons plus qu’un couple, nous sommes une équipe aussi. Si je passe d’amant à père, qu’est-ce que je perds? Je sais très bien que je gagne beaucoup. Mais, entre toi et moi, est-ce que nous perdons?

    Tu te souviens? En 1989, sur le trottoir, la nuit, je t’ai embrassée pour la première fois. Dans ce baiser, il n’y avait pas de mariage, d’enfant, de voyage, ni de chicane. Il n’y avait que toi et moi «en amour». Ce premier feu qui nous étourdit. Deux personnes seules sur une nouvelle planète. Il n’y avait rien à faire ou à défaire, juste à s’embrasser.

    Quelques années après, Matisse est arrivé. Il était encore tout chaud, et mon premier réflexe (après avoir pleuré comme une Madeleine) a été de t’embrasser. Je ne crois pas que j’embrassais la mère. Peut-être que je n’embrassais pas non plus la jeune fille que j’avais connue, mais le même amour me dévorait. Je t’embrassais pour te confirmer ta présence dans mon cœur. Toi en moi.
    Un jour, ils quitteront la maison. Je suis sûr que, au moment où le dernier de nos gars sortira avec sa valise et que l’écho du vide se fera entendre dans la maison, mon réflexe sera de t’embrasser. Pour, une fois encore, te dire que je t’aime.

    Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. Car, même avec les enfants, tu es la première dans mon cœur. Tu l’étais avant les enfants. Tu l’es pendant les enfants, et je l’espère ardemment, tu seras encore la première après eux.

    Mais, je le répète... Les enfants vont-ils nous user avant? Comment faire pour ne pas nous oublier? Parfois, j’ai l’impression que penser seulement à nous est un péché. Qu’une fois que nous sommes parents, les gens de notre entourage nous font cadeau de la culpabilité.
    «Ah oui? Vous les laissez seuls toute une fin de semaine?
    —Ils ne sont pas seuls, ils sont avec leurs...
    —Non, mais moi, je ne serais jamais capable.
    —Mais c’est pas facile pour nous non plus, je...
    —Ah oui, mais ils sont si petits, je serais pas capable de les abandonner!
    —Oui, mais, madame, je ne les abandonne pas, j’veux juste...
    —Pauvres petits!» >

    Cela veut-il dire qu’être «en amour» n’est plus compatible avec notre nouveau rôle? Pas seulement être «en amour» mais vouloir le vivre. Seuls. Te souviens-tu de ce que nous avait dit cette mère expérimentée, croisée sur le trottoir à Montréal, justement au cours d’un week-end en amoureux? «Dans la vie, quand on a des enfants, il faut d’abord penser à soi, puis au couple et, finalement, à la famille. Parce que si les deux premiers ne fonctionnent pas, le dernier ne peut pas fonctionner non plus.» Moi, j’ai adoré cette rencontre. Je nous vois encore gambader sur le trottoir après avoir quitté cette femme. Comme si elle venait de nous soulager.

    Tu sais, mon ange, je veux gambader avec toi encore longtemps.
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