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Marek Edelman, dernier survivant du ghetto de Varsovie

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  • Marek Edelman, dernier survivant du ghetto de Varsovie

    dimanche 21 décembre 2008 - 08h:38

    Jean-Paul Cruse - Imbongi

    La part d’ombre de l’histoire juive et l’abjecte actualité de l’oppression raciste et coloniale en Palestine, ne peuvent dissimuler l’authentique part de lumière de ce qui fut une religion avant de devenir l’histoire d’êtres d’exception.

    Et parmi ces hommes, ces Justes d’entre les Justes, Marek le Polonais, Marek Edelman, aujourd’hui dernier survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie.

    Marek Edelman soutient Ahmadinedjad

    L’histoire juive a sa part d’ombre. La tradition juive, la culture juive... Elles ne sont pas sans tache... Le savent, ceux qui ont lu Shahak ; ceux qui connaissent la terrible vérité des tribunaux rabbiniques de l’époque médiévale, ou le martyre de Baruch Spinoza, banni pour avoir pensé en philosophe, en homme libre... Et même les vrais écrits de Maïmonide... Sans parler du sanglant boucher de Sabra et Chatila, Ariel Sharon, l’héritier "spirituel" du fasciste Jabotinsky, autant que du raciste Théodore Herzl, aujourd’hui rattrapé par son destin, à l’agonie sur son lit d’hopital...

    Mais cette part d’ombre, trop souvent tue, et l’abjecte actualité de l’oppression raciste et coloniale en Palestine, ne peuvent dissimuler, ni relativiser, d’aucune façon, l’authentique part de lumière de ce qui fut une religion, et pas des plus douces, avant de devenir l’histoire d’êtres d’exception, dont le nom mérite de rester gravé, à tout jamais, sur les pierres de l’Humanité.

    Parmi ces hommes, parmi ces Justes d’entre les Justes, Marek le Polonais. Marek Edelman, aujourd’hui dernier survivant de l’immense épopée que fut, sous la botte nazie, le soulèvement du ghetto de Varsovie. On parle peu de lui. En reprenant un fort article d’Eilat Nadav, pour Yediot Aharonot - un quotidien israélien - le Courrier International lui rend, en cette semaine anniversaire de l’insurrection juive du 19 avril 1943, un hommage mérité.
    Edelman a refusé de participer aux cérémonies commémorant, dans cette Pologne qu’il n’a pas voulu quitter - même et surtout pas pour "l’Etat Juif" construit sur l’ "épuration ethnique" des "ghettos" arabes de Palestine - l’héroïque soulèvement de 1943. Il ne craint pas, raconte la journaliste qui est allé le rencontrer à Lodz, que sa mort sans doute prochaine, "ne fasse tomber dans l’oubli l’insurrection du ghetto de Varsovie". -"Non, cet événement a laissé trop de traces dans l’histoire, la littérature, et l’art. C’est en Israël qu’on risque d’effacer notre souvenir."


    "Pour vous Israéliens, me dit-il, la guerre de Six Jours de 1967 a été l’événement le plus important de l’histoire juive contemporaine. Vous pouvez vous appuyer sur un Etat, des chars, et un puissant allié américain. Nous, nous n’étions que 200 jeunes avec six revolvers pour tout armement, mais nous avions la supériorité morale".
    "Campant", s’étonne la journaliste, "sur son opposition implacable à l’éthique israélienne", le héros de l’insurrection anti-nazie du ghetto juif de la capitale polonaise n’a aucun doute sur l’avenir de l’entité raciste de Tel Aviv : "Israël ne pourra survivre dans une mer de 100 millions d’Arabes".
    Fils d’un couple de militants du Bund, l’Union Générale Juive des Travailleurs, le grand parti juif socialiste et non sioniste d’Europe orientale - un parti viscéralement opposé à la création d’Israel -, Marek raconte : "Nous avons été marqués par les juifs de Chelmno, qui s’étaient laissé déporter sans résister. Il n’était pas question que cela se reproduise à Varsovie" (Mémoires du Ghetto de Varsovie - Liana Levi ed, 2002).

    Interrogé par la journaliste israélienne sur les premières actions "terroristes" de la Résistance juive - dirigées contre "la police juive du ghetto, dont les membres avaient multplié les exactions" : "c’étaient des traîtres, dit-il, sèchement. Ils n’étaient pas obligés de collaborer avec les nazis, mais ils pensaient que c’était une bonne manière de gagner de l’argent et de sauver leur peau".

    "N’est-il pas logique que des Juifs fassent tout pour survivre ?", demande la voyageuse ?

    "Ça, c’est votre philosophie d’Israélienne, celle qui consiste à penser qu’on peut tuer vingt Arabes pourvu qu’un Juif reste en vie. Chez moi, il n’y a de place ni pour un peuple élu, ni pour une ’Terre Promise’".

    Les nazis "ayant autorisé l’ouverture d’un dispensaire dans le ghetto pour traiter les cas urgents", dans le but, en fait, "d’y pratiquer une sélection en amont et d’envoyer les malades dans les camps d’extermination", Marek décide de saisir la balle au bond. Il choisit de se faire recruter par les Allemands comme infirmier, "afin de recruter ceux qu’il jugeait aptes à rejoindre la Résistance". Participant ainsi, d’une certaine façon, mais à la guerre comme à la guerre, "à envoyer 400 000 personnes à la mort"...
    "En 1942, poursuit la journaliste israélienne, plus des trois quart des 400 000 Juifs du ghetto de Varsovie avaient déjà été déportés et exterminés. Parmi les survivants, 30 000 personnes travaillaient comme esclaves dans les usines allemandes, et 30 000 autres se cachaient dans les souterrains (...) Le chapitre final de la liquidation du ghetto de Varsovie s’ouvrit la veille du jour de Pâques, le 19 avril 1943. Quand les Allemands pénétrèrent dans le ghetto, ils se heurtèrent à une forte résistance de la part de combattants qui tiraient des appartements déserts. Les Allemands commencèrent alors à incendier les immeubles les uns après les autres, et les abris dans lesquels s’étaien réfugiés de nombreux civils se transformètrent en pièges géants."

    Les nazis lancent des bonbonnes de gaz. Beaucoup de combattants choisissent de se donner la mort. "Un chef n’a pas le droit de se suicider, commente aujourd’hui Edelman, impitoyable. Il doit se battre jusqu’au bout. D’autant qu’il était possible de fuir le ghetto, malgé les barrages. La preuve, c’est que nous sommes 15 à être parvenus à prendre la fuite."
    Israël a transformé le suicide collectif du groupe de martyrs juifs du 18 rue Mila en "Massada du XX ème siècle". "Hystérie collective", répond Marek. Combattant de toujors, il est toujours en guerre : mais aujourd’hui, c’est contre les "professionnels de la mémoire" - coupables, à ses yeux qui ne cillent pas, d’une "éthique trop israélienne".

    On comprend, commente cruellement YEDIOT, pourquoi "le cinéaste Claude Lanzman a choisi de ne pas lui donner la parole dans son film Shoah".
    En se soulevant, dit-il, les "chebab" juifs de l’intifada sans espoir de Varsovie avaient hautement témoigné de leur "appartenance au genre humain".
    Dernière modification par DZone, 21 décembre 2008, 13h35.

  • #2


    "Le désastre qu’affronte le judaïsme européen n’est pas mon affaire"
    Ben Gourion, cité par Tom Segev

    ("En prenant les armes contre ceux qui voulaient nous anéantir, nous nous sommes raccrochés à la vie et nous sommes devenus des hommes libres"). Libre, désormais, donc, et pour toujours, le petit juif du ghetto n’a pas de mots assez durs pour les sionistes - concentrés, à l’époque déjà, sur leur politique insensée d’épuration ethnique en "Terre Sainte"..."Le Mossad savait ce qui se passait ici. Ses agents se sont pourtant contentés d’évacuer les Juifs disposant d’argent, et encore, jamais pendant la guerre, et uniquement vers la Palestine. Le fondement de l’idéologie de Ben Gourion et des siens, c’était la rupture avec la diaspora." ("Le désastre qu’affronte le judaïsme européen n’est pas mon affaire" (Ben Gourion, cité par Tom Segev (Le septième million, Liana Levi, 1993).

    "Il eut mieux valu créer un Etat Juif en Bavière !", cingle encore Edelman.

    -"Exactement ce qu’a récemment proposé le Président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad" ?

    -"Il raison, répond-il en s’esclaffant, le climat y est excellent."
    Après s’être échappé du brasier du ghetto, où rôdaient, à ses trousses, des hordes de SS surexcités, guidés par des chiens de combat la bave au lèvres, en rampant dans les égoûts, il a rejoint la résistance polonaise - nationaliste, catholique et communiste. La paix venue, il a écrit un petit livre sec et précis, sans pathos. Et a fini ses études de médecine dans la seule patrie qu’il se reconnaisse, la Pologne. Il a soutenu Solidarnosc, et fait quelques jours de prison, pour cela, en 1981. Aujourd’hui, des imbéciles maculent les murs de sa maison de croix gammées, à l’occasion. Il en faudrait plus pour abattre cet indomptable. Ou pour qu’il se renie.
    "De quel peuple juif parle-ton ?" dit-il encore. "Aujourd’hui Israel est un Etat culturellement arabe (...) Israël s’est créé sur la destruction de cette imense culture juive multiséculaire qui s’était épanouïe entre la Vistule et le Don. La culture israélienne, ce n’est pas la culture juive. Quand on a voulu vivre au milieu de millions d’Arabes, on doit se mêler à eux, et laisser l’assimilation, le métissage, faire leur œuvre."

    -Pour écouter ta mélodie, mon frère, pour l’absorber, pour la faire chair de ma chair, pour la faire mienne, j’ai ouvert grand les baies vitrées de mon studio de Pigalle, respirant la senteur des fleurs jaunes et blanches, sur mon balcon, dans le roucoulement doux de pigeons de Montmartre, que nourrissent les travelos, en bas, avec des miettes de pain... Et j’ai glissé dans la fente de mon Mac Mini l’Ave Maria de Schubert, chanté par une grande et superbe noire à la voix puissante...

    Tu n’as pas voulu aller te perdre en Israël, Marek, tu as eu raison. Toi, le vieux sage indien des prairies avec ton beau visage tout ridé de Cochise. Ils t’auraient flingué sans pitié, comme Rabin. Ou empoisonné, comme l’Autre...Ces chiens...


    Voir aussi l’article du Courrier international :
    MAREK EDELMAN • L’insurgé perpétuel

    Quand on a voulu vivre au milieu de millions d’Arabes, on doit laisser le métissage faire son oeuvre.
    Marek Edelman

    Info-Palestine

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