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Les essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie

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  • Les essais nucléaires français en Algérie et en Polynésie

    Quarante-cinq ans après la première bombe dans le Sahara, les irradiés de la République attendent toujours que l'Etat reconnaisse ses responsabilités. La lumière commence à peine à se lever.
    Encore une période peu glorieuse de la France et que dire des territoires, In Amguel, Reggane qui ont subis ces irradiations lors de ces essais nucléaires?
    La France a effectué 210 essais nucléaires entre le 13 février 1960 et le 27 janvier 1996. 17 expériences se sont déroulées au Sahara, tandis que 193 essais ont eu lieu en Polynésie, principalement sur les atolls de Mururoa et de Fangataufa.
    =====

    «On nous a envoyés comme des cobayes à l'abattoir. L'Etat doit admettre ses torts. Et reconnaître enfin qu'existe un lien entre les maladies dont nous souffrons et notre présence sur les sites nucléaires en Algérie et dans le Pacifique pendant notre service militaire.»

    L'homme qui parle, la voix entrecoupée de sanglots, s'appelle Jean-Yves Le Saux. Il a aujourd'hui 59 ans. Militaire du contingent, il se trouvait, en 1966, à In Amguel, dans le Sahara. Là où, en vertu des accords d'Evian, la France, après la guerre d'Algérie, a pu poursuivre ses expériences nucléaires commencées à Reggane en 1960.

    Le Saux, qui assista à la dernière des 13 explosions de la bombe, le 16 février 1966, a été contaminé par la radioactivité. Près de quarante ans plus tard, cet hôtelier, installé à Ploërmel (Morbihan), est usé. Déglingué physiquement. Il a perdu toutes ses dents il y a trente ans. Souffre de vertiges. D'angoisse.

    Depuis quarante ans, comme des milliers de ses camarades, il attend réparation de l'Etat. Au moins morale. Que celui-ci assume sa responsabilité. Qu'il reconnaisse que l'explosion d'une bombe comportait des risques pour la santé.

    (..)

    Une décision capitale. Qui ouvre la voie à une indemnisation. Las! début août, le ministère de la Défense fait appel. La raison? Une pension, selon les textes, n'est possible que si la maladie est déclarée quatre-vingt-dix jours après la fin du service militaire… Incroyable! Comment est-ce possible? Les vétérans des essais nucléaires français sont effondrés. (...)

    Ils sont 150 000 militaires du contingent qui, entre le 13 février 1960 et le 27 janvier 1996, ont côtoyé ou ont été les témoins directs des explosions nucléaires décidées par les gouvernements, tantôt au Sahara, tantôt dans le Pacifique, en Polynésie française. Ils avaient 19-20 ans. Tous ces gamins partis loin de la métropole ne sont pas revenus indemnes. Contaminés par la radioactivité des bombes.

    Problèmes cardiaques, glaucome, crises de vertiges répétées, polypes aux intestins, thyroïde en mauvais état… telles sont les affections dont ils souffrent aujourd'hui. Leurs descendants, enfants, petits-enfants, ne sont pas épargnés. Atteints de maladies génétiques principalement. Et encore, mince consolation, ceux-là sont encore vivants. Beaucoup de vétérans du Sahara et du Pacifique sont morts. Oubliés.

    Retour sur l'aventure nucléaire française.
    C'est dans les années 1950 que le gouvernement décide de doter la France de l'arme nucléaire. Le 5 décembre 1956, un décret porte création d'un comité des applications militaires de l'énergie atomique. Le 18 mars 1957, le colonel Charles Ailleret, futur chef d'état-major des armées, est chargé de superviser les essais. Lieu retenu: la région de Tanezrouft, au sud de Reggane, dans le Sahara. Pourquoi? Le colonel Ailleret explique à l'époque: «La chose la plus remarquable était l'absence totale, je dis bien totale, de vie végétale ou animale. La sécheresse presque absolue avait fait son œuvre: tout était mort… Il apparaissait que ce serait clairement l'endroit idéal pour y faire des explosions sans danger pour les voisins, puisqu'il n'y en avait pas.»

    C'est ainsi qu' à 12 kilomètres à l'est de Reggane fut installée la base-vie des militaires français. Une véritable petite ville qui a compté jusqu' à 3 000 soldats. (..)

    A 50 kilomètres au sud de Reggane se trouve le poste de commandement d'Hamoudia. C'est là qu'était donné l'ordre de tirer la bombe… Physiquement, elle se trouvait dans un blockhaus construit dans un massif montagneux de granit de 1 000 à 1 500 mètres de hauteur.

    La première explosion a lieu le 13 février 1960. Nom de code: Gerboise bleue. Tout le gratin de l'armée française a fait le déplacement de la métropole. Le chef d'état-major des armées, le général Lavaud, est présent. Le ministre de l'Energie nucléaire, Pierre Guillaumat, aussi. Ou encore Charles Ailleret, entre-temps promu général, qui a choisi le site.
    Côté logistique, rien n'est négligé. Comme en temps de guerre. Autour de la zone de tir sont disposés des chars, des véhicules blindés. Et aussi des avions prêts à décoller. Sans oublier des animaux, qui attendent patiemment le jour J dans des cages ou des caches… On verra après l'explosion dans quel état ils se trouvent. Progrès de la science oblige. 7 h 4, ce 13 février 1960. C'est la mise à feu. Déclenchée depuis le centre de tir d'Hamoudia par le général Ailleret.

    Le vice-président de l'Aven, Michel Verger, était présent. Un des rares vétérans pas trop abîmés physiquement. La cause en est toute simple: il n'est resté que peu de temps à Reggane, son côté grande gueule et son hostilité aux essais nucléaires l'ayant vite conduit dans un bataillon disciplinaire à Aflou, au sud de Tiaret. «Ça m'a finalement sauvé la vie», dit-il, en éclatant de rire.

    Très titi parisien, bien qu'habitant en Maine-et-Loire, étonnamment jeune malgré ces 66 ans, cet ancien postier se montre intarissable sur ce 13 février 1960. Il se trouvait à 40 kilomètres du lieu de l'explosion: «40 kilomètres, vous pensez que c'est loin. Détrompez-vous. En plein désert, les distances semblent se réduire», prévient-il. Il raconte: «C'était le matin tôt, vers 7 heures. On nous a dit de nous coucher par terre. Nous étions en short et chemisette. Nous avons plié nos bras et fermé les yeux. Malgré cela, j'ai vu un éclair. Un flash d'une intensité ahurissante… Bizarrement, on a cru qu'ils avaient loupé leur coup. Dix ou quinze secondes plus tard, après l'éclair, nous avons entendu un bruit assourdissant. La terre tremblait. On aurait dit que 1 000 chevaux arrivaient au galop.

    Jamais je n'oublierai ce matin-là.» Et Verger de poursuivre: «Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai aperçu le champignon atomique. Gigantesque… Mes camarades et moi, nous l'avons vu s'éloigner, disparaître au loin. J'ai appris par la suite que le nuage avait dérivé jusqu'à la frontière algéro-libyenne, à 1 000 kilomètres de Reggane.» Détail que se garderont de révéler officiellement les autorités françaises. Tout comme elles conserveront sous silence le sort du pilote d'un avion Vautour chargé d'effectuer, ce 13 février 1960, des prélèvements dans l'atmosphère. Quatre mois après sa mission, le pilote est décédé.(..)

    Témoin la note de service du Groupement opérationnel des expérimentations nucléaires du 6 février 1960. Nous sommes à une semaine de la première explosion. Sa lecture laisse pantois. Pour se protéger de l'éclair aveuglant et des radiations, le document fait mention de «distribution d'une paire de lunettes… pour 40 personnes environ»! Cette note est frappée du tampon «Secret». Une autre, datée du 4 février, dit tout simplement qu'il ne faut pas «avoir la peau nue» avant une explosion. Quant aux dosimètres, l'armée ne les distribue qu'irrégulièrement!

    Le champignon de la première bombe française, à Reggane, le 13 février 1960



    La suite à lire:

    Les irradiés de la République

  • #2
    L’erreur et la bêtise humaine est si facile et rapide a réaliser mais ses effets et ses conséquences sont longs, profonds et difficile a TOLLERER et maîtriser.

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