Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le roman en langue arabe régresse...

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le roman en langue arabe régresse...

    11E COLLOQUE INTERNATIONAL ABDELHAMID-BENHADOUGHA
    Le roman en langue arabe régresse...



    Les conférenciers évitent de parler d’une politique claire du livre en langue arabe ou française.

    Si l’on se fie aux chiffres avancés par M.Ouled Aroussi Tayeb, directeur de la Bibliothèque de Paris du monde arabe, le roman algérien d’expression française a été multiplié par 10, passant en 1980 de 46 à 434 en 2008, alors que le roman de langue arabe, pour la même période est passé de 29 à 115.
    Ces chiffres ont été révélés lors du 11e Colloque international Abdelhamid-Benhadougha qui s’est tenu à Bordj Bou Arréridj, la semaine dernière. Faisant un parallèle avec les deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie, le conférencier notera que le roman en langue arabe dans ces deux pays avance plus vite que celui écrit en langue française pour les mêmes périodes.
    Pour le Maroc, 154 romans ont été publiés en langue arabe et seulement 30 en langue française de 1980 à 2008.Pour la Tunisie, 96 romans ont été publiés dans la langue française et 196 dans la langue arabe pour la même période. L’on notera que l’orateur s’est abstenu, forcément, d’analyser ces chiffres, puisqu’il dira à L’Expression «je préfère un travail de recherche, j’offre des statistiques qui peuvent être complétées, approfondies, mes sources sont, bien sûr, les Maisons d’éditions nationales et internationales».
    L’on devine aisément que M.Ouled Aroussi veut éluder ce vieux débat et qui restera toujours, même s’il est repris de temps à autre lors de tels colloques, dépassé, puisque selon lui, «un auteur de roman quelle que soit sa langue d’expression d’origine veut être lu, traduit et surtout vendu et faire connaître la culture de son pays». Comme c’est le cas de l’Egypte ou de la Tunisie, des pays qui s’investissent énormément dans la traduction des oeuvres de leurs auteurs, dira-t-il. M.Ouled Aroussi a aussi évité de citer les noms des auteurs de romans écrivant dans les deux langues «qui sont les plus vendus ou les plus traduits». Il citera Abdelhamid Benhadougha, l’unique romancier traduit en italien et en espagnol pour son célèbre roman écrit en arabe, porté d’ailleurs à l’écran, Le vent du Sud. Bien sûr, le directeur de la Bibliothèque parisienne du monde arabe dira que les institutions francophones en France jouent un rôle essentiel dans la promotion de la langue française à travers le monde et visent bien sûr «toutes les plumes algériennes». Mais le débat ne se situe pas à ce niveau, il s’agit de la promotion du roman algérien écrit en langue arabe. Est-ce un manque d’auteurs? Est-ce qu’il n’y a pas de soutien aux jeunes écrivains en langue arabe? Tôt au tard, l’on devra bien poser cette question: combien avons-nous d’auteurs en langue arabe qui écrivent dans le roman, base de la lecture et de la culture? Le conférencier dira qu’il «faut multiplier les bibliothèques, créer un lectorat national, soutenir par des actions concrètes les auteurs, initier le goût de l’écriture et de la lecture». Il se passe quelque chose donc dans les milieux culturels éducatifs et universitaires pour que le roman en langue française prenne le pas sur le roman écrit en langue arabe alors que tout l’enseignement dans les écoles, les CEM, les lycées et les universités est dispensé en langue arabe. Où sont donc les institutions ou associations algériennes chargées de la promotion de la littérature en langue arabe? Elles sont dirigées par les mêmes personnes qui, avant tout, elles-mêmes versées dans l’écriture, se font la guerre «de l’édition». Un autre conférencier qui veut garder l’anonymat - il a raison selon ses explications - note que «le combat d’un jeune romancier en Algérie est d’abord de trouver une Maison d’édition avant de penser si son livre sera lu ou non, quant à la vente, c’est tout simplement la galère puisqu’il faut toute une industrie dotée de moyens publicitaires qui sont d’ailleurs fermés comme l’absence d’émission télévisée consacrée au livre». M.Ouled Aroussi est probablement le seul orateur qui a donné un coup de pied dans la fourmilière. Pour lui, il ne s’agit pas d’une confrontation entre les arabophones ou les francophones, mais plutôt de la promotion de la culture algérienne dans le monde. Qu’en est-il de l’écriture du roman en langue amazighe? Cela est une autre histoire. Et la traduction dans les autres langues du roman algérien en langue arabe ou française? Ce sera une autre histoire également. Pour notre part, l’on devine que tous les conférenciers dans ce colloque évitent de parler d’une politique claire du livre en langue arabe ou française. Peut-être ont-ils raison pour garder ce genre de colloques.
    Par contre, la conférencière italienne, Mme Jolanda Guardi, professeur de langue arabe à l’université de Milan a été claire dans ses propos lors d’un entretien avec L’Expression, en affirmant que «les écrivains arabophones algériens sont inconnus en Europe, faute de traduction et ne peuvent rivaliser avec ceux des autres pays arabes soutenus par leurs Etats sur les grandes places de la littérature et d’ailleurs, ils sont considérés comme des soutiens aux régimes politiques et n’intéressent guère les Maisons d’édition européennes, sauf lorsqu’il s’agit de terrorisme ou de maux sociaux». Pourtant, remarquera, Mme Jolonda Guardi, «l’ouverture politique est bien réelle ces dix dernières années en Algérie, si l’on se réfère aux romans écrits en langue française». Le débat est donc ouvert.
    L'expression
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
Chargement...
X