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    76,10 milliards de dollars d'export, 34,16 milliards de dollars d'import: Ce que cachent les chiffres


    L'Algérie a enregistré, pour les 11 premiers mois de l'année 2008, un excédent commercial de 41,93 milliards de dollars, contre 29,22 milliards de dollars durant la même période de l'année écoulée, selon des chiffres rendus publics par le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS), Les exportations, composées à près de 97% par les hydrocarbures, ont atteint 76,10 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de l'année en cours, contre 54,18 milliards de dollars durant la même période en 2007, en hausse de 40,45%. Les importations, en augmentation elles aussi, sont de 34,16 milliards de dollars contre 24,96 milliards de dollars, ce qui représente un accroissement de 36,87%. Ces données confirment le caractère rentier de l'économie et rendent compte de la nature de son insertion dans la division mondiale du travail. L'Algérie ne vend rien d'autre que des hydrocarbures et dépend totalement de l'extérieur pour sa consommation.

    La hausse très significative des revenus d'exportation est due exclusivement à l'évolution haussière des prix du brut jusqu'en août de cette année, où ils avaient atteint un plafond historique de plus de 140 dollars le baril. Depuis, l'éclatement de la bulle financière a profondément modifié la donne et dans un contexte de récession, ces prix n'en finissent pas de chuter malgré les décisions de réduction drastique de la production annoncées par l'OPEP.

    Sensibilité à l'inflation importée

    Le Brent est aujourd'hui à 40 dollars et tout indique que la reprise du marché n'est pas pour demain. En tout état de cause, les réserves accumulées au cours des mois d'euphorie pétrolière devraient permettre au pays de faire face à ses importations, en hausse structurelle, durant une période assez longue.

    Il est intéressant de noter que les variations de prix du pétrole observent une sorte de mouvement pendulaire, au cours duquel alternent de très fortes augmentations et des baisses tout aussi spectaculaires. Déjà au début des années 80, le brut avait dépassé le seuil des quarante dollars (ce qui équivaut à plus de 100 dollars actuellement), pour se replier à près de 5 dollars au milieu de la même décennie.

    En revanche, l'accroissement des importations observe une courbe régulière, où la baisse relative des prix de certaines catégories de produits est plus que compensée par la hausse d'autres produits. Et comme le montrent les données de l'ONS, l'Algérie reste très sensible à l'inflation importée...

    Vus de Sirius, les chiffres du commerce extérieur et celui de l'inflation peuvent procurer l'illusion d'une situation économique saine et relativement stable. Scrutées de plus près et mises en perspective avec les niveaux de la production interne, de l'investissement et du marché de l'emploi, ces performances sont très vite nuancées. L'aisance financière et la stabilité relative des prix ne se traduisent toujours pas par une dynamique interne. La priorité n'est pas à la résorption du chômage et à la réduction de la pauvreté. Cette réalité est particulièrement préoccupante compte tenu de la démographie du pays: la faible mobilisation des ressources financières disponibles pour l'investissement productif et l'amélioration des services publics, notamment ceux de la santé et de l'éducation, crée les conditions d'une situation risquée à moyen terme.

    Manger ses réserves

    La contraction prévisible des revenus dans les mois à venir incitera encore moins la gouvernance économique à réorienter ses objectifs vers la stimulation de la production interne. Le ralentissement marqué de l'économie mondiale et l'incertitude quant à la magnitude de la récession déjà présente inclinent à penser que les niveaux de prix des hydrocarbures ne retrouveront pas avant plusieurs mois les niveaux espérés par les pays producteurs.

    Sans production interne et dénuée des capacités à créer des richesses et des emplois, l'économie nationale devra subir les contrecoups de l'évolution des marchés, sans autre marge de manoeuvre que ses réserves de change. Même si elles peuvent s'avérer utiles, les dépenses d'infrastructures ne font pas une politique de développement, seule à même de permettre la sortie de la dépendance invalidante aux ressources du sous-sol.

    Ainsi, les chiffres en apparence rassurants du CNIS ne doivent pas induire en erreur. Les indicateurs du commerce extérieur peuvent rassurer globalement mais dans le détail, ils corroborent les insuffisances structurelles d'une économie qui ne trouve pas encore le chemin du développement. En ne considérant pas cette option pendant la période des vaches grasses, l'Algérie aura évité d'utiliser une fenêtre d'opportunité qui ne se représentera pas avant longtemps.
    Quotridien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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