Khaled Meshaal, chef du bureau politique du mouvement Hamas
« Le Hamas et les forces palestiniennes ont offert une occasion en or d’apporter une solution raisonnable au conflit israélo-arabe. Malheureusement, personne ne s’en est saisi, ni l’administration américaine, ni l’Europe, ni le Quartet. Notre bonne volonté s’est heurtée au refus israélien que personne n’a la capacité ou la volonté de surmonter. Dans le document d’entente nationale de 2006 signé avec toutes le forces palestiniennes (à l’exception du Jihad islamique), nous affirmons notre acceptation d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem comme capitale, sans colonies et avec le sujet (mawdou’) du droit au retour. C’est le programme commun aux forces palestiniennes. Certaines veulent plus, d’autres moins. Ce programme date de trois ans. Les Arabes veulent quelque chose de similaire. Le problème est en Israël. Les Etats-Unis jouent un rôle de spectateur dans les négociations et ils appuient les réticences israéliennes. Le problème n’est donc pas le Hamas, ni les pays arabes : il est israélien. »
Dans une villa de Damas, Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas, multiplie les entretiens avec la presse, alors que le cessez-le-feu avec Israël à Gaza est arrivé à échéance le 19 décembre et que le mandat du président Mahmoud Abbas (Abou Mazen) arrive à son terme début janvier. La télévision du Hamas indique le chiffre « 19 » au-dessous du portrait du président : le temps au-delà duquel l’organisation ne reconnaîtra plus sa légitimité.
Mechaal jouit d’une aura particulière depuis qu’il a échappé de peu à la mort en septembre 1997. Il résidait alors à Amman. Sur ordre de Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, un commando des services secrets israéliens lui avait injecté un poison. Mais l’opération tourna au fiasco quand les membres du commando furent arrêtés par les Jordaniens ; le roi Hussein exigea que son voisin lui livre l’antidote. Pour faire bonne mesure, Israël accepta aussi de libérer le cheikh Ahmed Yassine, dirigeant spirituel du Hamas (qui sera assassiné le 22 mars 2004).
Le Hamas se défend d’être un obstacle à la paix. « Nous avons une position de réserve par rapport à la reconnaissance d’Israël. Mais, malgré cela, nous avons dit que nous ne serions pas un obstacle aux actions arabes pour la mise en œuvre de l’initiative arabe de 2002. Les Arabes ont multiplié les initiatives. Ils ont renouvelé leur proposition en 2007. Et, malgré cela, la direction israélienne refuse l’initiative de paix arabe, elle la découpe en parties, elle joue sur les mots, elle multiplie les manœuvres. »
Le précédent de la reconnaissance inconditionnelle par l’OLP de l’Etat d’Israël ne poussera sûrement pas le Hamas à suivre la même voie. A la fin des années 1980 aussi, les Etats-Unis multipliaient les pressions sur l’OLP pour que celle-ci reconnaisse officiellement l’Etat d’Israël (sans jamais préciser dans quelles frontières). En décembre 1988, Arafat obtempérait. Vingt ans plus tard, l’Etat palestinien n’existe toujours pas. Pour Mechaal, comme pour nombre de Palestiniens, à quoi serviraient de nouvelles concessions ? Après tout, Mahmoud Abbas a déjà fait toutes les concessions demandées, et les négociations qu’il mène depuis des années n’ont pas avancé...
Les propos de Khaled Mechaal dégagent une certaine assurance. Depuis sa victoire aux élections législatives de janvier 2006 et malgré toutes les pressions, le Hamas reste un acteur incontournable, notamment depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza en juin 2007. D’autant qu’il a réussi à infliger une défaite militaire à Israël qui a contraint ce dernier à rechercher un cessez-le-feu.
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