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La CIA achète des chefs afghans avec du Viagra
Les agents américains repèrent les responsables tribaux vieillissants pour les soudoyer en échange d'informations sur les insurgés islamistes
Laszlo Molnar - le 26 décembre 2008, 21h39
Le Matin
1 commentaire
Le chef tribal afghan paraît plus vieux que ses 60 ans. Son visage est marqué par la fatigue et le devoir conjugal, estime l'officier de la CIA, l'agence américaine de renseignement. Alors, pour le gagner à sa cause, il lui offre une boîte de petites pilules bleues: du Viagra.
L'espion a raconté son histoire au Washington Post, mais sous couvert de l'anonymat. Il a expliqué au journal que ce cadeau n'était pas fait systématiquement. Seuls les chefs afghans d'un certain âge en profitent.
Quatre jeunes épouses
La coalition, qui est actuellement loin de gagner la guerre contre les talibans, est à la recherche d'informations pour repérer les insurgés islamistes. La CIA veut aussi empêcher certains responsables de tribu d'entrer en rébellion contre les Occidentaux.
Alors, avec l'aide d'interprètes, les agents des Etats-Unis sillonnent le pays et repèrent les chefs qui veulent bien se laisser acheter.
C'est ainsi que ce leader d'une soixantaine d'années est débusqué. Il a quatre épouses, comme la plupart des chefs afghans. La religion musulmane autorise la polygamie et le nombre de femmes est le meilleur moyen de prouver son pouvoir.
Mais le chef en question a des épouses jeunes... Et, comme (presque) tout le monde, il avait déjà entendu parler des bienfaits de la pilule bleue, qui reste cependant introuvable hors de Kaboul.
éviter les cadeaux voyants
Quelques jours plus tard, quand l'Américain est de retour dans le village, il a droit à un accueil triomphal. Le chef est ravi de ses performances sexuelles. Non seulement il est physiquement satisfait, mais il a regagné l'estime de ses femmes!
L'agent de la CIA reçoit toutes les informations possibles sur les routes qu'empruntent les talibans dans ce maquis.
Dans ce pays où tout est délabré, des hôpitaux en passant par les écoles, et où l'approvisionnement est un problème le plus souvent insoluble après bientôt trois décennies de guerre, les Américains pourraient certes corrompre autrement les responsables locaux. Mais leur souci est de passer inaperçus. «Si on leur donne de l'argent, ils se précipitent pour s'offrir des choses clinquantes, comme des bijoux, des voitures ou des armes très voyantes. Tout le monde pourrait ainsi voir qu'ils sont corrompus et les islamistes vont les éviter, ce qui ne manquera pas de tarir les sources d'informations», explique l'agent.
«Alors nous offrons des cadeaux peu visibles, tels des soins médicaux, des voyages à l'étranger ou encore des possibilités de scolarisation pour les proches des chefs afghans.»
Le Viagra n'est donc qu'un moyen de soudoyer parmi d'autres. Il n'est utilisé qu'avec des personnes en bonne santé pour qu'il n'y ait pas de rancoeur en cas de complication pour la santé, conclut l'espion américain.
Les agents américains repèrent les responsables tribaux vieillissants pour les soudoyer en échange d'informations sur les insurgés islamistes
Laszlo Molnar - le 26 décembre 2008, 21h39
Le Matin
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Le chef tribal afghan paraît plus vieux que ses 60 ans. Son visage est marqué par la fatigue et le devoir conjugal, estime l'officier de la CIA, l'agence américaine de renseignement. Alors, pour le gagner à sa cause, il lui offre une boîte de petites pilules bleues: du Viagra.
L'espion a raconté son histoire au Washington Post, mais sous couvert de l'anonymat. Il a expliqué au journal que ce cadeau n'était pas fait systématiquement. Seuls les chefs afghans d'un certain âge en profitent.
Quatre jeunes épouses
La coalition, qui est actuellement loin de gagner la guerre contre les talibans, est à la recherche d'informations pour repérer les insurgés islamistes. La CIA veut aussi empêcher certains responsables de tribu d'entrer en rébellion contre les Occidentaux.
Alors, avec l'aide d'interprètes, les agents des Etats-Unis sillonnent le pays et repèrent les chefs qui veulent bien se laisser acheter.
C'est ainsi que ce leader d'une soixantaine d'années est débusqué. Il a quatre épouses, comme la plupart des chefs afghans. La religion musulmane autorise la polygamie et le nombre de femmes est le meilleur moyen de prouver son pouvoir.
Mais le chef en question a des épouses jeunes... Et, comme (presque) tout le monde, il avait déjà entendu parler des bienfaits de la pilule bleue, qui reste cependant introuvable hors de Kaboul.
éviter les cadeaux voyants
Quelques jours plus tard, quand l'Américain est de retour dans le village, il a droit à un accueil triomphal. Le chef est ravi de ses performances sexuelles. Non seulement il est physiquement satisfait, mais il a regagné l'estime de ses femmes!
L'agent de la CIA reçoit toutes les informations possibles sur les routes qu'empruntent les talibans dans ce maquis.
Dans ce pays où tout est délabré, des hôpitaux en passant par les écoles, et où l'approvisionnement est un problème le plus souvent insoluble après bientôt trois décennies de guerre, les Américains pourraient certes corrompre autrement les responsables locaux. Mais leur souci est de passer inaperçus. «Si on leur donne de l'argent, ils se précipitent pour s'offrir des choses clinquantes, comme des bijoux, des voitures ou des armes très voyantes. Tout le monde pourrait ainsi voir qu'ils sont corrompus et les islamistes vont les éviter, ce qui ne manquera pas de tarir les sources d'informations», explique l'agent.
«Alors nous offrons des cadeaux peu visibles, tels des soins médicaux, des voyages à l'étranger ou encore des possibilités de scolarisation pour les proches des chefs afghans.»
Le Viagra n'est donc qu'un moyen de soudoyer parmi d'autres. Il n'est utilisé qu'avec des personnes en bonne santé pour qu'il n'y ait pas de rancoeur en cas de complication pour la santé, conclut l'espion américain.