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Désinformation, secret et ruse : genèse de l’offensive contre Gaza

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  • Désinformation, secret et ruse : genèse de l’offensive contre Gaza

    28/12/08

    Haaretz

    Texte original : "Disinformation, secrecy and lies : How the Gaza offensive came about".

    Traduction française : Menahem Macina


    Préparatifs de longue date, minutieuse collecte de renseignements, diversion opérationnelle et désinformation du public – telles sont les mesures qui ont présidé à l’opération « coulée de plomb », de Tsahal, contre des objectifs du Hamas dans la bande de Gaza, qui a débuté samedi matin.

    Selon les fonctionnaires de la Défense, l’opération de désinformation a pris le Hamas par surprise et a contribué à accroître de manière significative les pertes dues à l’attaque.

    Des informations provenant des milieux de la Défense font état de ce que le ministre de la Défense, Ehud Barak, a chargé Tsahal de préparer cette opération, il y a plus de six mois, alors même qu’Israël ouvrait des négociations avec le Hamas en vue d’un cessez-le-feu. Selon ces sources, Barak soutenait que malgré le fait que l’accalmie permettrait au Hamas de préparer une confrontation avec Israël, l’armée israélienne avait besoin de temps pour se préparer, il avait également donné l’ordre d’entreprendre une vaste collecte de renseignements afin de faire un inventaire de l’infrastructure sécuritaire du Hamas, parallèlement à celle d’autres organisations actives dans la bande de Gaza.

    Cet effort de collecte de renseignements a permis d’obtenir des informations sur les bases permanentes, les dépôts d’armes, les camps d’entraînement, les habitations des hauts fonctionnaires et les coordonnées d’autres installations.

    Le plan d’action mis en œuvre dans l’Opération "Coulée de Plomb" est seulement resté à l’état de projet jusqu’à il y a un mois, lorsque les tensions se sont intensifiées après que Tsahal ait fait une incursion dans Gaza durant le cessez-le-feu, pour détruire un tunnel dont l’armée estimait qu’il avait pour but de faciliter une attaque menée par des militants palestiniens contre des soldats israéliens.

    Le 19 novembre, suite à des salves de dizaines de fusées Qassam qui explosèrent sur le sol israélien, Barak soumit le plan à l’approbation finale du gouvernement. Jeudi dernier, 18 décembre, le Premier ministre, Ehud Olmert, et le ministre de la Défense se rencontrèrent au quartier général de Tsahal au centre de Tel-Aviv, pour approuver l’opération.

    Toutefois, ils décidèrent de mettre l’opération en suspens pour voir si le Hamas s’abstiendrait de tirer après l’expiration du cessez-le-feu. Ils reportèrent donc la présentation du plan à l’approbation du cabinet, mais informèrent la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, des développements.

    Ce soir-là, des sources du Bureau du Premier ministre firent savoir à la presse que « si les tirs en provenance de Gaza continuaient, la confrontation avec le Hamas serait inévitable ».

    Durant le week-end, quelques ministres lui reprochèrent vivement, ainsi qu’à Barak, de ne pas lancer de représailles aux tirs de Qassam du Hamas.
    « Ce bavardage aurait rendu impossibles l’opération d’Entebbe ou la Guerre des Six Jours », déclara Barak, en réponse à ces accusations. Finalement, le Cabinet se réunit le mercredi [24 décembre], mais le Bureau du Premier ministre émit une fausse information en affirmant que la discussion aurait pour objet le djihad global. C’est ce matin-là seulement que les ministres apprirent que la discussion aurait en réalité pour thème l’opération à Gaza.

    Dans sa présentation des grandes lignes de la discussion au sein du Cabinet, le Bureau du Premier ministre consacra une ligne à la situation à Gaza, contre une page entière dédiée à la mise hors-la-loi de 35 organisations islamiques.

    En fait, la réunion du cabinet consista en une discussion de cinq heures concernant l’opération ; les ministres furent mis au courant des différents projets et plans d’action. « Ce fut un examen très détaillé de la situation », dit un ministre, qui ajouta : « Chacun comprit pleinement dans quelle direction nous nous engagions et à quelles sortes de scénarios cela pouvait mener. Personne ne put dire qu’il/elle ignorait ce sur quoi il allait voter. »

    Le ministre dit également que la discussion montra que les leçons du Comité Winograd sur le processus de prise de décision, durant la Seconde Guerre du Liban de 2006, avaient été « entièrement assimilées »
    A la fin de la discussion, les ministres votèrent unanimement en faveur de l’attaque, laissant au Premier ministre, au ministre de la Défense et à la ministre des Affaires étrangères le soin de fixer le moment précis de son déclenchement.

    Tandis que Barak peaufinait les derniers détails avec les officiers responsables de l’opération, Livni se rendait au Caire pour informer le président égyptien, Hosni Mubarak, qu’Israël avait décidé de frapper le Hamas.

    Parallèlement, Israël continua à désinformer en annonçant qu’il allait ouvrir les points de passage vers la bande de Gaza et que Olmert déciderait s’il y avait lieu de lancer des frappes après trois délibérations supplémentaires le dimanche, soit un jour après que l’ordre de lancer l’opération fut donné, en réalité.

    « Le Hamas évacua tout le personnel de son quartier général après la réunion de Cabinet de mercredi », dit un fonctionnaire de la Défense, « mais l’organisation les y renvoya quand elle apprit que tout était suspendu jusqu’à dimanche. »

    La décision finale fut prise le vendredi matin, quand Barak rencontra le Chef d’Etat-major, le général Gaby Ashkenazi, le chef du service de sécurité du Shin Bet, Yuval Diskin, et le chef de la Direction du Renseignement, Amos Yadlin. Quelques heures plus tard, Barak s’entretint avec Olmert et Livni, lors d’une réunion finale au cours de laquelle les trois donnèrent les ordres à l’aviation.

    Vendredi soir et samedi matin, les chefs de l’opposition et des personnalités politiques éminentes furent informés de l’attaque imminente, en ce compris le président du Likoud, Benjamin Netaniahu, Avigdor Lieberman d’Israel Beitenu, Haïm Oron de Meretz et le Président Shimon Peres, conjointement à la présidente de la Knesset, Dalia Itzik.

    Barak Ravid

    © Haaretz
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