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Le patronat algérien se lézarde

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  • Le patronat algérien se lézarde

    Le FCE est depuis plusieurs années l’interlocuteur agréé des autres organisations patronales dans le monde. De ses flancs vient de sortir l’UNI. Un cercle de réflexion ? Plutôt une redistribution des cartes impulsée par le pouvoir politique.

    L’annonce fin novembre dernier de la naissance d’une nouvelle association patronale a surpris le monde des affaires à Alger. L’Union nationale des investisseurs, l’UNI, se veut selon ses fondateurs « un cercle de réflexion autour de l’investissement ». On trouve cependant parmi les promoteurs de l’UNI des acteurs de poids au sein du Forum des chefs d’entreprises (FCE), l’organisation phare des employeurs, qui regroupe près de 120 membres, parmi les plus importants capitaines d’industries. L’UNI est-elle alors une scission du FCE qui ne dit pas son nom ? Ses membres fondateurs s’en défendent. Le plus en vue parmi eux, Abdelhouab Rahim, refuse, pour l’heure, de s’exprimer à la presse. La première réunion de mise en route du projet a bien eu lieu dans son fief de l’hôtel Hilton à l’est de la baie d’Alger – son groupe Arcofina s’apprête à l’aménager dans un mégaprojet immobilier Alger-Medina –, mais l’identité de quelques-uns des autres initiateurs de l’UNI laisse à penser que « les gagnants des années Bouteflika se sont mis seuls. Sans doute pour soutenir clairement son troisième mandat et continuer à bénéficier tout aussi clairement des retombées » estime un consultant qui a travaillé pour le FCE. Des cotes montantes des dernières années, comme le numéro un des travaux publics Ali Hattab, des établissements du même nom, et l’industriel Mustapha Ait Adjedjou, président du groupe pharmaceutique privé LPA, sont fondateurs de l’UNI.

    En 2004, Rebrab avait claqué la porte

    La donne politique est bien sûr la première qui vient à l’esprit avec la naissance surprise de l’UNI. Début 2004, le patron algérien numéro un, Issad Rebrab (Cevital) avait claqué la porte de la direction du FCE en plein travaux. Il n’était pas d’accord avec le soutien qu’une majorité de membres voulaient apporter à la candidature du président Bouteflika face à son ancien Premier ministre Ali Benflis. Le FCE a tout de même basculé du côté présidentiel et Issad Rebrab, repenti de son opposition au vainqueur des élections présidentielles d’avril 2004, est revenu au FCE. L’approche d’échéances semblables, en avril prochain, provoque des tensions au-delà des partis politiques. Le camp présidentiel veut mobiliser toutes les organisations possibles pour soutenir un troisième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. La participation d’une dizaine de membres du FCE à une nouvelle organisation qui poursuit des objectifs similaires à ceux du FCE, ne peut cependant pas être totalement réduite à cette fonction politique ponctuelle. D’autant que rien n’indique que le FCE, qui a longtemps traîné des pieds avant d’appeler à voter Bouteflika, ne va pas annoncer sans résistance, cette fois, son alignement sur le troisième mandat. Une hypothèse à mettre en balance avec le désamour affiché lors des dernières assemblées générales du FCE, où la gestion économique des années Bouteflika a subi une volée de bois vert. « Seules les entreprises étrangères ont profité du pétrole à 100 dollars. Les Algériens n’existent pas » dénonçait, dans un huis clos à l’hôtel Aurassi, un ancien soutien de Bouteflika, homme d’affaires connu à l’ouest du pays, d’où est également originaire le président algérien.

    Un échec pour Réda Hamiani

    L’affaiblissement de fait du FCE, avec la naissance de l’UNI, est un revers personnel pour Réda Hamiani, son président depuis février 2007. Abdelouhab Rahim est un proche de Réda Hamiani, dont il a épousé la sœur Soraya, brillante femme d’affaires qui a beaucoup contribué à la prospérité du groupe Arcofina, principalement détenu par son mari. Il se dit d’ailleurs à Alger que la naissance de l’UNI a provoqué un esclandre dans le ménage des Rahim. L’UNI, soutenue par des hommes d’affaires qui se sont énormément développés durant les années 2000, marque une sorte de rupture générationnelle au sein du patronat algérien. B. Said, chercheur au Ceneap (économie appliquée), résume la situation : « les anciennes fortunes sont débordées sur leur flanc opportuniste ».

    Par Samy Injar, Alger

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