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Le Sénat se défausse sur Rumsfeld pour les tortures

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  • Le Sénat se défausse sur Rumsfeld pour les tortures

    États-Unis . Positions stressantes, privation de sommeil ou simulation de noyade : les sévices sur les détenus ont été autorisés par l’ex-secrétaire à la Défense, estiment les sénateurs.

    Genève (Suisse), correspondance particulière.

    Après près de deux années d’enquêtes et d’auditions, la commission sénatoriale américaine des Forces armées vient, il y a quelques jours, de publier un rapport-réquisitoire accablant sur le rôle du département de la Défense et de la hiérarchie politique et militaire états-unienne dans la pratique de la torture et des mauvais traitements infligés à des prisonniers en détention au camp de Guantanamo, en Afghanistan et en Irak.

    le faucon en chef des années Bush

    C’est la toute première fois qu’une instance nationale aussi importante que cette commission - qui donc parle au nom du Sénat - transfère la responsabilité de tels actes directement au plus haut niveau politique, notamment sur la personne de Donald Rumsfeld, le faucon néoconservateur en chef de la Défense pour la majeure partie des années Bush, et du commandement de l’armée. Le rapport condamne ainsi - c’est là tout son intérêt - le système de valeurs et de traitements mis en place et approuvé au plus haut niveau, transmis et appliqué depuis les échelons du commandement jusqu’à la base. Malgré même une résistance initiale de l’armée. Qui plus est, ce rapport a été contresigné « des deux côtés de l’aile », comme on dit pour le Sénat, c’est-à-dire par les représentants des deux grands partis, démocrates et républicains. C’est le vieux sénateur Carl Levin (du Michigan) qui menait l’opération pour les démocrates. Son collègue républicain n’était autre que le candidat malheureux à la présidence, John McCain, qui fut lui-même longtemps prisonnier de guerre au Vietnam. C’est d’ailleurs probablement pour avoir vécu une telle expérience que ce dernier s’est toujours durement opposé à l’administration républicaine de Bush et à ses faucons quant au non-respect des conventions de Genève (qui régissent les droits et devoirs des belligérants en temps de guerre) par son pays.

    Le rapport présente, de fait, une minutieuse enquête sur les tortures et autres traitements dégradants infligés, au nom de la lutte contre le terrorisme, dans les centres de détention américains à travers le monde. Il relève notamment que « les abus observés à Abu Gharib et ailleurs (comme à Bagram en Afghanistan, et auparavant à Guantanamo - NDLR) n’étaient pas simplement le résultat des actes de quelques soldats agissant de leur pro-pre gré », mais que leur origine doit être cherchée directement dans la doctrine et les méthodes d’interrogatoire « approuvées par Donald Rumsfeld lui-même et d’autres hauts responsables (jusqu’au toujours impénitent vice-président Dick Cheney, lequel vient de répéter dans une interview que si c’était à refaire il referait la même chose. Sans oublier la hiérarchie de l’armée - NDLR), qui ont banalisé l’idée que les méthodes physiques dégradantes constituaient une manière appropriée de traiter les détenus ». En fait, après l’aval des autorités juridiques de l’administration Bush (comme le futur ministre de la Justice Alberto Gonzalez), Donald Rumsfeld et ses acolytes ont sciemment choisi de contourner et d’ignorer les stipulations des conventions de Genève.

    l’humiliation et
    la nudité forcée…

    Certes, après avoir approuvé, à la fin de 2002, les méthodes d’interrogatoire les plus dures (physiques, tel l’étouf-
    fement à l’eau, et psychologiques, telles la nudité forcée, l’humiliation et les privations sensorielles), Rumsfeld a officiellement revu sa directive (l’administration Bush s’en est d’ailleurs exonérée récemment, pour empêcher toute poursuite judiciaire ultérieure à l’encontre de ses responsables). Pour le rapport, c’était trop tard et pas assez, le mal était fait : les mauvais traitements ont continué de se répandre comme une traînée de poudre dans l’armée et ses prisons. Une catastrophe à plus d’un titre, relève le rapport, qui écrit : « Nous avons réduit notre capacité de réunir des renseignements fiables permettant de sauver des vies ; nous avons renforcé nos ennemis et compromis notre autorité morale… »

    Ramine Abadie
    l'Humanité
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