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Que retenir de l’année 2008 sur le plan économique ?

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  • Que retenir de l’année 2008 sur le plan économique ?

    2008 l’économique l’année de toutes les incapacités

    L’inquiétude perceptible, difficile à juguler, sur la capacité de l’Algérie à poursuivre son développement, la crise financière internationale planant.
    Alors que l’année 2008 s’achève dans quelques heures, une rétrospective des douze mois écoulés s’avère opportune, au moins sur le plan économique. Un récapitulatif loin de se réduire aux éphémérides ou l’énumération détaillée des faits et événements de cette année.
    Il s’agit plutôt de constater que 2008 n’a pas été l’année attendue pour le boom des investissements étrangers dans notre pays et la finalisation des programmes de développement lancés. A contrario, les douze mois passés ont conforté l’assertion que notre pays peine à avancer, malgré son importante aisance financière.

    Les disponibilités financières existent

    Et à propos d’aisance, les chiffres officiels sont éloquents : des recettes d’exportation d’hydrocarbures dépassant les 75 milliards de dollars. Hors hydrocarbures, les recettes sont évaluées à 2 milliards de dollars. Mais aussi des réserves de change estimées à 138 milliards de dollars, dont la gestion censée être sécurisée soulève toutefois des questionnements.
    Il est aussi question de surliquidités, notamment bancaires, évaluées à 33 milliards de dollars (2 481 milliards de dinars) et des disponibilités du Fonds de régulation des recettes (FRR) à près de 60 milliards de dollars (4 125 milliards de dinars)…
    D’autres chiffres avancés se veulent également rassurants : un endettement externe réduit à moins de 4 milliards de dollars, une dette interne ramenée à près de 733 milliards de dinars… En termes de croissance économique, des taux de 6% hors hydrocarbures et 4,9% globalement sont avancés.
    Cela même si la conjoncture fait état aussi d’un record des importations à plus de 34 milliards de dollars, dont plus de 2 milliards en véhicules neufs. A ce propos, rappelons l’imposition d’une double taxe sur le chiffre d’affaires des concessionnaires automobiles et sur la cylindrée des véhicules.
    La conjoncture cite aussi une inflation évaluée entre 4,2 et 4,3%, d’un taux de chômage estimé à 11,8%. Et nonobstant la controverse sur le degré de pertinence et de crédibilité de ces taux, et l’effet mitigé de la baisse des cours de certains biens et matières premières dans le monde sur le commerce national.

    Les signaux de l’inaptitude nationale

    Toutefois, des indicateurs financiers qui constituent un leurre au regard d’une réalité différente, faite certes de paupérisation et de pauvreté aggravée mais aussi d’une incapacité devenue structurelle de l’Algérie à mener des réformes économiques structurelles.
    Des réformes concernant surtout le secteur industriel qui patine encore dans son développement, la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie de relance semblant inaboutie.
    Cela même si une trentaine d’opérations de privatisation ont été annoncées finalisées l’année écoulée. Une inaptitude aussi touchant l’attractivité de notre pays aux investissements étrangers. Déjà que des investissements, notamment arabes, projetés dans notre pays, des montants allant jusqu’à 50 milliards de dollars ayant été avancés, peu de projets ont été réellement mis en branle.
    Quoique la cession de certaines infrastructures portuaires à un opérateur émirati pourrait compenser le retard dans la réalisation de projets d’autres opérateurs du même pays. Voire que l’Algérie n’a pas attiré effectivement d’investissements étrangers, les mesures protectionnistes mises en œuvre par le gouvernement durant le troisième trimestre ((relatives à la concession du foncier industriel, l’imposition des bénéfices transférables des sociétés étrangères, la participation majoritaire de l’Etat ou de ses démembrements dans les projets en partenariat….) y étant certainement pour quelque chose. Sans rappeler les errements connus de la gouvernance à l’algérienne, la corruption galopante, la bureaucratie et l’art des atermoiements.

    D’autres clignotants au rouge

    Une incapacité qui affecte également le secteur bancaire, la modernisation du système de paiement ne portant pas encore ses fruits, le processus de privatisation du Crédit populaire d’Algérie(CPA) ayant été suspendu. Et même si l’expansion de la place bancaire relève davantage de l’action des banques étrangères installées dans notre pays.
    Une inaptitude aussi à mener le processus d’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), un processus toujours dans sa phase finale depuis belle lurette, et même si le gouvernement avance l’argument imparable du refus des concessions souhaitées par nos partenaires.
    Une incapacité également sur le plan social où, en dépit de la revalorisation salariale et des pensions concrétisées, la finalisation des statuts particuliers de la Fonction publique ainsi que la révision des régimes indemnitaires patinent clairement.

    La crise financière, événement phare de 2008

    Une conjoncture trompe-l’œil puisqu’elle démontre l’incapacité de l’Algérie à se libérer de sa dépendance aux hydrocarbures et de la rhétorique de l’après-pétrole, une dépendance devenue également une contrainte structurelle.
    Si l’année 2008 a vu les cours du pétrole atteindre des niveaux record (147,5 dollars le baril en juillet), cette année a également vu ces prix dégringoler en moins de quatre mois à presque 30 dollars et fluctuer aux alentours des 40 à 50 dollars. Des fluctuations dues tant à l’action spéculative qu’aux répercussions de la crise financière internationale, l’événement phare de l’année écoulée.
    Une crise qui a débuté avec la perturbation du système du crédit hypothécaire américain, s’aggravant par la contraction des crédits bancaires et atteignant son paroxysme au quatrième trimestre 2008, avec la faillite de plusieurs établissements bancaires et l’entrée de plusieurs économies, tant l’américaine et l’européenne que celles chinoise et japonaise en récession avérée.

    L’Algérie à l’abri de la crise !

    Une crise qui se traduit par une demande pétrolière en forte baisse et, donc, des revenus moindres pour les pays producteurs et exportateurs de pétrole. Des pays dont une organisation représentative (l’Opep) a tenté, vaille que vaille, d’œuvrer à juguler la forte baisse des cours en réduisant en quatre mois sa production globale de 4,2 millions de barils/jour, mais sans résultats réels.
    Ce qui est souhaité ne pas arriver à la nouvelle organisation des pays exportateurs de gaz dont la création a été entérinée la semaine dernière et qui compte dans ses rangs notre pays.
    Or, une crise financière dont l’Algérie serait à l’abri, ne cessent de clamer nos hautes autorités (Banque d’Algérie et membres du gouvernement), pendant quelques années. Ce délai allant de 2 ans selon les uns à 5 ans pour d’autres (notamment le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dont le discours ambivalent prête, néanmoins, à controverse).
    Et cela même si d’aucuns pourraient relever la baisse de la production pétrolière en Algérie, malgré le nombre de découvertes d’hydrocarbures faites, ainsi que le semi-échec du récent appel d’offres pour l’attribution de blocs.
    Ainsi que la perte de 5 milliards de dollars de recettes en moins d’un semestre du fait de la baisse des cours du pétrole. En notant, au passage, que le prix de référence budgétaire a été modifié en 2008 à 37 dollars le baril de pétrole au lieu de 19 dollars comme c’était le cas auparavant.

    Comment financer le programme de développement ?

    Mais une crise financière qui pose surtout le problème de la capacité du pays à assurer son développement, les résultats du programme quinquennal de soutien à la croissance (2005-2009), et financé à hauteur de 140 milliards de dollars sur concours budgétaire n’étaient pas tous au rendez- vous en 2008.
    Que ce soit dans le secteur des travaux publics ou dans celui du logement, en dépit des assurances de bon aloi des membres du gouvernement. Or, la crise financière a accru l’inquiétude, difficile à calmer, sur les projets de développement, en ces temps de «vaches maigres», pour paraphraser le président de la République ou son conseiller économique, Abdelatif Benachenhou.
    Ainsi, le troisième plan de relance (2009-2014), évalué à plus de 100 milliards de dollars, voire à 150 milliards de dollars, et dont le Premier ministre a récemment fait l’annonce, pourra-t- il être réalisé ?
    Et comment sera-t-il financé sans recourir aux disponibilités financières existantes (liquidités du FRR et réserves de change notamment pour compenser le déficit budgétaire et la couverture des besoins d’importation) ? En d’autres termes, notre pays risque de dépenser en 2009-2010 ce qu’il a engrangé en 2008. Et c’est en cela que 2008 a été l’année, une autre année, des incertitudes, des incapacités avérées.


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