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Farouk Tedjar recycle piles et batteries en puisant dans les nouvelles mines urbaine.

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  • Farouk Tedjar recycle piles et batteries en puisant dans les nouvelles mines urbaine.

    INVENTEURS, PENSEURS, CHERCHEURS, ILS EXPLORENT DE NOUVELLES PISTES, QUI CONVERGENT VERS UN BUT COMMUN : VIVRE MIEUX DEMAIN SANS HYPOTHÉQUER LES CHANCES DES FUTURES GÉNÉRATIONS D'EN FAIRE AUTANT

    À la réflexion, c'est peut-être à son père, électricien à Sétif en Algérie, qu'il doit sa vocation. D'aussi loin qu'il se souvienne, Farouk Tedjar s'est toujours passionné pour les phénomènes électrochimiques. "Quand j'étais gamin, je mettais des piles dans l'eau de Javel, raconte-t-il. Je regardais le dégagement de chlore. C'était dangereux et rigolo." Il poursuit aujourd'hui ses expériences pour recycler piles et batteries, avec un oeil sur d'autres déchets à valoriser, les écrans plats et les panneaux photovoltaïques.

    Farouk Tedjar est un pionnier de la récupération des piles et des accumulateurs, comme l'indique le nom de la société, Recupyl, dont il est le président-fondateur. Basée près de Grenoble, cette start-up créée il y a une dizaine d'années vient de lever 14,5 millions d'euros afin de poursuivre son développement au niveau international.

    Le procédé développé par Farouk Tedjar, qui mêle traitements mécanique et chimique, fonctionne à température ambiante, ce qui réduit les émissions de gaz à effet de serre. "Depuis la nuit des temps, on purifie par le feu. J'ai décidé de rompre avec cette pratique", lâche-t-il. Surtout, les taux de recyclage des métaux atteints sont importants. Le poids récupéré se situe entre 55 % pour les piles et 70 % pour les batteries de voitures.

    Là réside sa grande idée, l'exploitation de ce qu'il nomme "la nouvelle mine urbaine : trois tonnes de piles dans une déchetterie, c'est un gisement". Pourquoi se donner la peine d'aller puiser dans les lacs des hauts plateaux andains du lithium qui s'y trouve à des concentrations ridicules de 500 mg par litre de saumure, quand il est possible de récupérer presque 98 % de ce métal dans des batteries usagées ?

    Assis sur une mine de lithium, Farouk Tedjar ? Il préférerait siéger sur une mine de platine : pour lui, ce catalyseur, indispensable au fonctionnement des piles à combustible, sera le métal du futur pour le véhicule propre. "On va assister au même phénomène que pour les batteries lithium-ion, qui étaient réputées trop chères il y a dix ans, et qu'on trouve désormais dans tous les objets nomades", prédit-il.

    Agé de 58 ans, l'homme parle en expert. Ingénieur dans une usine de piles et de batteries en Algérie après sa sortie de l'Ecole nationale d'électrochimie de Grenoble, il a ensuite dirigé l'Institut de chimie de l'université de Sétif, tout en conservant des collaborations avec la France. Dans les années 1990, quand l'Algérie s'enfonce dans la terreur, il décide de revenir en Isère, comme chercheur au laboratoire d'électrochimie de Grenoble.

    C'est là, en parcourant un article du Dauphiné Libéré qui évoque le recyclage de piles en Suisse, que lui vient en 1994 l'idée de se lancer "dans le business". "Quand je dialogue avec les universitaires, ils me reprochent de parler rentabilité. Quand je discute avec les industriels, ils s'étonnent que je veuille toujours plus de vérifications expérimentales", explique-t-il, "fier" d'être à la frontière des deux mondes.

    Recupyl est désormais en phase de croissance. Six personnes ont été embauchées en 2008, dix autres suivront en 2009. Le chiffre d'affaires n'est encore que de 2 millions d'euros, "mais on est au pied de la courbe", assure M. Tedjar. Des unités de traitement ont été ouvertes à Singapour, en Grande-Bretagne, en Espagne et au Mexique. Jamais loin des lieux de collecte, pour éviter les transports de déchets et construire "une solidarité dans le réseau", qui incite en retour à la collecte. Boucler un cycle, là encore. "L'environnement est un domaine où la pédagogie est importante", souligne le professeur d'électrochimie.

    Hervé Morin
    31.12.08. Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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