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La Russie relance la guerre du gaz

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    La décision de la Russie d'interrompre une nouvelle fois ses livraisons de gaz à l'Ukraine met en lumière le besoin urgent pour l'Europe de réduire sa dépendance au gaz russe, le différend récurrent entre Kiev et Moscou ne semblant pas prêt de se régler.

    Le géant gazier russe Gazprom a interrompu jeudi, au beau milieu de l'hiver, ses livraisons de gaz à l'Ukraine pour la deuxième fois en trois ans, en raison d'un différend sur la nouvelle politique tarifaire et les arriérés que Gazprom réclame à Kiev.

    Bien que les deux parties aient assuré que l'approvisionnement de l'Europe ne serait pas affecté, le continent demeure vulnérable, l'Union européenne recevant un cinquième de son gaz par des gazoducs traversant l'Ukraine. Un différend similaire en 2006 avait provoqué de légères perturbations sur l'approvisionnement des marchés européens.

    L'Union européenne a appelé à un règlement rapide du conflit et demandé à Moscou et Kiev de s'entendre sur une solution qui mette un terme définitif à leur différend. Mais de l'avis des analystes, le débat sur les prix ne constitue qu'une partie du problème.

    "Ils ont eu trois ans pour trouver un arrangement avec l'Ukraine et ils auraient pu évidemment interrompre l'approvisionnement en gaz à n'importe quel moment pendant l'été", note Dieter Helm, professeur de politique énergétique à l'université d'Oxford. "Ils ont choisi le 1er janvier pour accentuer le problème".

    "Cela montre que la politique joue un rôle de premier plan dans la question des livraisons de gaz russe (...) (Le Premier ministre russe Vladimir) Poutine va pouvoir observer jusqu'où l'UE va le laisser mener sa politique vis-à-vis de l'Ukraine (...) et le désir des Européens de se diversifier pour réduire leur dépendance croissante au gaz russe va se renforcer", ajoute-t-il.

    INSTRUMENT POLITIQUE

    Selon les analystes, la Russie se sert de sa position de fournisseur numéro un de gaz dans le monde comme instrument politique. Mais certains mettent en cause également le refus de l'Ukraine d'honorer ses factures dans les temps et de payer un prix comparable à celui des Européens.

    "L'Ukraine doit simplement payer ce qu'elle a accepté de payer à la date à laquelle il est précisé dans le contrat qu'elle doit payer", souligne Jonathan Stern, directeur des recherches sur le gaz à l'Institut d'Oxford d'études énergétiques.

    "Si l'Ukraine refuse de se comporter de manière correcte dans ses relations commerciales, nous nous retrouverons chaque année dans la même situation", ajoute-t-il.

    Stern souligne que bien que l'Ukraine ait assuré qu'elle n'avait pas l'intention de détourner une partie des livraisons de gaz russe à destination des Européens, elle en a techniquement la possibilité.

    "L'Ukraine a la capacité, même si elle n'en a pas le droit contractuellement, de prendre le gaz destiné à l'Europe et personne ne peut l'en empêcher", dit-il.

    Trois ans après un différend similaire entre Kiev et Moscou, la sécurité énergétique de l'Europe est encore fortement dépendante du transit du gaz sur le territoire ukrainien.

    DÉPENDANCE CROISSANTE AU GAZ

    Le recours croissant au gaz pour la production d'électricité, avec la fermeture des anciennes centrales à charbon et de centrales nucléaires, menace d'accroître la dépendance de l'Europe au gaz pour répondre à ses besoins en énergie.

    Des projets destinés à diversifier les itinéraires de transit doivent encore attendre plusieurs années avant de se concrétiser. Le Nord Stream, un projet soutenu par l'UE et visant à construire un nouveau réseau de gazoducs contournant l'Ukraine progresse lentement, certains Etats membres y étant opposés.

    Un petit nombre de terminaux de gaz naturel liquéfié ont ouvert au cours de ces trois dernières années mais leur coût demeure élevé.

    Les réserves de gaz dans la plupart des pays européens, y compris l'Ukraine, sont plus élevées cette année que l'hiver dernier en raison de la baisse de la demande.

    Mais si les fournisseurs d'énergie étaient obligés d'utiliser une grande quantité de ces réserves pour faire face aux besoins en cas d'une baisse de leur approvisionnement en gaz russe, la facture de gaz risquerait d'augmenter.

    "L'Europe devrait avoir suffisamment de gaz pour surmonter plusieurs jours de perturbations, peut-être même une semaine", estime Andrew Morris, directeur du département gaz européen à Poyri Energy Consulting. "Toutefois, une grande partie du gaz stocké est destiné aux vagues de froid pendant l'hiver, donc on hésite à l'utiliser en grande quantité, c'est pourquoi un tel incident provoquerait une forte hausse des prix dans le nord-ouest de l'Europe", dit-il.

    source : Reuters
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