Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Florence Beaugé, Algérie, une guerre sans gloire

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Florence Beaugé, Algérie, une guerre sans gloire

    il y en a des livres sur la guerre d'algérie mais celui-ci retrace l'enquête d'une journaliste du Monde qui sans le vouloir à l'époque avait relancé le débat sur cette guerre en France...
    Toujours ouverts, toujours veillants les yeux de mon âme.

    Dionysios Solomos

  • #2
    Bonjour Amarimaa,


    Peux-u nous en dire un peu plus ? Merci d'avance

    Commentaire


    • #3
      elle avait commencé par interviewer une ex-moujahida Louisette Ifighaliz, sur les tortures qu'elle a subies et puis elle s'est retrouvé à interviewer massu, bigeard qui pour la première fois reconnaissait l'usage de la torture...c'était en 2000. l'usage de la torture avait déjà été reconnu mais c'est la première fos que des généraux l'admettaient...de cet épisode elle en vient à parler de Le pen, des meurtres et tortures qu'il a commis, et de bien d'autres...
      Toujours ouverts, toujours veillants les yeux de mon âme.

      Dionysios Solomos

      Commentaire


      • #4
        Ighilahriz

        Commentaire


        • #5
          oui mais moi tous ces z ça m'embrouille!!
          Toujours ouverts, toujours veillants les yeux de mon âme.

          Dionysios Solomos

          Commentaire


          • #6
            Gege : L'armée est-elle neutre, selon vous, dans ces élections ?

            Florence Beaugé : C'est la grande question. Et moi, je la poserai différemment. Je dirais : est-elle neutre ou a-t-elle été neutralisée ? Est-ce vraiment son choix de ne pas intervenir ou est-elle d'une certaine façon ligotée, d'une part, par le président Bouteflika, qui a décidé de se représenter contre son avis à elle (l'armée) et, d'autre part, par des puissances occultes que j'appellerais des puissances de l'argent, des cercles plus ou moins mafieux qui commenceraient à avoir aujourd'hui, en Algérie, plus de pouvoirs encore que l'armée ? L'autre interrogation : l'armée est-elle vraiment neutre alors qu'en amont de l'élection, l'administration algérienne, elle, n'a pas été neutre dans la préparation de ce scrutin ? Elle est restée au service du président en place, elle s'est engouffrée dans le vide qu'avait laissé l'armée en se retirant du jeu politique. En d'autres termes, l'armée, en laissant faire tous les abus de l'administration et l'instrumentalisation de la justice, en particulier ces derniers mois, au profit du candidat Bouteflika, n'est-elle pas en fait en train, par sa complicité, de favoriser le président sortant ?

            LA FORCE GRANDISSANTE DES MAFIEUX

            Okay : Si l'armée a été neutralisée, alors par qui selon vous ?

            Florence Beaugé : L'armée a trouvé face à elle un homme qui lui a résisté : le président Bouteflika. Elle ne voulait plus de Bouteflika pour un nouveau mandat, cela ne fait pas de doute. Lui a décidé de se représenter malgré tout, et l'armée a tellement peur d'être une fois encore accusée d'intervenir dans le jeu politique - Bouteflika ne manquerait pas de jouer de cette corde sensible - qu'elle préfère ne rien faire. L'autre élément qui neutralise l'armée, et que j'évoquais tout à l'heure, ce sont ces puissances de l'argent, c'est-à-dire ce pouvoir plus ou moins mafieux qu'on devine dans l'ombre et qui a pris une force grandissante en Algérie ces dernières années, au point d'être peut-être plus puissant aujourd'hui que l'armée. Et ce pouvoir mafieux peut lui aussi être une explication de la neutralisation de l'armée.

            Karim : Qui sont ces cercles mafieux que vous mentionnez sinon des gens issus de l'armée ?

            Florence Beaugé : C'est un vieux schéma que de dire que les cercles mafieux = l'armée. Ça ne me paraît pas nécessairement vrai. Certains responsables de l'armée ont des liens avec ces cercles mafieux, mais on ne peut certainement pas dire que tous les mafieux sont des généraux. Ces cercles mafieux sont des gros trabendistes (trafiquants), des nouveaux riches qui sont apparus ces dernières années, dont on ne connaît pas toujours le nom, mais dont on sait qu'ils ont leurs relais dans la classe politique. Par exemple, il y a certains députés au Parlement qui affichent une étiquette politique pour un parti ou un autre, et qui, en réalité, ne sont pas au service du parti politique, et surtout de l'électorat qui les a élus, mais de l'un de ces mafieux qui les ont achetés à coups de milliards. Cela paraît complexe comme réponse, mais moi-même je ne comprends pas tout et découvre tout cela au fur et à mesure. Il y a une "ligne rouge" de ce côté-là pour les journalistes.

            Karim : Où est le pouvoir décisionnaire en Algérie s'il n'est plus aux mains de l'armée ?

            Florence Beaugé : Question vraiment intéressante. Le pouvoir est éclaté en différents cercles. Jusqu'à une date récente, on disait : il y a le pouvoir apparent, c'est-à-dire le pouvoir civil, et il y a le pouvoir réel, c'est-à-dire l'armée. C'était déjà un peu sommaire comme définition. Mais maintenant, les choses sont plus complexes car avec ce pouvoir politico-mafieux, obscur, qu'on devine dans les coulisses, on comprend qu'il y a un troisième centre de pouvoir, qui sont les intérêts économiques. Pour résumer, j'ai l'impression qu'il y a trois centres de pouvoir : le pouvoir civil, qui, à mon avis, a un pouvoir grandissant ; le pouvoir mafieux, un pouvoir que j'ai du mal à évaluer mais à mon avis grandissant également ; et le pouvoir militaire, qui, lui, à mon avis, est plutôt déclinant, ne serait-ce que parce que l'armée elle-même n'est plus vraiment un bloc monolithique et qu'elle est divisée sur la gestion et l'avenir du pays. Certains généraux, par exemple, soutiennent Bouteflika, d'autres ne le supportent pas et s'y opposent vivement, et d'autres encore ne le supportent pas mais sont tout à fait favorables à sa réélection. C'est toute la complexité de ce que l'on appelle le "système" algérien et d'un pays dans lequel, il ne faut pas l'oublier, la sécurité militaire est omniprésente. L'un des candidats à la présidentielle, Saïd Sadi, le patron du RCD, a d'ailleurs dit que le plus grand parti politique en Algérie, c'était la sécurité militaire. Il l'a dit comme une boutade, mais en le pensant vraiment.

            UNE FRAUDE EN AMONT DES ÉLECTIONS

            Miaouhhh : Qu' en est-il des trucages redoutés ? Le scrutin se déroule-t-il dans de bonnes conditions ?

            Florence Beaugé : Je ne peux pas encore répondre avec certitude car les bureaux de vote ne fermeront qu'à 19 heures ou même plus tard. L'essentiel des votes auront lieu en fin de journée, entre 16 h et 19 h. Cela m'étonnerait qu'il y ait des fraudes massives aujourd'hui, mais il est tout à fait possible, tellement la culture de la fraude est importante en Algérie depuis toujours, qu'il y ait ici et là des petits "coups de pouce". Toute la question est de savoir de quel ordre ils seront : 5 % ? 10 % ? Dans le premier cas, cela ne devrait pas changer radicalement le résultat du scrutin, à mon avis. Dans le deuxième cas, cela peut faire passer le président Bouteflika au-dessus de la barre des 50 %, donc lui faire remporter les élections dès le 1er tour, et c'est là où ça risque de poser problème. Autre chose qu'il faut savoir : la fraude, d'une certaine façon, a déjà eu lieu en amont des élections. En laissant le chef de l'Etat entamer une pré-campagne électorale bien avant l'ouverture de la campagne électorale, notamment à la télévision publique tous les soirs et sur le terrain, au cours de tournées au cours desquelles il a distribué des milliards. Par ailleurs, deux candidats ont été éliminés de la compétition le mois dernier : Taleb Ibrahimi et Sid Ahmed Ghozali, pour des raisons qui n'ont pas l'air légales et qui semblent politiques. Eux disent, en tout cas, qu'ils ont été écartés de la course à la présidence parce qu'ils risquaient d'ôter des voix au président Bouteflika.







            DES JOURNALISTES DE PLUS EN PLUS LIBRES

            Okay : Etiez-vous libre de vos mouvements lors de votre reportage à Blida ?

            Florence Beaugé : Oui, totalement libre. Je trouve que c'est d'ailleurs un progrès considérable en Algérie ces dernières années. Quand j'ai commencé à travailler dans ce pays pour Le Monde il y a quatre ans, j'étais beaucoup moins libre. Mais il est vrai que la situation sécuritaire était encore tendue. D'année en année, j'ai trouvé que le pouvoir avait rendu les journalistes de plus en plus libres de faire leur travail correctement. Réellement, je ne peux pas me plaindre de ce côté-là. La liberté d'expression en Algérie est infiniment plus grande que dans un pays comme la Tunisie où, pourtant, il n'y a en principe pas de problème, rien qui explique ou qui justifie qu'on muselle la presse, les citoyens.





            Minato : Bouteflika apparaît (au moins dans la presse occidentale) comme celui qui a "dompté" le terrorisme islamiste sur le sol algérien. Qu'en est-il , et si cela est exact, comment l'expliquez-vous ?

            Florence Beaugé : Je crois que c'est vrai, c'est le principal mérite du président Bouteflika pendant son mandat. Il peut se targuer en effet du fait qu'avec lui la paix est presque revenue. Mais ce n'est pas son mérite à lui tout seul. Le processus avait été enclenché avant lui, dès 1997 et 1998. Il a su le poursuivre et l'intensifier et je pense qu'au fond de lui-même, il est en effet un réconciliateur et son ambition profonde, c'est d'aboutir à une paix totale et à une réconciliation entre tous les Algériens

            Karim : Quelles seraient les plus grandes différence pour les Algériens si Benflis est élu ou si "Boutef'" est reconduit ?

            Florence Beaugé : A priori, il me semble que c'est en matière de démocratie qu'il y aura le plus de différences. Je pense que réellement Benflis, qui est un juriste de formation, qui a été cofondateur de la Ligue algérienne des droits de l'homme, est un démocrate et qu'il rêve sincèrement d'un véritable pluralisme politique et audiovisuel notamment. Il s'est déjà prononcé pour la levée de l'état d'urgence qui est maintenu dans le pays depuis maintenant douze ans et qui limite terriblement les libertés individuelles.

            AliBen : Comment expliquez-vous l'intérêt de la France pour ces élections ?

            Florence Beaugé : Il me paraît normal que la France s'intéresse à ces élections car tout ce qui concerne l'Algérie intéresse la France. L'Algérie est une ancienne colonie, alors que la Tunisie et le Maroc étaient sous protectorat. Un historien comme Benjamin Stora a fait le compte et dit qu'en France, il y a à peu près sept millions de personnes qui ont "l'Algérie au cœur". Il veut dire : tous ceux qui sont passés par l'Algérie d'une façon ou d'une autre, soit les anciens colons, soit les émigrés et leurs descendants, soit les harkis, ont les yeux braqués sur l'Algérie, et cela fait beaucoup de monde.

            Commentaire


            • #7
              Elle est super cette journaliste.
              Nous on fait rien et elle, elle se fait traîner en justice parce qu'elle se bat pour la vérité.
              Mra ou nous.

              Commentaire

              Chargement...
              X