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Russie: Staline, héros national de tous les temps

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  • Russie: Staline, héros national de tous les temps

    Plus d'un demi-siècle après sa mort, l'ancien numéro un soviétique reste un héros pour de très nombreux Russes. C'est ce qui ressort d'un jeu télévisé sans précédent. Un résultat qui ne laisse pas la presse moscovite indifférente.

    Quelle est la personnalité historique qui symbolise le mieux la Russie ? Vaste question. Pour y répondre, la chaîne de télévision Rossia a lancé en mai 2008 le projet Imia Rossia [Un nom pour la Russie].

    Le journal Troud rappelle les différentes étapes du projet. Cinq cents noms de personnalités de diverses époques ont initialement été proposés aux suffrages poulaires à travers un site Internet, par SMS ou par téléphone. Une première sélection a permis d'en conserver cinquante. En phase finale, il n'en est plus resté que douze : le prince Alexandre Nevski (1221-1263), les tsars Ivan le Terrible (1530-1584), Pierre le Grand (1672-1725), Alexandre II (1818-1881) et l'impératrice Catherine II (1729-1796), le général Alexandre Souvorov (1729-1800), le poète Alexandre Pouchkine (1799-1837), l'écrivain Fiodor Dostoïevski (1821-1881), le chimiste Dmitri Mendeleev (1834-1907), le Premier ministre Piotr Stolypine (1862-1911), et enfin Lénine (1870-1924) et Staline (1879-1953).

    A partir de septembre 2008, la dernière étape du concours a donné lieu à une campagne médiatique intensive à travers un show télévisé dominical. Un jury de douze personnalités et experts russes de divers horizons a été mis en place. Chacun des juges était chargé de défendre l'un des douze finalistes. Par exemple, le chef du Parti communiste de Russie Guennadi Ziouganov s'est fait l'avocat de Lénine, le représentant russe à l'OTAN Dmitri Rogozine celui de Dostoïevski.

    Après moult débats, le jeu-concours s'est achevé le 28 décembre 2008 par la victoire du prince Alexandre Nevski, talonné par le Premier ministre Piotr Stolypine (1862-1911) lui-même suivi de Staline. Le premier, vainqueur des Suédois sur les bords de la Neva, est un héros national et a été canonisé par l'Eglise orthodoxe. Le second est considéré comme un réformateur, notamment en matière agraire, qui n'a pu empêcher les bouleversements révolutionnaires. Mais le troisième, "Petit Père des peuples" autoproclamé, soulève un malaise certain.

    Dans la Nezavissimaïa Gazeta, Evgueni Lessine ne cache pas son effroi devant les noms du trio vainqueur. "On n'y trouve ni Pouchkine ni Mendeleev, personne qui ait agi de façon positive pour la gloire de la Russie." Selon Evgueni Lessine, tous les vainqueurs ramènent en fin de compte à Staline. Alexandre Nevski est populaire grâce "au chef-d'œuvre cinématographique de la période stalinienne" de Sergueï Eisenstein (1938). Quant à Stolypine, il fut "un gestionnaire à poigne, qui aurait largement eu sa place dans la verticale du pouvoir stalinien".

    Les Izvestia donnent la parole à deux points de vue contradictoires. Elena Yampolskaïa défend le choix populaire de Staline. Il s'agit, selon elle, d'une réaction "contre la dictature libérale des vingt dernières années, contre le politiquement correct, l'idéologie du profit et l'argent roi". Ainsi, ceux qui ont choisi Staline ne mettent pas en avant "le sang, la paranoïa et la cruauté mais la victoire, la force, le désintéressement, la raison d'Etat et les ambitions impériales (ce dernier point n'étant plus péjoratif)".

    A l'inverse, Maxime Youssine réagit amèrement à la performance de Staline et craint ses conséquences. "Qu'on le veuille ou non, le choix de la personnalité historique la plus emblématique de la Russie est suivi non seulement par nos amis mais également par nos adversaires. Le succès de Staline (même en troisième position) est pour eux pain bénit. Le plus vexant est que ni Merkel, ni Berlusconi, ni Sarkozy ni aucun des avocats de la Russie au sein de l'Union européenne ne pourront rien leur répondre. Nous, nous sommes convaincus que voter pour Staline n'était pas si grave, que nous avons nos propres raisons, tout à fait respectables. Mais nous ne convaincrons jamais les autres. Pour le reste du monde, le stalinisme, c'est le Goulag, l'année 1937, la déportation de peuples et il n'y a pas de quoi en être fier."

    - CourierInternational
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