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Peu de gens en dehors de Gaza mesurent l'horreur de la situation

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  • Peu de gens en dehors de Gaza mesurent l'horreur de la situation

    John Ging est responsable des opérations de l'UNRWA (agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens) à Gaza depuis trois ans. Pour les victimes du bombardement mardi d'une école gérée par l'ONU, comme pour l'ensemble des victimes civiles de ce conflit, il espère qu'une enquête indépendante permettra d'établir les responsabilités.

    Pouvez-vous décrire la situation à Gaza ?

    La situation est atroce. Les habitants viennent de vivre douze jours de bombardements incessants. Personne n'est en sécurité, nulle part. Plus de 600 personnes sont mortes et 3 000 ont été blessées, et ça continue. Sans compter que la population manque de tous les produits de première nécessité, comme la nourriture ou l'eau. Les hôpitaux sont débordés, les médicaments manquent. La situation est vraiment désespérée. Mais les gens font preuve d'une grande dignité dans une situation des plus indignes.

    Israël a commencé mercredi à ouvrir des corridors humanitaires trois heures par jour. Cela a-t-il amélioré la situation ?

    Les points de passage étaient ouverts aujourd'hui comme ils l'étaient hier et avant-hier. Ce qui a changé, c'est qu'ils ont interrompu leurs opérations militaires pendant trois heures, pour permettre aux gens de sortir de leurs maisons chercher de l'eau et de la nourriture.

    Cela ne vous a donc pas permis de répondre aux besoins les plus urgents de la population?

    Notre travail ici n'a pas cessé pendant les bombardements. Mais que voulez-vous faire en si peu de temps ? Nous avons donc trois heures pour faire ce qui nous prend normalement douze heures par jour, six jours par semaine, et que nous n'avons pu faire depuis douze jours. Les camions qui acheminent les biens de première nécessité doivent être chargés, conduits, déchargés... Pour faire venir ces camions à Gaza aujourd'hui nous avons commencé à 7 heures du matin, et l'opération vient seulement de finir ce soir, douze heures plus tard. C'est une opération logistique très importante. Il ne faut pas se laisser distraire par ce joli mot de "corridor", ces belles images de convois, ce n'est pas ainsi que cela se passe. Les soldats israéliens arrêtent leurs opérations pendant trois heures, c'est tout, rien de plus.

    Un communiqué de votre agence rapporte les propos de médecins selon lesquels 50 % des blessés depuis le début du conflit sont des civils. Confirmez-vous ce chiffre ?

    Je ne peux pas confirmer les chiffres avancés. Il faudra mener une enquête indépendante pour établir les faits, puis nous aurons les bilans exacts. Mais il est évident que beaucoup de civils sont tués à l'heure qu'il est. Il faudra que les responsabilités soient établies, parce que si la guerre n'est pas régulée par la loi, comme le détermine la convention de Genève, c'est la loi du fusil, et ça c'est la manière dont les extrémistes et les terroristes mènent leurs opérations. Nous devons donc nous assurer que même en temps de guerre la loi est respectée. La loi dit que les civils doivent être protégés. S'ils meurent, c'est qu'il y a un problème. Il faudra déterminer qui en porte la responsabilité.

    Vous avez demandé l'ouverture d'une enquête internationale après le bombardement d'une école gérée par l'ONU. Que s'est-il passé exactement ?

    Il y avait 350 familles de réfugiés à l'intérieur, et des tirs tout autour de l'école. Quarante personnes ont trouvé la mort, cinquante-cinq ont été blessées, presque exclusivement des civils. Il faut déterminer ce qui s'est passé. Israël affirme que des militants tiraient depuis l'école. Mais nous, aux Nations unies, sommes convaincus que ce n'est pas le cas car ces écoles sont sous notre contrôle. Notre personnel est chargé de vérifier qu'aucun combattant ne s'y abrite et qu'il n'y a aucun tir depuis l'école. Je fais confiance à notre personnel, mais si ceux qui nous accusent ont des preuves de ce qu'ils avancent, qu'ils les montrent et nous agirons en conséquence.

    Israël va dépêcher jeudi un émissaire au Caire pour discuter d'une trêve des combats. Un cessez-le-feu vous paraît-il possible dans les jours qui viennent ?

    Nous devons garder espoir qu'il interviendra le plus tôt possible. Le problème, c'est que peu de gens en dehors de Gaza mesurent l'horreur de la situation ici. Vu de l'extérieur, il peut sembler raisonnable d'attendre deux ou trois jours de plus, mais ici, des gens meurent pour rien toutes les heures. Puisque nous savons que tout cela aura une conclusion politique, et non militaire, pourquoi ne pas cesser les violences immédiatement ?


    Propos recueillis par Soren Seelow (Le Monde)
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