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La nationalité, nouveau combat des femmes Libanaises

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  • La nationalité, nouveau combat des femmes Libanaises

    Comme nombre de femmes arabes, les Libanaises ne peuvent transmettre leur nationalité ni à leur mari ni à leurs enfants étrangers. Une situation qui pourrait bientôt changer, espère L'Orient-Le Jour

    Gilberte Khoury Hermann, une Libanaise mariée à un Allemand, a une fille, Jessica, qui sera bientôt majeure. Mais chaque année Jessica est obligée de faire la queue à la Sûreté générale [administration de contrôle des entrées sur le territoire libanais] pour renouveler sa carte de séjour. Bien que sa mère soit libanaise, Jessica reste une étrangère au pays, et vivre au Liban présente pour elle de nombreux inconvénients. "Ma fille peut faire des études, mais rares sont les métiers qu'elle peut exercer, explique Gilberte. Imaginez qu'elle veuille prendre une année sabbatique avant de commencer ses études universitaires, qui me garantit qu'elle pourra rester au Liban ? Et, si j'en arrivais à disparaître, que ferait-t-elle ?" Gilberte raconte qu'à maintes reprises, arrivant à l'aéroport de Beyrouth avec sa fille, les agents de l'immigration lui ont demandé qui était la petite, celle-ci étant d'une autre nationalité.

    "Je me bats pour mon droit naturel à être traitée à égalité avec l'homme libanais", gronde-t-elle. Ma fille ne connaît pas l'Allemagne, elle est libanaise, parle arabe et veut rester ici. Et moi je suis fière de lui avoir inculqué ma culture." Certaines de ses connaissances s'étonnent de l'insistance de Gilberte à donner la nationalité libanaise à sa fille, puisque celle-ci, allemande, a une "nationalité prestigieuse". "Elle et moi devrions avoir le droit de choisir. Je ne veux pas non plus qu'elle obtienne la nationalité par un mariage avec un Libanais, mais parce que c'est son droit."

    Le combat des femmes libanaises pour obtenir le droit de transmettre leur nationalité à leur famille ne date pas d'hier. Depuis cinq ans, une campagne intitulée "Ma nationalité, un droit pour ma famille et pour moi", organisée par le Collectif pour la recherche et la formation sur le développement-action (CRTDA), fait de cette cause son cheval de bataille. En juillet 2008, cette campagne est entrée dans une étape plus active. "Nous avons effectué notre premier sit-in devant le siège du Conseil des ministres, demandant que le droit de la nationalité soit accordé aux Libanaises", explique Roula Masri, coordinatrice de la campagne. Peine perdue. Mais un autre rassemblement a suivi, le 10 octobre, place des Martyrs, cette fois avec les enfants de mères mariées à des étrangers. Chez ces femmes privées du droit d'octroyer la nationalité à leur famille, la colère monte. Pourquoi participer aux élections et voter pour qui que ce soit tant que notre voix n'est pas entendue ? commencent-elles à se dire.

    De fait, cette question de transmission de la nationalité n'est pas une pure formalité juridique. Il y a des femmes et des hommes, fils et filles ou maris de Libanaises, qui en souffrent tous les jours au Liban, essuyant complications administratives et humiliations. Certains cas sont même tragiques, comme ceux de certains enfants de mère libanaise que leur père a abandonnés et qui doivent vivre avec un laissez-passer à renouveler constamment et ne leur conférant aucun droit. Sur ce document, une seule inscription : non-Libanais(e).

    Des délégations du CRTDA font actuellement la tournée des officiels. Les réactions des hommes politiques ne sont généralement pas négatives, même s'il y a des réserves. Dans son dernier communiqué, le CRTDA reprend les propos du ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud, qui a récemment annoncé un projet de loi fondé "sur le principe du lien de sang du côté de la mère" et qui a assuré que la nationalité est "un droit naturel que nous travaillerons à transformer en droit garanti par les lois".

    En attendant, la campagne en faveur de la nationalité devrait s'intensifier, avec des manifestations pacifiques, des conférences pour la sensibilisation, des actions dans les écoles. Sur Facebook, où la campagne a été relayée, le nombre de sympathisants membres du CRTDA compte quelque 11 000 membres. "Nous n'avons aucun objectif politique, juste humanitaire, fait remarquer Mme Naoum, l'une des animatrices de la campagne sur Facebook. "Nous travaillons sans considérations confessionnelles et sans discrimination entre les nationalités", précise-t-elle.

    Repères
    Les autorités libanaises craignent que le droit des Libanaises à transmettre leur nationalité à leur mari ne favorise l'installation de réfugiés palestiniens au Liban par le biais du mariage. Pourtant, les Libanaises mariées à des Palestiniens sont très peu nombreuses, fait valoir le collectif CRTDA, qui se demande aussi pourquoi les Palestiniennes mariées à des Libanais sont naturalisées sans que les autorités y trouvent ombrage. Le collectif demande des amendements à tous les articles de loi actuels qui comportent une discrimination. Et notamment à celui qui dit qu'"est Libanaise toute personne née d'un père libanais", et qui devrait dire, selon le collectif, "est libanaise toute personne née de père libanais ou de mère libanaise". Autre article essentiel, celui qui devrait stipuler que "toute femme étrangère mariée à un Libanais ou tout homme étranger marié à une Libanaise" peut devenir Libanais(e) après un an de mariage.

    - CourierInternational
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