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Le virus de la grippe espagnole ressuscité

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  • Le virus de la grippe espagnole ressuscité

    Des chercheurs recréent in vitro l'agent disparu de la grippe espagnole de 1918 et avancent une ressemblance entre celui-ci et l'actuel vecteur de la grippe aviaire.
    La grippe espagnole avait fait son apparition dans les tranchées et s'est propagés dans le front européen terrassant des divisions entières de jeunes soldats. Ils étaient atteint d'une fièvre, de maux de têtes aigus de douleurs articulaires et décédaient au bout de 3, 4 jours le visage violacé par d'atroces souffrances car ils mourraient asphyxié. Leurs poumons pleins et obstrués de liquides sanguins. A la fin de l'année 1918, le virus s'était propagé sur toute la planète et devenait ainsi une pandémie. On estime à plus de 50 Millions le nombre de morts que cette pandémie a causé et maintenant alors que la grippe aviaire et le H5N1 font ressurgir cette crainte de pandémie aussi terrible que la grippe espagnole les chercheurs ont ressuscité l'agent de la grippe espagnol en vue de le comprendre pour mieux contrer le H5N1 .

    ==============

    Amants de l'apocalypse, bonjour. La revue américaine Science et la revue britannique Nature publient aujourd'hui deux études du virus de la «grippe espagnole» qui viennent à point nommé nourrir la grande peur d'une nouvelle pandémie. On apprend ainsi, dans Science, qu'une équipe conduite par Jeffery Taubenberger (Institut de pathologie des forces armées, Rockville, Maryland) a recréé in vitro le virus de la terrible grippe, disparu de la circulation après avoir tué entre 1918 et 1919 quelque 20 à 40 millions de personnes. Que le kit d'informations qui a permis de ressusciter le virus * sa séquence génétique complète * est disponible sur l'Internet. Que la forte pathogénicité du virus ainsi reconstruit a été vérifiée avec succès en laboratoire. Que le virus est sous clé dans les locaux du Center for Disease Control, à Atlanta.

    Une nouvelle saisissante, une. La seconde est publiée dans Nature, par la même équipe. On y apprend que l'analyse génétique de ce virus de 1918 invite à conclure qu'il est passé directement de l'oiseau à l'homme et suggère une ressemblance entre le virus de 1918 et la souche H5N1 qui sévit en Asie aujourd'hui. A l'ombre de cette seconde publication, on imagine déjà l'actuel virus de la grippe aviaire devenant l'agent de la pandémie humaine tant redoutée par l'Organisation mondiale de la santé et contre laquelle Bush réclame la mobilisation de l'armée (lire ci-dessous)...

    Pourtant, si ces deux articles sont accueillis avec intérêt par la communauté des virologues, c'est parce qu'ils suscitent plus d'espoir que d'angoisses. L'espoir de découvrir le secret de sa fulgurante pathogénicité pour l'homme et des moyens de s'en défendre. Disposer de la séquence du génome de ce virus historique était l'un des verrous de cette recherche. Il est levé, à présent, grâce à dix ans de travail sur les rares échantillons biologiques disponibles infectés par ce virus : des cellules d'un Inuit retrouvé gelé dans le pergélisol et les biopsies pulmonaires de quatre soldats conservées dans le formol. A l'instar de tous les virus grippaux, celui de 1918 porte huit gènes constitués d'ARN (acide ribonucléique). L'équipe de Taubenberger, qui avait déjà publié la séquence de cinq de ces gènes, livre à présent l'analyse des trois derniers gènes dans la revue Nature.

    Souris. Mais avant de publier cette séquence, les chercheurs ont choisi d'aller plus loin : tester in vivo le virus. Grâce à la technique de la «génétique inverse», les Américains ont obtenu un virus proche, sinon identique au virus de 1918. Le résultat est édifiant : le virus «réinventé» est fortement pathogène pour les souris, les embryons de poulet et les cultures de cellules pulmonaires humaines. L'intérêt de la démonstration ? «On peut modifier un gène, voir ce qui se passe. On dispose ainsi d'un outil pour découvrir les gènes du virus qui contribuent à son caractère pathogène, explique Nadia Naffakh, de l'Institut Pasteur. La pathogénicité est le fruit d'une constellation complexe de gènes.» L'analyse des trois derniers gènes du virus éclaire cette obscure constellation : ils semblent avoir joué un rôle crucial dans l'adaptation du virus à l'homme.

    «L'étude des cinq premiers gènes du virus avait permis de montrer qu'il était plutôt proche des virus aviaires», explique Nadia Naffakh. C'est là le cas le plus fréquent des virus grippaux dont les réservoirs naturels sont les oiseaux aquatiques sauvages. Mais certains de ces virus évoluent de telle sorte qu'ils deviennent capables de se répliquer chez d'autres hôtes : ainsi, les virus responsables des dernières grandes pandémies humaines (1957 et 1968) semblent être passés par le porc avant d'être «adaptés» à l'homme. Le virus de 1918 ne semble pas avoir fait un tel détour. L'analyse de ses trois derniers gènes * contrôlant la production d'enzymes de polymérase impliquées dans l'infection des cellules de son hôte * révèle des «anomalies» inconnues des virus aviaires... sauf de ceux qui ont «attaqué» l'homme, comme la souche H5N1. Ces anomalies «pourraient faciliter la réplication chez l'homme d'un virus aviaire», estiment les chercheurs qui concluent que le virus de 1918 est passé à l'homme sans passer par le porc.

    Crainte.
    Alors, en 2005 comme en 1918 ? «On voit un point commun entre les deux virus, mais aussi bien des différences, dit Nadia Naffakh. Cette étude ne renforce pas particulièrement nos craintes.» Quant à celle, évoquée par un éditorial de Science, de voir un «terroriste» s'emparer de la séquence du virus de la grippe de 1918 et le disséminer ? «Nous avons soigneusement envisagé les implications de la publication de cette recherche et nous avons conclu que la connaissance que nous en tirons pour protéger la santé publique dépasse de loin le risque de travailler avec ce virus», écrit Donald Kennedy, rédacteur en chef de Science.

    Source: Libération
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