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Le grand courant et ses soubresauts

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  • Le grand courant et ses soubresauts

    Le grand courant qui parcourt toutes les mers du globe est un élément essentiel du climat mondial.

    Il s'agit d'un «tapis roulant» qui fait le tour du monde des océans. Erik Orsenna le raconte dans son Portrait du Gulf Stream, les chercheurs l'auscultent, tentent de le suivre à la trace, traquent chacun de ses soubresauts.

    L'hiver dernier, cet incroyable courant marin, qui évolue en surface dans les mers chaudes avant de plonger dans les abysses lorsqu'il se frotte aux eaux froides des mers d'Irminger et du Labrador, leur a réservé une surprise.

    Alors que depuis le début des années 2000, cette plongée ne dépassait pas les 1 000 mètres, le phénomène a subitement retrouvé, l'hiver dernier, le chemin des grands fonds, comme au bon vieux temps, atteignant 1 800 mètres au large du Labrador. À la fin des années 1980, lorsque les hivers étaient très rigoureux, marqués par des températures très basses et des vents très forts, le mélange hivernal descendait en effet jusqu'à des profondeurs supérieures à 2000 mètres.

    «On ne s'y attendait absolument pas», raconte Virginie Thierry, chercheuse à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), qui a participé à une campagne de mesures dont les résultats ont été publiés dans le numéro de novembre de la revue Nature Geoscience. Un travail qui s'inscrit dans le cadre du projet Ovide mené par le Laboratoire de physique des océans (1). « En effet, l'indice NAO (North Atlantic Oscillation) qui nous permet de caractériser le temps en Atlantique Nord, était légèrement plus faible l'hiver dernier que lors de l'hiver 2006-2007 », explique-t-elle. Or, cette année-là, le plongeon du courant (la convection profonde en termes scientifiques) s'était limité à quelques centaines de mètres en dessous de la surface.

    «On s'est donc rendu compte que si l'indice NAO était pertinent, il n'en était pas moins insuffisant»,poursuit Mme Thierry qui, avec ses collègues, est allée trouver les explications ailleurs.

    «Glace de mer»

    Deux se sont imposées : l'hiver beaucoup plus rigoureux qui a sévi sur l'Atlantique Nord l'an dernier par rapport à l'hiver 2006-2007 et une extension du phénomène dit de «glace de mer». La fonte massive des glaces de l'Arctique durant l'été 2007, probablement due au réchauffement climatique, a fait couler une grande quantité d'eau froide et peu salée à la surface de la mer du Labrador favorisant la formation de glace durant l'hiver 2007-2008.

    Ces observations ont été possibles grâce au programme international Argo, auquel participe l'Ifremer. Celui-ci dispose depuis quelques années de quelque 3 000 flotteurs autonomes répartis dans tous les océans du monde. «La compréhension des phénomènes va nous permettre d'améliorer les modèles numériques actuels des océans et, dans un deuxième temps, ceux destinés aux prévisions à long terme», précise encore Virginie Thierry. Et ainsi, d'affiner un peu plus la compréhension des mécanismes permettant de relier la variabilité de la convection profonde à celle du tapis roulant océanique. L'une des grandes interrogations est bien sûr de savoir si le phénomène constaté l'hiver dernier va se reproduire cette année ou s'il n'est qu'un cas isolé.

    La profondeur du plongeon effectué par le courant a un impact majeur sur le CO2 : plus les eaux froides s'enfoncent dans la mer, plus elles stockent de gaz carbonique précédemment capté dans l'atmosphère. Un stockage qui peut durer jusqu'à un millier d'années avant que le CO2 ne soit éventuellement relâché lorsque le courant remonte vers les eaux de surface. Le phénomène du tapis roulant, quant à lui, est un acteur essentiel du climat mondial : «il redistribue la chaleur entre les zones polaires et les zones équatoriales », souligne encore la chercheuse de l'Ifremer. «A priori, il n'est pas question que ce courant, dont fait partie le Gulf Stream s'arrête.» Mais ses évolutions ne sont pas sans conséquences.

    Par le figaro
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