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L'euro se cherche un nouvel équilibre

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  • L'euro se cherche un nouvel équilibre

    Pour le dixième anniversaire de la création de l'euro, la plupart des responsables politiques, de tout bord et de tous pays, ont dressé un bilan positif de la monnaie unique. L'euro a su jouer un rôle protecteur, alors que la crise financière s'est abattue sur le Vieux Continent.

    L'instauration de la monnaie unique a notamment permis d'éviter des dévaluations successives des monnaies nationales et empêché les attaques spéculatives. Des dangers que n'a pas su écarter la Russie, où le rouble a été dévalué douze fois, depuis le mois de novembre 2008 ou la Hongrie, qui a vu le cours du forint plonger de 15 % face à la devise européenne. Pendant la crise, l'euro a même su susciter un regain d'intérêt dans des pays, qui étaient jusque-là réputés comme eurosceptiques.

    Mais rien n'est acquis. Et l'environnement actuel, dominé par la menace d'une récession mondiale, reste "une épreuve pour l'euro", a signalé Hans Tietmeyer, l'ancien président de la Bundesbank, la banque centrale allemande dans un entretien au Monde. Maintenant, "le plus important pour l'euro n'est pas d'être la monnaie la plus forte mais de rester stable", a-t-il signalé.

    Le fait est que la monnaie unique a commencé 2009, en ne faisant montre ni de force ni de stabilité. Vendredi 2 janvier, l'euro, qui s'échangeait à plus de 1,40 dollar en début de semaine a chuté à 1,3921 dollar. Un plongeon lié au repli historique de l'activité manufacturière en zone euro à 33,9 points, selon l'indice des directeurs d'achat (PMI).

    Les très faibles volumes sur le marché des changes en cette période fin d'année expliquent, en partie, la brutalité du mouvement. Mais la volatilité devrait rester forte en 2009. La monnaie unique risque donc d'être soumise à rude épreuve. Quant à sa robustesse. La plupart des experts prédisent son effritement progressif. "Vers 1,33 dollar et même 1,25 dollar d'ici à la fin de l'année", indique Jean-Louis Mourier, analyste chez Aurel. "La soudaine remontée de l'euro face au dollar en décembre était assez irrationnelle", ajoute-t-il.

    BAISSE DES TAUX


    Pour la plupart des économistes, l'euro s'était apprécié en fin d'année car, dans un environnement globalement déprimé, la situation de l'Europe, semblait meilleure ou plutôt moins pire que celle de ses voisins. "Plus gérable", indique Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. "Or cette idée est fausse", estime-t-il. "Il y aura une récession d'une même ampleur aux Etats-Unis et en Europe, soit une contraction du produit intérieur brut de l'ordre de 2 %", prédit-il.

    Selon M. Moëc, la Réserve fédérale américaine (Fed) en ayant mis ses taux d'intérêt à 0 % et le gouvernement en ayant décidé de plans de relance massifs ont déjà mis en place un plan d'action clair et net pour lutter contre cette grave récession. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) et les Etats européens restent "dans le flou".

    Les plans de relance y sont timides ou encore en discussions. Tandis que la BCE ne semble pas avoir conscience de l'ampleur des dégâts attendus.

    De fait, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a laissé entendre, mercredi 31 décembre 2008, qu'il ne baisserait pas les taux en Europe, aujourd'hui à 2,5 %. "Nous avons, déjà abaissé nos taux de 175 points de base dans un très bref délai. Cette impulsion est, à l'heure actuelle, loin d'être complètement transmise à l'économie", a-t-il déclaré au quotidien allemand Börsen Zeitung. Dans l'immédiat, "nous nous concentrons sur l'impact de nos décisions précédentes", a-t-il signalé.

    Mais le marché croit à moitié au discours ferme de M. Trichet. Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à penser que la BCE sera contrainte de baisser ses taux. Et brutalement. "De 0,5 point dès le mois de janvier", anticipent les experts de Bank of America. "La BCE réduira ses taux à 1 % en mars", surenchérit Sean Callow, chez Westpac Banking à Sidney, interrogé par l'agence Bloomberg. "Il y a beaucoup de signes de faiblesse à venir du côté de l'Europe", explique-t-il.

    L'euro devrait donc encore reculer dans les semaines à venir. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose. "Ce qui est bon pour l'euro n'est pas bon pour l'Europe", atteste Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique, qui mentionne notamment la moindre compétitivité des exportations européennes du fait d'un euro trop fort.

    Dans la crise, chaque Etat a, en effet, plutôt intérêt à laisser se déprécier sa monnaie pour relancer son économie. Ce que n'hésitent pas à faire les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

    Par Le Monde
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