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Algérie: la fièvre capitaliste

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  • Algérie: la fièvre capitaliste

    L'Algérie est atteinte par la fièvre capitaliste. Quand on sait qu'en 2004 le pactole de l'Algérie s'élevait à 32 Milliards de dollars de recettes pétrolières et gazières et cette année il faudra compter à près de 50 Milliards de dollars celà peut aisèment se comprendre. Alors "les Algériens n'ont plus qu'un souci en tête : vivre. Et si possible bien vivre en faisant de l'argent très vite"
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    «L'Algérie n'a jamais été aussi riche depuis 1962, mais les Algériens sont toujours aussi pauvres », maugrée Redha, comptable à 30 000 dinars par mois (environ 300 euros) dans une entreprise d'Etat. A 32 ans, il est encore célibataire et vit avec sa mère et ses soeurs dans la cité des Anassers, un ensemble d'HLM cinquantenaires et mal entretenus qui dominent Alger. « Comment, dit-il, aurais-je les moyens de me marier ? » Aussi, pour draguer les jeunes Algéroises, de plus en plus délurées, avec ou sans hidjab, il a mis ses économies dans une Renault plus très neuve qu'il bichonne avec amour.(...)

    Dans ce pays de soleil fatigué, épuisé par une longue décennie d'une terrible et sanglante guerre civile qui a fait plus de 100 000 morts, la grande majorité des Algériens (80 % officiellement) sont pourtant allés voter. Ils ont à 97 % dit oui à Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Etat, qui veut les réconcilier - fût-ce à marche forcée - avec eux-mêmes. Mais peut-on vraiment pardonner, tirer un trait sur un passé terrible et trop proche ? L'amnistie n'entraîne pas l'amnésie. Et le passé risque de resurgir un jour. Mais Bouteflika veut tirer un voile noir sur cette sale guerre, blanchir l'armée, qui l'a soutenu dans son accession au pouvoir, vider les maquis et réinsérer ceux qui n'ont pas participé à des massacres collectifs, des viols ou jeté des bombes dans des lieux publics. Un pari difficile.

    Réélu pour un second mandat en avril 2004, le chef de l'Etat algérien a désormais tout en main : l'armée est apparemment rentrée dans le rang et ne se soucie plus guère de faire de la politique ; les partis sont anesthésiés et ceux qui ont tenté de faire campagne pour le non au référendum ont vu leurs militants interpellés ; l'éventuelle impertinence de la presse est de moins en moins bien supportée.

    Les Algériens n'ont plus qu'un souci en tête : vivre. Et si possible bien vivre en faisant de l'argent très vite. Une véritable boulimie pour laquelle tous ne sont pas très regardants sur les moyens. Il est vrai que l'insolente bonne santé de l'Etat fait des envieux. « Jamais l'Algérie n'a été dans une situation financière et économique aussi favorable depuis 1962 », estime Hocine Mouffok, patron de Natexis Algérie. Le commerce extérieur est excédentaire depuis l'année 2000 (grâce aux hydrocarbures), les réserves de change vont dépasser les 50 milliards de dollars à la fin de l'année, l'inflation se maintient entre 3 et 3,5 %, la croissance est au rendez-vous depuis six ans, y compris hors hydrocarbures (5,2 % en 2004).

    Une politique trop sage. « Où va l'argent du pétrole ? » s'interrogeait le quotidien algérien El Watan, à la mi-septembre. Honnêtement, il commence à se voir. Autoroute est-ouest qui, sur 1 200 kilomètres, va relier les frontières marocaine et tunisienne, grands barrages, usine de dessalement d'eau de mer (les Algérois ont moins souffert des coupures d'eau cet été), construction par une entreprise chinoise de l'aéroport d'Alger, un serpent de mer vieux de vingt ans, métro d'Alger qui ouvrira en 2008, agriculture en plein boom, BTP qui explose. Sept cent mille logements ont été édifiés par l'Etat et 1 million de nouveaux appartements sont en projet pour les cinq ans à venir, ramenant le taux d'occupation à 5,4 personnes par logement. Les pétrodollars permettent de rattraper l'incroyable retard du pays en matière d'infrastructures.

    Les autorités semblent cependant tétanisées à l'idée de se retrouver dans la très inconfortable situation des années 90, lorsque les caisses de l'Etat étaient vides et qu'elles ont été mises en demeure par le FMI de redresser les finances du pays. Un cauchemar pour l'Algérie, si soucieuse de son indépendance. Aussi avance-t-on prudemment. En 2005, pas question de grands travaux dispendieux à la saoudienne. Ni de projets visionnaires pour l'Algérie de 2030. On gère en bon père de famille, on rattrape le retard et on place, sans risque, une partie des énormes excédents financiers à la Banque des règlements internationaux. Une politique sage mais probablement pas assez dynamique dans ce pays jeune (la moitié des 32 millions d'Algériens ont moins de 20 ans), traversé par une formidable envie de vivre et de rattraper le temps perdu maintenant que la guerre est derrière lui.

    « Etre riche, pour un pays, c'est transformer l'argent en emplois et en investissements, souligne un économiste. Or on laisse l'argent dans les coffres du Trésor et dans les banques, parce que les mécanismes de transformation de la manne en facteurs de développement économique sont bloqués. » Les autorités avancent à pas comptés, mais sont convaincues que, si l'Algérie rate le coche de la modernisation et son entrée dans l'économie mondiale alors que le pays regorge d'argent, l'occasion ne se représentera pas de sitôt. Le problème est la « mise en musique » des réformes, comme l'explique un homme d'affaires.

    Le premier blocage vient de la fuite des cerveaux qu'a connue le pays lors de la sanglante décennie noire. Dans les années 90, nombre d'universitaires, hauts fonctionnaires, médecins, avocats..., cibles privilégiées des islamistes, ont choisi l'exil en France, au Canada, pour sauver leur tête. Cette matière grise fait cruellement défaut. Les cadres supérieurs des années 70, formés dans les universités occidentales, sont, eux, en train de partir à la retraite. Héritage d'une école totalement arabisée, la formation des plus jeunes laisse souvent à désirer. D'où la décision prise de moderniser les programmes scolaires et de réintroduire le français dès la deuxième année du primaire.

    Aussi les réformes avancent-elles avec une lenteur infinie. Mais les choses bougent tout de même. Exemple, la privatisation du secteur bancaire, sujet tabou dont le verrou a sauté. Dans quelques jours, une banque d'affaires étrangère va commencer l'étude de la mise en oeuvre de la privatisation du Crédit populaire algérien. Au printemps, le repreneur devrait être choisi parmi les banques françaises présentes à Alger (Société générale, BNP, Natexis). Dans l'immédiat, celles-ci multiplient les ouvertures d'agences aux quatre coins du pays. Et début 2006, les Algériens devraient enfin disposer de cartes de crédit et régler leurs achats par chèque dans ce pays où tout se fait en cash.

    Un mode de paiement qui arrange beaucoup de monde, d'autant que le travail au noir est un sport national. « On peut estimer l'informel à 30 % du PIB », affirme Hocine Mouffok. Pour le secteur privé moderne, c'est une catastrophe. Coupables montrés du doigt : les grossistes qui refusent les factures, les gros barons du trabendisme (importations frauduleuses) qui font entrer au port quatre conteneurs et paient des droits de douane sur un seul, moyennant un bakchich aux douaniers. Celui-ci va de 3 500 dinars (35 euros) pour l'entrée d'un sac à l'aéroport jusqu'à 1 million de dinars (10 000 euros) pour des conteneurs. Un semi-remorque serait même entré ainsi en pièces détachées, affirme-t-on.

    Ce commerce au noir de produits importés fait vivre des milliers de familles. Une soupape de sécurité, alors que le taux de chômage reste élevé (17 %, plus pour les jeunes). Les islamistes ne sont d'ailleurs pas les derniers dans ce grand bazar. Belcourt, quartier populaire du centre d'Alger, est devenu un immense marché aux puces où les barbus en qamis, la longue robe blanche du Prophète, gèrent de jeunes trabendistes qu'ils expédient à Marseille, Istanbul ou au Caire acheter vêtements et produits de consommation. Comment trouver des euros ? Il suffit d'une visite au square Port-Saïd, non loin de la Casbah, pour assister à une miraculeuse alchimie. Adossés aux voitures, des « changeurs » transforment des masses de dinars en monnaie européenne sonnante et trébuchante.

    Deux Algérie se côtoient. « Les barons de l'informel ont pourri l'économie. Les entreprises privées ne peuvent résister », déplore Reda Hamiani, qui dirige le Forum des entrepreneurs. Le secteur privé, en pleine expansion, se heurte de plein fouet aux importations clandestines. Gros industriel, Hamiani a dû fermer son usine de chemises créée dans les années 60, pour cause de concurrence chinoise. Même son de cloche chez un céramiste de Bou-Ismail, une zone industrielle à l'ouest d'Alger. Le prix de revient de ses assiettes était supérieur à celui de la porcelaine importée de Chine ou par les Chinois qui ont envahi Alger. Il vient de se reconvertir dans la tuile vernissée.

    Les chefs d'entreprise heureux pullulent pourtant sur ce marché vierge de 32 millions d'habitants. Tout est à faire. « Mon chiffre d'affaires augmente de 30 % tous les ans », avoue Samir Aït Aoudia, jeune patron de Snax, une usine de gâteaux pour apéritif, montée en partenariat avec des Suisses. Son problème : trouver des cadres, qu'il est allé chercher en Inde et en Egypte. Les réunions de direction se font en anglais.

    Deux Algérie se côtoient. Celle de Belcourt et des petits boulots, celle des hauteurs d'Alger où s'installent les boutiques des grandes marques et où des Chinois construisent pour un investisseur saoudien le premier centre commercial et d'affaires de luxe du pays. Un projet inimaginable il y a peu encore. Mais la guerre est passée par là. Et, désormais, jeunes et vieux, riches et pauvres ne rêvent plus que d'une chose : consommer et s'enrichir

    Algérie: la fièvre capitaliste

  • #2
    Les chefs d'entreprise heureux pullulent pourtant sur ce marché vierge de 32 millions d'habitants. Tout est à faire. « Mon chiffre d'affaires augmente de 30 % tous les ans », avoue Samir Aït Aoudia, jeune patron de Snax, une usine de gâteaux pour apéritif, montée en partenariat avec des Suisses. Son problème : trouver des cadres, qu'il est allé chercher en Inde et en Egypte.
    Avec le taux de chômage si élevé, avec le nombre grandissant d'algériens à l'étranger qui veulent retourner au pays en espérant trouver un emploi stable, ça me dégoutte que certains entepreneurs aillent chercher des étrangers ! . Si on était dans la même situation que les Emirats Arabes Unis, d'accord mais on est en Algérie avec un taux de chômage de 30 % !
    L'Etat algérien, par le biais des ambassades par exemple devrait par exemple se bouger au lieu de regarder l'ENTV et rentrer à la maison à 14h00 ! Je suis certain que dans une trentaine de pays et surtout en France, UK ou Canada, des algériens maitrisant l'anglais et étant sous-employé seraient intéressés par la Snax...
    Vraiment l'Algérie est un pays à part...
    La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

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