Annonce

Réduire
Aucune annonce.

A défaut de développement, les Touareg versent dans la contrebande

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • A défaut de développement, les Touareg versent dans la contrebande

    Voyage au cœur du désert de Timiaouine

    Visiter notre Grand Sud, ce n’est pas donné. Les moyens de transport se font désirer, le bitume faisant cruellement défaut. Le transport aérien est loin d’être une panacée car le billet d’avion Alger-Tamanrasset coûte près de 15 000 dinars, soit plus que le salaire national minimum garanti. Et si l’on réussit à atteindre les chefs-lieux des deux grandes wilayas du Sud, Adrar et Tamanrasset, il n’est pas évident qu’on puisse visiter, comme dans le Nord, toutes les localités. Ici, il faut parcourir des centaines de kilomètres pour aller d’une commune à une autre. Souvent, il n’y a point de routes, pas même une piste balisée.

    Le guide
    Alors, comment faire pour se déplacer dans le désert ? Telle est la question qu’on posa, dès notre arrivée à Adrar, pour aller à Timiaouine, située à 1 000 km du chef-lieu de wilaya. «Walou» ! [pas de souci] ! (ce terme revenait souvent sur les lèvres des gens du Sud), nous répondait un autochtone, comme pour nous signifier qu’il n’y a aucun problème si nous voulions nous y rendre. Pour lui, c’est très simple, il suffit juste de trouver le bon guide. Autrement dit, un transporteur touareg connaît parfaitement le désert car étant natif des parcours.
    En effet, les guides sont tous des Touareg nés dans le Sahara. Ils ont passé toute leur jeunesse à faire pâturer leur cheptel camelin et ont donc parcouru, en bons nomades, tous les territoires désertiques avant de devenir chauffeurs. C’est ainsi que nous avons été confiés à un ancien guide dit Didi pour nous transporter à bord de son véhicule, de type 4x4, d’Adrar à Timiaouine. Le prix de la course dépasse 20 000 dinars. Habitué aux longues expéditions à travers le désert, Didi a tout prévu pour ce périple : le carburant et le ravitaillement. En découvrant son véhicule chargé de jerricans d’essence et d’eau, nous avons pris alors connaissance de ce que nous allions endurer. L’aventure a commencé à partir de Reggane, à 160 km d’Adrar, là où s’achève la route bitumée. Mais nous n’avons entamé notre voyage qu’après avoir obtenu l’autorisation de passage auprès de la sûreté urbaine. Tous les transporteurs empruntant cet itinéraire doivent être en effet signalés auprès des services de sécurité, nous explique Didi. Le policier de service nous apprend que les étrangers ne sont pas autorisés à passer par-là. Il nous rassure toutefois par le fait que nous soyons entre les mains du meilleur guide de la région. Est-ce que ces dispositions sont liées à la sécurité ? Pas forcément, nous explique un autre policier. Les étrangers peuvent se perdre facilement dans cet immense désert. Nous avons compris alors que cet itinéraire n’avait rien à voir avec une expédition touristique. Après que le véhicule eut avalé quelques centaines de kilomètres, nos téléphones portables affichaient zéro barre de champ dans l’immense hammada.
    Au Sahara, le reg et la hammada, composés de roches et de cailloux, sont majoritaires par rapport à l’erg, autrement dit les dunes.
    Contrairement à ce que peuvent penser certains, le sable ne couvre en fait que le quart du Sahara. Pour tuer le temps, nous avons engagé une longue discussion sur tout ce que nous voyions, avec notre chauffeur, aussi calme qu’un Touareg sur le dos d’un dromadaire. En fin connaisseur, celui-ci nous répondait au détail près. Et comme pour nous rassurer, il nous disait, à chaque fois, que le chemin n’était pas aussi long qu’on pouvait l’imaginer. Pour lui, une centaine de kilomètre c’est «ghir h’na !» (c’est juste ici). La notion d’espace et de temps pour les gens du Sud n’a rien à voir avec ce que pensent les gens du Nord. Notre première halte a été observée après 200 km, au lieu-dit «les Deux cents». Cela ne fut possible qu’après avoir subi un contrôle au poste de police d’une caserne qui y est implantée. La rassurante rencontre avec les militaires sera suivie d’une pause-thé qui nous a aussitôt fait oublier la rudesse du désert. Préparé par Didi sur des charbons immédiatement allumés, nous avons dégusté le thé en compagnie d’autres passagers. La solidarité est imposée par le désert. Nous avons effectué deux autres haltes, aux «Quatre cents» puis à l’entrée du village, pour arriver enfin à Bordj Badji Mokhtar, vers minuit, soit après plus de 14 heures de route. Nous y avons passé la nuit, avant de reprendre notre chemin le lendemain pour Timiaouine.

    Taguella, l’unique mets touareg

    Ce fut un chemin tout autre que celui que nous avions emprunté jusqu’ici ; entre Timiaouine et Bordj Badji Mokhtar, la piste serpente de grands oueds peuplés de Touareg. Le changement de décor était tel que nous avions l’impression d’être sur une autre planète. Là, nous avions pu découvrir des sites fabuleux, d’une diversité extraordinaire. Ces sites paradisiaques pourraient attirer des milliers de touristes, pour peu que l’Etat s’y intéresse davantage. L’infrastructure hôtelière n’est pas forcément nécessaire dans le désert. Les traditionnelles khaïmas (tentes nomades) peuvent aisément y suppléer. De l’eau ? Ce n’est pas ce qui manque au Sahara, mais là aussi, il faut aller la chercher sur les lits d’oued ou à partir des nappes souterraines. Pour l’heure, seuls les Touareg connaissent les secrets de ces sites.
    Malgré la conquête coloniale, le morcellement du territoire au moment des indépendances africaines, les sécheresses, la répression ou la marginalisation, ce peuple n’a jamais cessé de tracer des parcours inédits pour survivre dans la dignité. C’est un peuple très hospitalier que nous avons découvert avec enthousiasme. Devant leurs demeures précaires, les khaïmas, des Touareg nous ont permis d’apprendre beaucoup de choses sur ce peuple mythique. A 60 km du chef-lieu de Timiaouine, commune 100 % targuie, c’est Lalamayet Bent Sidi Mohamed qui nous accueille sous sa tente – chez les Touareg, la tente est la propriété de la femme – avec une carafe de lait de chamelle avant de nous éclairer sur les traditions touareg. Elle nous a d’abord appris que les gens ne se nourrissent pratiquement que de lait de chamelle, de chèvre ou de brebis. L’unique plat des Touareg est la taguella. Il s’agit d’un pain pétri à la hâte avec de la semoule, du sel et de l’eau, cuit sous le sable sur un feu de braise. Ensuite, il est servi avec une sauce préparée essentiellement à base de viande fraîche (ovine ou cameline). A ce jour, des centaines de Touareg ne sont toujours pas inscrits à l’état-civil. Cependant, une équipe médicale rend visite tous les deux mois aux Touareg.

    La contrebande, un fléau difficile à éradiquer

    Au chef-lieu urbanisé de la commune de Timiaouine, les traditions ne diffèrent pas outre mesure de celles préservées dans nos différents parcours. Les activités rurales y prédominent toujours ; l’élevage étant pratiquement la seule source de vie pour la majorité des habitants «drapés». Les Touareg portent tous le même uniforme : un pantalon large serré à la taille avec une ceinture en cuir ou en laine, une longue «aâbaya» (robe) et un voile couvrant presque tout le visage.
    Mais en combinant savoir traditionnel et techniques modernes, les Touareg s’adaptent de plus en plus à l’évolution. Aujourd’hui, il y a plusieurs commerçants à Timiaouine. Leurs étals sont diversifiés. La question qui se pose est de savoir d’où et comment s’approvisionnent-ils ? La réponse que nous avons obtenue des autochtones laisse croire que les marchés des Touareg se trouvent tous au-delà de la frontière. En d’autres termes, toutes les marchandises y entrent illicitement ; des dizaines de 4x4 font le va-et-vient quotidiennement. Maîtrisant parfaitement les pistes du Sahara, et dotés de véhicules très puissants, les contrebandiers touareg n’ont peur de rien, même pas des gardes-frontières qui quadrillent la région. De l’aveu même de certains éléments de ce corps de sécurité, «maîtriser ce phénomène, ici, n’est pas une sinécure lorsque l’on connaît les moyens dont disposent les contrebandiers. Ils sont mêmes dotés d’armes sophistiquées et connaissent toutes les pistes du Sahara». Les cigarettes, les vêtements, le thé et même les drogues entrent par les frontières sud de l’Algérie.
    La maîtrise du désert est une donne que nous avons eu à vérifier auprès de ces Touareg. En effet, alors que nous étions complètement perdus dans ces étendues désertiques, un contrebandier sorti du néant, à bord d’un véhicule tout terrain bien chargé, est venu à notre secours, nous sauvant de l’égarement au milieu du dangereux désert de Tanezrouft. Il a remis sur la bonne piste notre guide qui avait perdu le nord, dans la nuit du 28 décembre dernier, alors que nous étions en route pour Tamanrasset.

    - Le jeune Independant

  • #2
    Cela me rappelle d'exellents et anciens souvenirs;j'ai traversé le tanezrouft,donc passé le tropic du cancer, bordj badji mokhtar qui etait un simple poste militaire,timiaouine ,tin zaouaten poste militaire à 5 kms de la frontiére algéro-nigérienne.
    Entre timiaouine et tin zaouaten nous avins rencontres des troupeaux de gazelles (dorkas er ryms et même des m'hors) ainsi que 5 autruches.
    Helas, hélas, les touts terrains et les braconniers ont en fait réellement un désert .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

    Commentaire


    • #3
      Ils disent aimer vivre comme ça par fierté seulement mais Ils aimeraient bien améliorer leur conditions de vie. Pourquoi des milliers d'Algérois ou d'Oranais peuvent faire du Trabendo et coulent le dinars algérien alors que quelques targuis ne doivent pas faire rentrer des cartons de cigarettes?

      Dommage que le gouvernement n'accorde que peu d'importance au développement du Grand Sud. Même la construction des routes n'est pas à l'ordre du jour alors que le chemin de fer du Sud faut même pas y penser.

      Les frontières de l'Algérie vont bien plus loin que les frontières officielles et la création d'un Etat islamiste Algérien-Bis au nord du Mali-Niger n'est pas une fiction il faut protèger les habitants du Sud des egorgeurs d'enfants.

      Commentaire


      • #4
        Il est impossible (du moins a mon avis) de construire des routes ,le taezrouft , ou il n 'y a pas un caillou de plus de 150 gr. ,ou il n' a pas la moindre brindille d'herbe, le vrai désert quoi.
        Par contre la voie de chemin de fer - Mohammadia- Béchar a éte refaite en voie "large", avant il y avait un tortillard, un train du far-west, tu pouvais descendre du train marcher a pied et puis le rejoindre aprés une petite course.
        " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

        Commentaire

        Chargement...
        X