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Néolithique: Le village des cannibales à Herxheim

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  • Néolithique: Le village des cannibales à Herxheim

    Les sites préhistoriques où le cannibalisme est avéré sont rares. Les quelques exemples épars, en Europe et en Amérique, concernent moins d’une dizaine de corps chaque fois. Aussi la découverte, à Herxheim en Allemagne, de plusieurs centaines de squelettes d’hommes dévorés par leurs semblables défie-t-elle l’imagination des anthropologues.

    Tout commence en 1995, lors de fouilles de sauvetage à Herxheim, en Rhénanie-Palatinat, à 80 kilomètres au nord de Strasbourg . Elles mettent au jour les restes d’un hameau datant du Rubané, période où le Néolithique arrive en Europe, vers 5500 av. J.-C. Les maisons sont entourées par une double série de fosses, creusées en plusieurs fois selon un tracé prédéfini.

    À l’intérieur de celles-ci, des crânes et des os humains enchevêtrés ont été entassés, appartenant à 400 ou 500 individus. Les archéologues pensent d’abord à un massacre ou à une bataille. Mais les corps sont démembrés, découpés, et leurs os cassés : une première étude conclut à des rituels funéraires très particuliers.

    Les fouilles sont reprises en 2005 par l’archéologue Andrea Zeeb-Lanz, de la direction de l’archéologie de Rhénanie-Palatinat. L’anthropologue Bruno Boulestin, du laboratoire d’anthropologie des populations du passé de l’université Bordeaux-I, entreprend alors l’analyse minutieuse d’un dépôt. Il rend aujourd’hui ses conclusions : les corps ont été dévorés par des êtres humains. « Les squelettes ont d’abord subi des préparations de boucherie : des traces de découpe sur la plupart des os, la "levée de l’échine", où l’on sépare les côtes de la colonne vertébrale, l’écorchement des crânes depuis la racine du nez jusqu’à la nuque, etc. Ensuite, les os et les crânes ont été fracturés, et ce d’autant plus qu’ils contenaient de la moelle. Certains ont même été rongés, sucés. »

    Les autres dépôts n’ont pas été examinés en détail mais la plupart semblent analogues. Il y aurait donc plus de 400 personnes cannibalisées, et probablement près d’un millier si l’on compte ce qui n’a pas encore été fouillé. « Cela soulève des questions abyssales, reprend Bruno Boulestin. Par exemple, d’où viennent tous ces gens ? » Le village est petit, et il n’y a aucun site de la même période dans la région. Seules les céramiques présentes dans les fosses suggèrent qu’ils venaient de loin : de qualité exceptionnelle, elles proviennent de régions qui vont de la Belgique à la Bohême. En outre, elles indiquent que les dépôts des os datent de la fin d’occupation du village, vers 5000 av. J.-C. : ils se sont étalés sur cinquante ans au maximum, voire beaucoup moins.

    Quant aux causes de ce cannibalisme, elles restent pour l’instant très obscures. La fin du Rubané fut peut-être une période violente : il existe en effet deux sites d’extermination de masse de la même époque, en Allemagne et en Autriche. Mais il n’y a ni cannibalisme dans ces sites ni « cette dimension rituelle, très frappante à Herxheim », précise Andrea Zeeb-Lanz.

    Par la Recherche
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