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GAZA : Tragique ***-de-sac

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  • GAZA : Tragique ***-de-sac

    Par Ahmed R. Benchemsi
    Tragique ***-de-sac


    Avec le jusqu’au- boutisme guerrier du Hamas, les Palestiniens se disent : “Perdus pour perdus, restaurons au moins notre honneur”.


    J’ai toujours estimé l’attitude du Hamas insensée, voire suicidaire. On ne dit pas “nous n’accepterons jamais de reconnaître l’existence d’Israël” à un Etat qui non seulement occupe et contrôle votre territoire, mais qui est en plus d’une supériorité militaire et diplomatique écrasante. Et on ne lance pas des roquettes qui font plus figure de

    pétards qu’autre chose, sur le sol d’un ennemi qui dispose de 200 ogives nucléaires. Simple question de bon sens, et d’appréciation des rapports de forces. Partant d’une position d’infériorité aussi flagrante, qu’avait à gagner le Hamas en lançant, le 19 décembre, des roquettes contre le sud d’Israël – à part une rétorsion que l’ennemi avait d’emblée promis “massive” ? Mobiliser la rue arabe ? Très bien, c’est fait. Une fois de plus. Et après ? Les arabes sont ulcérés par le sort tragique des Palestiniens depuis plus d’un demi-siècle. Cela n’a pas empêché leur situation de se dégrader avec constance…

    Tout cela étant dit, aussi lucide soit-on sur le Hamas et son aveuglement, aussi motivé que l’on puisse être par le désir de comprendre les deux points de vue et de donner une chance à la paix… rien, absolument rien, ne peut justifier l’effroyable massacre qu’Israël est en train de commettre à Gaza. Plus de 700 morts et des milliers de blessés et mutilés, contre 7 morts en tout et pour tout côté israélien ! En deux semaines à peine !! En noyant sous des milliers de tonnes de bombes des villages, des écoles, des hôpitaux, des mosquées, et même des convois mortuaires (!), Israël a démontré toute l’étendue de sa barbarie.

    Le parallèle entre les Nazis et les Sionistes, commun dans certains milieux, m’a toujours mis mal à l’aise. Mais depuis le déclenchement de la dernière offensive contre Gaza, j’avoue, en tout honnêteté, être troublé… Comme l’a écrit le géopolitologue français Pascal Boniface, “Israël donne le sentiment de vouloir écraser une noix avec un marteau pilon”. C’est impardonnable. Même la guerre a des lois. Le plus dramatique dans cette guerre, c’est qu’elle est, d’évidence, perdue d’avance par les Palestiniens. Les tirs de roquette du Hamas n’ont, ne peuvent avoir aucun effet dissuasif sur Israël. Certes, ils font quelques dégâts, mais ces dégâts sont ridicules par rapport à ceux que peut infliger le camp ennemi.

    Tel Aviv espère que sous le feu et la fureur, le peuple de Gaza va se retourner contre le “vrai responsable de son malheur” : le Hamas, qui “provoque” un ennemi trop fort pour lui, et dont l’entêtement idéologique a pour effet de “prendre les populations civiles en otage”. C’est oublier un peu vite que les “provocations” du Hamas ne sont que la réponse à une politique israélienne de blocus qui a fait des milliers de victimes depuis des années, privant les Gazaouis de tous les biens de base, vivres, médicaments et conditions minimales de dignité humaine. C’est le blocus israélien (et la passivité complice de la communauté internationale, pays arabes en tête) qui est le véritable “preneur d’otages” du peuple palestinien. En se déclarant toujours prêt à négocier, le Fatah de Mahmoud Abbas avait une attitude diplomatiquement plus intelligente – en tout cas, moins risquée pour la sécurité de son peuple.

    Sauf qu’elle ne l’a fait arriver à aucun résultat tangible, parce qu’Israël n’a rien voulu céder. Avec le Hamas et son jusqu’au-boutisme guerrier, les Palestiniens se disent : “Perdus pour perdus, restaurons au moins notre honneur”. Barack Obama ne s’est pas encore exprimé sur la tragédie que vit Gaza. Il attend d’être officiellement désigné président des Etats-Unis, le 20 janvier, pour dire son mot. Le monde entier est suspendu à ses lèvres, priant pour que “le changement” et “l’espoir”, ses deux thèmes majeurs de campagne, ne se fracassent pas d’emblée sur les mêmes calculs que d’habitude…
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