Position algérienne sur l’agression israélienne contre Ghaza
Le silence pesant du chef de l’Etat
El-Watan
Par Nabila Amir
14-01-2008
La position officielle de l’Algérie sur l’agression israélienne contre le peuple palestinien s’est particulièrement distinguée par le silence fort remarqué du chef de l’Etat. Depuis le début de cette agression, tous les chefs d’Etat sont intervenus sur le sujet.
Pourquoi le premier magistrat du pays ne s’est-il pas encore prononcé sur ce qui se passe à Ghaza ? Mme Louisa Hanoune, dont on ne peut soupçonner pourtant une inclination à faire de l’opposition à Bouteflika, a dû interpeller hier le chef de l’Etat dans les couloirs de l’Hémicycle sur la position officielle de l’Algérie face à la situation insoutenable que subit le peuple palestinien à Ghaza. Elle a considéré que Bouteflika doit intervenir pour exprimer en toute transparence la position officielle de l’Algérie. D’autres politiques et observateurs de la scène nationale n’en pensent pas moins. « C’est une question de principe et de ‘’nif’’ », signale un député du PT. « Nous ne comprenons pas le silence de Bouteflika », a affirmé Mme Hanoune, qui dit ne pas comprendre le refus d’ouvrir un débat général sur le sujet au niveau de la Chambre basse. M. Chihab, du RND, tout en défendant la position « immuable » exprimée par le Premier ministre quant à la question palestinienne, a soutenu que le chef de l’Etat est seul responsable du moment et de l’endroit où il devra se prononcer sur ce qui se passe à Ghaza. Ne voulant pas visiblement froisser les responsables en haut lieu, Chihab s’en défend en avançant qu’aucun individu ne peut douter de l’engagement du chef de l’Etat pour la cause palestinienne. « M. Bouteflika est seul juge.
C’est à lui d’apprécier cette démarche... », a-t-il ajouté. Côté opposition, Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, fera remarquer, quant à lui, que le minimum que doit faire le chef de l’Etat est d’intervenir auprès de ses « clients » pour arrêter l’exploitation immorale des massacres qui se déroulent à Ghaza à des fins « électoralistes » et « politiciennes ». Plus virulent, il considère très faible et insuffisante la position de l’Algérie vis-à-vis des Palestiniens. « De mon point de vue, l’intervention des chefs d’Etat arabes de manière générale ne va pas apporter de grands changements, puisque les régimes arabes n’ont aucune emprise, aucune crédibilité, ni de poids sur la scène internationale », pense M. Tabbou, qui explique que la réalité a fait que ces régimes ont vécu la démocratie palestinienne comme un affront. La Palestine, selon le premier secrétaire du FFS, est un vrai modèle de démocratie qui a fait peur aux Arabes, d’où leur attitude négative envers cet Etat.
« L’Etat palestinien a été proclamé en Algérie. Une Algérie qui était un modèle de résistance et de solidarité. Cependant, depuis 1988, elle a cédé sur la question palestinienne », a-t-il souligné tout en considérant ce choix comme une sorte d’alliance avec des puissances occidentales. M. Abderrezak Mokri du MPS ne nie pas que la position officielle est relativement acceptable et honorable mais l’Algérie peut mieux faire, a-t-il dit. « Bouteflika doit être clair. Notre président est appelé à être plus efficace dans l’action diplomatique. Il doit parler aux Algériens et il doit conforter les Palestiniens. Rester muet ne sert pas nos intérêts », a soutenu M. Mokri. Plus loin, notre interlocuteur craint que le silence de Bouteflika n’ait un rapport avec une quelconque représaille de la part de l’allié d’Israël, à savoir les Etats-Unis d’Amérique. « Normalement, Bouteflika doit rompre son silence, car il a tout un arsenal juridique sur lequel il peut s’appuyer, notamment le droit international, pour venir en aide au peuple palestinien sans aucune inquiétude », a fait observer M. Mokri. Dans le même temps, l’effacement de Bouteflika peut bien signifier, selon lui toujours, que cela peut être un choix délibéré pour une « diplomatie de l’ombre ». « Il est fort possible que Bouteflika préfère travailler en solo. Dans ce cas de figure, la population est mise à l’écart, ce qui risque de se retourner contre lui », a souligné un autre député.
Le silence pesant du chef de l’Etat
El-Watan
Par Nabila Amir
14-01-2008
La position officielle de l’Algérie sur l’agression israélienne contre le peuple palestinien s’est particulièrement distinguée par le silence fort remarqué du chef de l’Etat. Depuis le début de cette agression, tous les chefs d’Etat sont intervenus sur le sujet.
Pourquoi le premier magistrat du pays ne s’est-il pas encore prononcé sur ce qui se passe à Ghaza ? Mme Louisa Hanoune, dont on ne peut soupçonner pourtant une inclination à faire de l’opposition à Bouteflika, a dû interpeller hier le chef de l’Etat dans les couloirs de l’Hémicycle sur la position officielle de l’Algérie face à la situation insoutenable que subit le peuple palestinien à Ghaza. Elle a considéré que Bouteflika doit intervenir pour exprimer en toute transparence la position officielle de l’Algérie. D’autres politiques et observateurs de la scène nationale n’en pensent pas moins. « C’est une question de principe et de ‘’nif’’ », signale un député du PT. « Nous ne comprenons pas le silence de Bouteflika », a affirmé Mme Hanoune, qui dit ne pas comprendre le refus d’ouvrir un débat général sur le sujet au niveau de la Chambre basse. M. Chihab, du RND, tout en défendant la position « immuable » exprimée par le Premier ministre quant à la question palestinienne, a soutenu que le chef de l’Etat est seul responsable du moment et de l’endroit où il devra se prononcer sur ce qui se passe à Ghaza. Ne voulant pas visiblement froisser les responsables en haut lieu, Chihab s’en défend en avançant qu’aucun individu ne peut douter de l’engagement du chef de l’Etat pour la cause palestinienne. « M. Bouteflika est seul juge.
C’est à lui d’apprécier cette démarche... », a-t-il ajouté. Côté opposition, Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, fera remarquer, quant à lui, que le minimum que doit faire le chef de l’Etat est d’intervenir auprès de ses « clients » pour arrêter l’exploitation immorale des massacres qui se déroulent à Ghaza à des fins « électoralistes » et « politiciennes ». Plus virulent, il considère très faible et insuffisante la position de l’Algérie vis-à-vis des Palestiniens. « De mon point de vue, l’intervention des chefs d’Etat arabes de manière générale ne va pas apporter de grands changements, puisque les régimes arabes n’ont aucune emprise, aucune crédibilité, ni de poids sur la scène internationale », pense M. Tabbou, qui explique que la réalité a fait que ces régimes ont vécu la démocratie palestinienne comme un affront. La Palestine, selon le premier secrétaire du FFS, est un vrai modèle de démocratie qui a fait peur aux Arabes, d’où leur attitude négative envers cet Etat.
« L’Etat palestinien a été proclamé en Algérie. Une Algérie qui était un modèle de résistance et de solidarité. Cependant, depuis 1988, elle a cédé sur la question palestinienne », a-t-il souligné tout en considérant ce choix comme une sorte d’alliance avec des puissances occidentales. M. Abderrezak Mokri du MPS ne nie pas que la position officielle est relativement acceptable et honorable mais l’Algérie peut mieux faire, a-t-il dit. « Bouteflika doit être clair. Notre président est appelé à être plus efficace dans l’action diplomatique. Il doit parler aux Algériens et il doit conforter les Palestiniens. Rester muet ne sert pas nos intérêts », a soutenu M. Mokri. Plus loin, notre interlocuteur craint que le silence de Bouteflika n’ait un rapport avec une quelconque représaille de la part de l’allié d’Israël, à savoir les Etats-Unis d’Amérique. « Normalement, Bouteflika doit rompre son silence, car il a tout un arsenal juridique sur lequel il peut s’appuyer, notamment le droit international, pour venir en aide au peuple palestinien sans aucune inquiétude », a fait observer M. Mokri. Dans le même temps, l’effacement de Bouteflika peut bien signifier, selon lui toujours, que cela peut être un choix délibéré pour une « diplomatie de l’ombre ». « Il est fort possible que Bouteflika préfère travailler en solo. Dans ce cas de figure, la population est mise à l’écart, ce qui risque de se retourner contre lui », a souligné un autre député.
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