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Au nom du « machin »

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  • Au nom du « machin »

    Sur le plateau de TV5 Monde de dimanche dernier, «Internationales», émission animée par le très réservé Xavier Lambrecht, assisté de deux journalistes de RFI et du quotidien Le Monde, avait pour invité Hervé Morin, ministre de la «Guerre» français. Le terme «Défense» siérait mal à un pays qui, sous le sacro-saint parapluie de l’ONU, est devenu un impénitent va-t-en guerre !

    A la remorque étasunienne, cette belle France que Charles de Gaulle voulait souveraine dans ses décisions, est plus que jamais soumise.

    L’auteur de «La France, c’est moi !» doit se retourner dans son caveau. Côte d’Ivoire, Rwanda, Kosovo, Bosnie, Irak, Afghanistan... d’ici peu, il n’y aura plus de soldats pour défendre l’Hexagone, au cas où il viendrait au Hamas l’idée de souffler une rame de métro bourrée d’innocents écoliers. C’est à peu près le scénario hallucinatoire de M. Morin, qualifiant le Hamas d’organisation terroriste. L’un des journalistes lui rappelait que c’est tout de même une organisation politique, reconnue par les Palestiniens, Cisjordaniens compris.

    « Quand bien même cette formation est sur la liste des organisations terroristes ! ». Ressac discursif purement suiviste qui inflige impunément ce qualificatif à tout mouvement de libération nationale ou séparatiste. On l’aura constaté dans les pays occidentaux eux-mêmes, quand il s’est agi des mouvements basque, irlandais ou même corse.

    Quant aux tueries commises par l’armée israélienne, qualifiées de « crimes de guerre » par beaucoup d’observateurs avertis, le jeune ministre réagit par un parti pris qu’il ne tente même pas de dissimuler : « Ecoutez, ne soyons pas excessifs ! Imaginez-vous qu’en Israël la population est terrorisée. Elle se pose l’angoissante question de savoir si ses enfants rentreront indemnes de l’école ou jamais sous l’effet de l’explosion d’un bus... ».

    Alors là, il faut croire, M. le Ministre, que vous faites montre soit d’un machiavélique cynisme, soit d’une inconsciente naïveté ! Croyez-vous intimement que la France, sous la botte germanique, aurait été libérée avec des oeillets ? Les Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.) étaient-elles considérées comme organisation terroriste ? Elles étaient parties intégrantes d’une résistance populaire à l’occupation violente de son pays. Et là aussi, il faut vraiment relativiser : la capitale française n’a jamais été sous le black-out des bombardements. Les « Boches » du pays de Goethe, criminels de guerre peut-être, mais pas incultes, n’ont touché ni à Notre-Dame, ni à la Tour Eiffel, ni au Louvre. Vos repères identitaire et religieux sont demeurés intacts. Reconnaissez tout de même que ça n’a pas été le cas avec Sharon à Jérusalem, ni avec les GI au pays de Babylone. Je vous suggère, M. Morin, de revoir « La traversée de Paris », excellent film de Claude Autant-Lara du reste. A l’inverse des valises d’armes du FLN, celles de ce film racontaient l’histoire du jambon livré à la petite bourgeoisie privée des plaisirs de la table. Décidément, les atrocités de la guerre ne peuvent être que sensorielles pour l’observateur ; elles sont plus mortifères pour ceux qui les subissent. Près de 300 enfants sont déjà morts par bombardement ou brûlure au phosphore blanc. Ceux qui en réchappèrent montraient au monde leurs poupées calcinées. Et la proposition franco-égyptienne ? Le ministre s’appesantira beaucoup plus sur la sécurisation de la frontière égypto-ghazaouie, la fermeture des tunnels du « trafic » et autres balivernes. Il est clair, et selon son propre aveu, qu’il y aura du nouveau après le 20 janvier à l’investiture de M. Obama... Ouf c’est évacué ! La solution ne peut être qu’américaine et par ricochet israélienne. Le reste, c’est du vent !

    Dans l’attente, les Palestiniens n’auront qu’à s’en prendre au Hamas qui a violé la trêve. Quelques jours de fer et de feu ne changeront pas beaucoup à la donne du Moyen-Orient. Les Israéliens, en dépit des massacres collectifs qu’ils infligent aux Palestiniens, savent, avec la duplicité en plus, que cette race prolifère plus vite que la leur et ne se priveront pas de faire le plus de dégâts, tant que la brèche est encore ouverte.

    La présence française en Afghanistan ? Le coq gaulois s’ébroue et lance son cocorico traditionnel. Vous ne pensez tout de même pas, qu’excepté Chypre et Malte qui ne déploient pas de forces à Kaboul, la France ne soit pas présente avec les autres pays de l’UE ! Impensable pour la quatrième puissance de la planète ! Si demain M. Obama demandait à la France d’augmenter le nombre de ses troupes, actuellement de l’ordre de 2.800 soldats, est-ce que vous répondrez favorablement à cette demande ? Il n’est pas présentement dans l’intention de la France de faire évoluer son contingent. Le journaliste: «C’est définitif M. le Ministre ?».«Euh... Vous savez bien qu’en politique rien n’est définitif, mais posez quand même la question au Premier ministre... ». En guise de slalom, on ne fait pas mieux !

    Mais qui oblige la France à être présente militairement en Afghanistan, les talibans ne présentant pas de danger réel pour notre pays ? La vaseuse réponse ne convainc personne et probablement pas le ministre lui-même:«Nous sommes là-bas pour aider ce pays féodal de par ses ethnies à se démocratiser par la réconciliation nationale et pour lutter contre le narcotrafic... Vous savez, là où « nous » avons installé des gouverneurs, la culture du pavot a disparu ! Il y a maintenant plus de six millions d’enfants scolarisés. Nous avons construit un centre de protection de la mère et de l’enfant, etc.».

    Etes-vous sincère, M. Morin, en avançant de telles inepties ? Faut-il pour cela une présence militaire musclée ?, s’interrogea l’un des journalistes présents au débat. « Bien sûr ! Nous formons des soldats à la place de guerriers... J’ai dit à Karzai, président élu démocratiquement, qu’à chaque fois que le calme revient dans une région, nous la cédons à l’armée régulière afghane ».

    Il est établi à présent que la démocratie est à géométrie variable: on l’encense à Kaboul et Baghdad mais pas à Ghaza ! Mais les talibans sont soutenus par près de 43% de la population !, affirme l’un des journalistes sur le plateau. Morin feint de ne pas avoir entendu. Les grandes démocraties, à l’instar d’Israël, ne reconnaissent cette dénomination qu’aux judéo-chrétiens. Et de ça, personne n’est dupe.

    En guise de conclusion, Xavier Lambrecht lance une banderille, manière très professionnelle de démonter élégamment tout ce qui a été tenu comme propos ministériels, par une question assassine : « Ferez-vous partie du nouveau cabinet de mercredi prochain ou pas, Monsieur le Ministre ? ». Déstabilisé, l’interlocuteur partit d’un rire jaune..., bafouillant une réponse à peine audible.

    Pendant ce temps et à quelques encablures de là, on montrait sur France 2 les fastes de la répétition grandeur nature de l’investiture de Barak Ehoud... Excusez le lapsus, je voulais dire Barak Obama. Le sergent (Noir, bien sûr) Brooks a joué, sous la direction d’un metteur en scène, le rôle momentané du futur président des Etats-Unis d’Amérique. G.W. Bush a eu, lui, droit à sa réplique quittant pour la dernière fois la Maison-Blanche en hélicoptère.

    A Ghaza, rien n’a encore changé, elle est réoccupée par les colonnes blindées. Olmert déclare que sa guerre atteindra bientôt ses objectifs. Il attend certainement de voir de quel bord sera le nouveau président américain pour décréter ou non un cessez-le-feu. Manière atavique à lui pour lui faire chanter du negro-spiritual, comme il a fait chanter du country à ces prédécesseurs.

    A partir d’El-Arish (Egypte), Véronique Keyser, cette honnête députée (PS) européenne, décrit cette guerre comme une guerre inutile, systématique et méthodique : elle est menée contre des femmes et des enfants. Il n’y a plus de Fatah ni de Hamas. Il y a présentement un peuple atrocement massacré certes, mais uni par la haine de l’envahisseur. Fin de citation.

    Farouk Zahi
    Le Quotidien d'Oran
    Dernière modification par DZone, 15 janvier 2009, 10h09.

  • #2
    A partir d’El-Arish (Egypte), Véronique Keyser, cette honnête députée (PS) européenne, décrit cette guerre comme une guerre inutile, systématique et méthodique : elle est menée contre des femmes et des enfants. Il n’y a plus de Fatah ni de Hamas. Il y a présentement un peuple atrocement massacré certes, mais uni par la haine de l’envahisseur. Fin de citation.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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