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Mortalité maternelle et néonatale : la grande inégalité

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  • Mortalité maternelle et néonatale : la grande inégalité

    Dans beaucoup de pays, avoir un enfant demeure une aventure périlleuse : selon le rapport annuel de l'Unicef, plus d'un demi-million de femmes meurent tous les ans, dans le monde, à la suite d'une grossesse ou d'un accouchement difficile. "Alors que le nombre de décès d'enfants de moins de 5 ans a fléchi depuis 1990, la mortalité maternelle reste un problème obstinément insoluble", regrette le document rendu public par le Fonds des Nations unies pour l'enfance, jeudi 15 janvier.

    Le nombre de décès d'enfants de moins de 5 ans dans le monde : il a atteint 9,2 millions en 2007, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). 51 % des décès ont lieu en Afrique, 41 % en Asie. Les pays présentant en 2004 les taux les plus élevés de mortalité néonatale (dans les 28 premiers jours de la vie) étaient le Liberia (66 pour mille), la Côte d'Ivoire (64) et l'Irak (63).

    La mortalité maternelle : 538 000 femmes sont mortes en 2005 dans le monde de causes liées à la grossesse ou à l'accouchement. L'Afrique représente 51 % de ces décès, et l'Asie 43 %. Le taux de décès maternels en Afrique est de 820 pour 100 000 naissances vivantes.


    Cette mortalité maternelle est souvent associée à une forte mortalité des nourrissons : tous les ans, près de 4 millions de bébés meurent dans les vingt-huit jours qui suivent leur naissance. Beaucoup d'entre eux ont vu leur mère succomber : selon des recherches menées en Afghanistan, 74 % des nourrissons vivants à la naissance dont la mère est décédée après l'accouchement ne parviennent pas à survivre.

    ABSENCE DE SUIVI MÉDICAL

    Deux continents – l'Afrique et l'Asie – concentrent à eux seuls plus de 95% de la mortalité maternelleet près de 90% des décès de nourrissons. La Sierra Leone affiche le taux de décès maternels le plus élevé du monde, et deux pays – l'Inde et le Nigeria – regroupent un tiers des décès de la planète. Aujourd'hui comme hier, la mortalité maternelle et néonatale est associée à la pauvreté : selon les Nations unies, plus de 99% des décès d'accouchées ou de nouveau-nés surviennent dans des pays en voie de développement.

    Malgré les efforts de ces dernières années, le fossé entre les pays riches et les pays pauvres reste abyssal : l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest comptabilisent 1100 décès maternels pour 100 000 naissances contre seulement 8 dans les pays industrialisés, des chiffres qui n'ont pas évolué entre 1990 et 2005. "Pour une femme des pays les moins avancés, le risque moyen, sur la vie entière, de mourir de complications liées à la grossesse et à l'accouchement est 300 fois plus élevé que pour une femme vivant dans un pays industrialisé, note l'Unicef. Aucun autre taux de mortalité ne va aussi loin dans l'inégalité."

    Les origines de ces records de mortalité sont connues : dans les pays les moins avancés, les femmes accouchent à domicile, sans suivi médical et sans l'assistance d'un personnel qualifié. "La plupart des décès maternels sont liés à des complications obstétricales – hémorragies post-partum, infections, éclampsie [caractérisée par des convulsions] ou travail prolongé ou dystocique [difficile], entre autres", constate l'Unicef. Le paludisme, l'anémie, le sida ou les parasites intestinaux fragilisent par ailleurs les femmes enceintes de ces pays.

    Pour les nourrissons, les facteurs de risque sont étroitement liés à l'état de santé et aux conditions de vie des futures mères. "Le retard de croissance intra-utérin, qui se définit par une croissance insuffisante du fœtus pendant la grossesse, représente l'un des principaux risques de décès périnatal, souligne le document de l'Unicef. Tout comme l'insuffisance pondérale, il est associé à la dénutrition et à la mauvaise santé de la mère, entre autres facteurs."

    Malgré ce constat, l'Unicef estime que les objectifs du Millénaire pour le développement – réduire de 75 % la mortalité maternelle entre 1990 et 2015 – ne sont pas hors de portée. "Les études révèlent que 80 % des décès maternels pourraient être évités si les femmes avaient accès à des services essentiels de maternité et à des soins de santé de base", affirme Ann Veneman, la directrice générale de l'Unicef. Selon cette organisation, il existe des solutions "peu coûteuses" qui permettraient de faire reculer la mortalité maternelle et néonatale dans les pays pauvres.

    Amélioration des conditions d'hygiène et de la nutrition, accès aux soins prénatals, présence d'un agent de santé qualifié lors de l'accouchement, visites postnatales : le Fonds des Nations unies plaide en faveur d'un "continuum de soins" reliant les familles et les communautés aux systèmes de santé. Mais l'organisation internationale y ajoute une kyrielle de mesures allant de la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticides à la vaccination des femmes enceintes, en passant par l'accès à l'eau potable.

    APPROCHE CULTURELLE

    Pour être efficaces, ces politiques de santé doivent, selon l'Unicef, s'accompagner d'un réel progrès en matière de droits des femmes. Accès à l'éducation, développement de la planification familiale, lutte contre les violences sexuelles, les mariages arrangés et les grossesses précoces : "L'éducation des filles et des jeunes femmes est l'un des meilleurs moyens de briser le piège de la pauvreté et de créer un milieu favorable à la santé maternelle et néonatale", estime Ann Veneman.

    L'Unicef plaide donc en faveur d'une approche sanitaire, mais aussi culturelle, économique et sociale. "La discrimination fondée sur le sexe peut empêcher les filles et les femmes de chercher à obtenir ou de bénéficier de soins de santé adéquats et d'une préparation à la vie active, essentielle pour les protéger contre les infections sexuellement transmissibles, la violence, les mauvais traitements et l'exploitation", note le rapport. Les études montrent ainsi que les petites filles qui sont allées à l'école se marient plus tard que les autres, ont moins d'enfants que celles-ci, respectent mieux les calendriers de vaccination et portent une attention plus soutenue à la qualité de l'alimentation.

    par Le Monde
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