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Maroc : « Personne ne parlait de pédophilie »

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  • Maroc : « Personne ne parlait de pédophilie »

    Pour ce qu est du maroc je n'ai pas beaucoup d'information (surement par paresse) qu'y a t-il de plus normal que de demander à un FAiste marocain de nous donner un aperçu, surtout du travail des ONG et de la sensibilisation.

    Rouge et or


    ...................................

    Voici un aperçu sur la situation au Maroc et le combat contre ce fléau qui n'a malheureusement commencé qu'en 2004 mais il n'est jamais tropo tard pour débuter .

    Maroc : « Personne ne parlait de pédophilie »


    Najat Anwar, de l’association Touche pas à mon enfant, s’efforce de briser la loi du silence.

    Par SONYA FAURE
    Liberation : jeudi 6 septembre 2007


    Najat Anwar est présidente de Touche pas à mon enfant, une association de lutte contre la pédophilie et le tourisme sexuel. L’association s’est portée partie civile dans plus d’une centaine d’affaires impliquant des enfants. Elle a également mené depuis 2004 de grandes campagnes de sensibilisation et mène un lobbying auprès des autorités pour faire évoluer la législation et les insti*tutions.
    Comment est né Touche pas à mon enfant ?
    En 2004, un scandale a éclaté à Rabat : on a découvert que pendant dix-huit ans le gardien d’une crèche s’était livré à des attouchements sexuels sur les enfants. Il n’a été condamné qu’à deux ans de prison. Je vous l’avoue aujourd’hui : je ne savais pas que ça existait chez nous. On en entendait parler sur CNN, sur Euronews… On savait que la pédophilie existait à l’étranger. Mais au Maroc ! En juillet 2004, j’ai décidé de créer Touche pas à mon enfant, qui lutte contre la pédophilie, le mariage des mineurs - un homme de 60 ans marié à une fille de 14 ans, c’est de la pédophilie déclarée -, l’inceste, la prostitution enfantine et le tourisme sexuel. Personne n’avait jamais parlé de pédophilie à l’époque. Et personne ne voulait en parler. Il a fallu, la même année encore, qu’une nouvelle affaire éclate, celle du pédophile tueur en série de Taroudant qui a tué 9 garçons, pour que les Marocains se rendent compte que la pédophilie était un danger.
    Certains ne pouvaient tolérer qu’on parle de sexe, même pour sensibiliser les enfants. Les victimes et leur famille se taisaient. C’est la hchouma , la honte, la peur du qu’en-dira-t-on. Du coup, on est passé par les médias. A chaque acte pédophile dont nous étions informés, nous avons alerté la presse, la télévision… A chaque fois, la lumière était faite sur des cas particuliers : un meurtre à Meknès, un viol à Rabat… Les médias montraient les photos des victimes, les parents passaient à la télévision. Parallèlement, nous avons monté un réseau de 19 antennes dans tout le pays. Chaque équipe organise des campagnes de sensibilisation, avec des pièces de théâtre ou des spectacles de rap et de hip-hop, qui chantent « touche pas à mon enfant, sinon tu touches à mon pays ».
    Les mentalités ont-elles changé ?
    Nous avons inversé la tendance : les victimes nous appellent. Les parents veulent qu’on en parle, avertir la télévision… Mais ce que nous voulons, c’est sortir des cas individuels et changer les institutions. Votre association a touché à un autre tabou : le tourisme, secteur essentiel de l’économie marocaine…
    Le tourisme sexuel, qui touche surtout Agadir et Marrakech, était lui aussi tu, bien sûr. Et les touristes en quête d’enfants en profitaient. Il a longtemps régné au Maroc ce qu’on appelait « l’immunité touristique ». Quand bien même l’étranger était arrêté, on lui demandait de payer une simple amende.
    Et aujourd’hui ?
    Nous sommes optimistes. En avril 2006, une loi a fait entrer dans la loi les termes de « tourisme sexuel », de « pédophilie », de « mariage forcé de mineur ». Les juges changent progressivement de regard sur ces actes. En 2006, un Hollandais a écopé de quatre ans de prison ferme pour avoir abusé d’un mineur. Une première ! Cinq Allemands ont pris de six mois à trois ans de prison. Ces peines ne sont pas encore assez sévères, et nous faisons systématiquement appel. Mais il y a un progrès. Désormais nous nous battons pour que la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, que le Maroc a ratifiée, soit réellement appliquée. Que les tribunaux prennent le témoignage de l’enfant en considération par exemple. Ici, les juges concluent à chaque fois : « Il n’y a pas de témoin. » Mais que pensent-ils ? Que le pédophile va inviter des témoins dans son hôtel ? Un exemple encore : quand le mineur témoigne à la barre, les juges lui demandent fréquemment : « As-tu été passif ou actif ? » S’il dit avoir été actif, c’est comme s’il n’était plus vraiment une victime.
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