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Au Zimbabwe, l'épidémie de choléra frappe 90 % du pays

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  • Au Zimbabwe, l'épidémie de choléra frappe 90 % du pays

    Encore une mauvaise nouvelle pour les Zimbabwéens : l'épidémie de choléra croît et tue plus que prévu. Pour la seule journée du mercredi 14 janvier, 104 personnes sont mortes de la maladie. A ce même jour, le choléra avait officiellement tué 2 201 Zimbabwéens depuis son apparition, en août 2008, et affecté près de 42 000 personnes. "Tout le monde s'attendait à ce que l'épidémie soit sous contrôle plus rapidement, confie Françoise Le Goff, directrice de la Croix-Rouge en Afrique australe. Mais aujourd'hui, le pire scénario, qui envisageait 60 000 cas au total, sera probablement dépassé."

    Plusieurs raisons expliquent cette aggravation. Tout d'abord le climat. "Nous sommes en plein dans la saison des pluies, et c'est l'une des plus abondantes des vingt-cinq dernières années", estime Peter Mutoredzanwa, représentant de l'organisation non gouvernementale (ONG) Oxfam au Zimbabwe. Des inondations sont attendues dans les prochains jours. Elles risquent d'emporter des excréments humains, les habitants étant privés de sanitaires, et de déverser l'eau souillée, responsable du choléra, dans les égouts et des puits non protégés utilisés par la population en manque d'eau potable. Dans certaines régions, plus des trois quarts des sources d'eau sont déjà contaminées.

    DÉCHETS CONTAMINÉS


    L'épidémie s'est aussi étendue géographiquement. Près de 90 % des 62 districts du pays sont désormais touchés, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). "Les vacances de Noël ont permis à de nombreux Zimbabwéens de rendre visite à leurs familles, rappelle José Bergua, du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Ces déplacements ont facilité la diffusion de la maladie." La collecte des ordures n'ayant plus lieu à Harare, les habitants de la capitale doivent abandonner leurs déchets, parfois contaminés, à l'extérieur de la ville.

    Les villages les plus reculés sont frappés mais, du fait de la crise économique, les malades n'ont pas toujours les moyens de se déplacer jusqu'à l'un des 172 centres de traitement du choléra. Beaucoup meurent chez eux et n'apparaissent pas dans les chiffres officiels. Selon la Croix-Rouge, 56 % des victimes du choléra recensées meurent avant d'avoir eu accès aux soins. Les organisations humanitaires ont réagi en envoyant des équipes sur place.

    Enfin, le système de santé zimbabwéen continue à se délabrer. Un rapport de l'ONG américaine Médecins pour les droits de l'homme (PHR) a dénoncé le coût exorbitant des consultations dans les cliniques privées, alors que les grands hôpitaux publics sont désormais fermés, faute d'équipements et de personnel, en grève depuis trois mois pour obtenir des hausses de salaires. Les négociations entre les médecins et le gouvernement n'ont toujours pas abouti.

    La propagation de l'épidémie devrait ralentir seulement à la fin de la saison des pluies, en mars. Sur le terrain, l'aide humanitaire gagne en efficacité, et les ONG peuvent enfin compter sur l'entière coopération des autorités. On se dirige ainsi vers une augmentation du nombre de cas répertoriés, en raison d'une meilleure détection, et vers une diminution des décès, grâce à davantage de traitements réalisés en amont. -


    Des cas recencés dans les pays limitrophes

    Quinze personnes sont mortes du choléra en Afrique du Sud, où plus de 2 000 cas ont été enregistrés depuis le début de l'épidémie au Zimbabwe voisin, a indiqué, mercredi 14 janvier, le ministère sud-africain de la santé, qui précise que "la plupart des décès ont eu lieu dans la province du Limpopo", limitrophe du Zimbabwe, dans le nord-est du pays. Des cas de choléra ont également été recensés au Botswana, au Mozambique et en Zambie, tous voisins du Zimbabwe.

    Cependant, "ce qui se passe en Zambie n'a aucun lien avec la situation au Zimbabwe", a affirmé un porte-parole du gouvernement zambien. Dans ce pays, où 28 personnes sont mortes du choléra depuis septembre 2008, la maladie sévit à l'état endémique. C'est également le cas au Nigeria, dans le nord du continent africain, où une épidémie de choléra a provoqué, depuis deux semaines, la mort de 27 enfants dans l'Etat d'Ebonyi (Sud-Est), relate la presse locale. -

    Par Le Monde
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