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Les Révoltes feutrées de Slimane Aït Sidhoum

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  • Les Révoltes feutrées de Slimane Aït Sidhoum

    Ensemble d’acteurs d’une période difficile et appartenant à différentes fratries dont le sort est lié à celui du pays. Chaque personnage est représentatif d’une catégorie sociale. Par exemple, Lamara, patriarche pur et dur, un traditionaliste conservateur des impératifs de conduite hérités des ancêtres. Les plus jeunes, quant à eux, sont annonciateurs de perspectives d’avenir nouvelles : les uns acceptent la soumission à l’ordre établi, les autres refusent de devenir bergers.

    Les Révoltes feutrées connotent bien des changements à venir. C’est le cas de Salem qui fait une fugue en direction des Ouacifs, contrairement à Idir qui accepte de quitter l’école pour aller garder les chèvres.
    Le livre est élaboré dans une langue accessible pour rendre la lecture passionnante. On a bien compris comment et pourquoi Si El Hafid a été enrôlé dans l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père a payé le prix d’une oliveraie pour lui éviter d’aller au service militaire et le garder ainsi comme soutien précieux dans la famille vivant de l’élevage et des produits de la terre.

    Des familles dans la Révolution

    L’auteur a reconstitué les moments à suspense, les plus intenses de la Guerre de libération nationale. Ce qu’il raconte fait partie du vécu de chaque village jeté dans une tourmente indescriptible. Dans une famille ou dans une même ville, on peut trouver des combattants de l’Armée de libération nationale, des indicateurs engagés corps et âme dans les services de renseignements français.

    Des personnes sont impliquées. Les uns ont pris le parti du FLN, les autres, celui de l’armée d’occupation quand une autre catégorie ne joue pas double jeu. Le père de Youcef est mort, les armes à la main ; Idir est collecteur de fonds.

    Si El Hafid reçoit un émissaire du maquis lui demandant une aide en nature ou en espèces ; à la suite de quoi des denrées alimentaires furent acheminées à Aït Ouabane, village de haute montagne et citadelle imprenable où devaient se trouver réfugiés les frères combattants. Salem, qui avait opté pour la voie inverse, a risqué sa vie. Le capitaine Randier dirige une troupe pour pacifier la région.

    Quant à Raveh, il avait quitté Derna pour aller s’installer à El Harrach comme commerçant, puis il vint s’installer à la rue Didouche-Mourad, et, ensuite, dans une villa à Hydra, après le départ massif des Français.
    Il y a Youcef, fils de moudjahid et son neveu qu’il a pris soin d’héberger, depuis son installation à El Harrach.

    Et que d’émotion avec l’exil à vie des pieds-noirs en 1962 et l’exode rural vers les grandes villes comme Alger, à la même année.

    Après la nuit coloniale, des lueurs d’espoir

    Il y eut d’abord la guerre, étape ultime de la colonisation, qui présente des similitudes avec celle qui a permis aux colonisateurs d’inaugurer l’ère de l’occupation qui allait s’étaler sur 132 ans.

    Situation difficile pendant la Guerre de libération nationale où chacun doit apprendre à survivre. Le capitaine dit avoir mis à son service des agents de renseignements issus de la population. Il ne savait pas que beaucoup font semblant d’être de son camp, alors qu’ils jouent un rôle actif de l’autre côté de la barrière.

    Ce qui nous est donné à lire est constitué d’une série de tableaux pour nous replonger dans les temps forts de l’histoire, celle qui baigne dans une ambiance où chacun côtoie l’autre, sans savoir à quel camp il appartient.
    Au passage, nous avons saisi au vol l’expression bien répandue, «la valise ou le cercueil», brandie à l’adresse des pieds-noirs qui ont choisi de prendre la valise pour un départ définitif.

    Mais de ce village, Derna, gravement éprouvé par la guerre avec tous ses dépassements, cortèges de deuils, destructions, exodes, forcés et qui a servi de décor au roman, est issu un personnage emblématique représentant la nouvelle génération. Il est le symbole de la réussite puisqu’il a fait les écoles de médecine qui lui ont attribué des diplômes de neurochirurgiens. Ce spécialiste en médecine, frais émoulu, a peut-être été mis en scène pour donner l’image d’une Algérie qui a tourné la page, pour, désormais, entrer en compétition avec les nations avancées, car le jeune parle d’aller à un congrès aux Etats-Unis où il pense également rencontrer une jeune femme comme quatorze ans plus tôt, pour essayer de renouer avec elle, dans l’éventualité d’un mariage.

    Les Révoltes feutrées, un roman bien balisé. Chaque partie porte le titre d’un personnage typique dans l’univers duquel on s’introduit facilement pour se délecter de tranches de vie. C’est, là, une technique romanesque qui facilite la concentration face à des acteurs porteurs de charge émotionnelle et de rêves de changement, mis à part les vieux, restés conservateurs.

    C’est un roman qui se destine à tous les publics, en particulier les jeunes en mal de connaissances sur notre passé historique

    Par La nouvelle République
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