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Les Freedom Riders parlent, près de 50 ans après

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  • Les Freedom Riders parlent, près de 50 ans après

    Frank Holloway Né le 8 février 1939 à Atlanta (Géorgie). En 1961, étudiant et membre du Comité d'appel aux droits de l'homme. Participe à des manifestations et des sit-in, plusieurs fois arrêté. Depuis, un des dirigeants du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) dans le Mississippi, l'Alabama et en Géorgie.

    "La non-violence n'était pas un mode de vie, c'était une tactique. Une tactique qui a fonctionné : il y a eu beaucoup de publicité. Nous luttions contre un système auquel nous étions accoutumés depuis tellement d'années. On avait peur. On a été battus, menacés, arrêtés. Mais à cela aussi, nous nous sommes habitués.

    Pour moi, cela a commencé dans la gare routière d'Atlanta (Géorgie). Nous étions deux. Nous nous sommes assis au premier rang, sur une banquette réservée aux Blancs. Le shérif est venu. Tout le monde est descendu du car sauf nous. Nous étions surpris. D'un coup, nous sentions que nous avions du pouvoir : bloquer un car et donc faire perdre de l'argent aux Blancs. Après un moment, les passagers sont remontés. Avant le départ, un Noir est venu s'asseoir à côté de nous. Il a dit : Je ne sais pas pourquoi je fais cela, mais je vais avec vous. Dans la prison de Parchman, nous avons tous été interrogés. Avant mon passage, une femme avait été emmenée dans la pièce où l'on devait répondre aux questions des inspecteurs. J'ai entendu très distinctement des coups, des coups violents. C'était impressionnant. J'ai moi-même été battu.

    Les Freedom Rides ont été un premier grand pas dans l'histoire des droits civiques. On a tous senti que c'était possible. Dans chaque ville, les gens voyaient des Noirs et des Blancs assis les uns à côté des autres. C'est comme cela que les barrières ont sauté et que la peur a progressivement disparu. Je suis extrêmement content de l'élection de Barack Obama, même si le combat doit continuer. La souffrance des Noirs est toujours là. Prenez l'économie, les prisons : nous, les Noirs, nous sommes plus touchés. Il y a toujours des barrières raciales dans la société américaine. Mais aujourd'hui, il y a de l'espoir."

    par Frank Holloway

    Franck Holloway, à son arrestation pour "Freedom Riding" en mai 1961 et en 2007.




    Margaret Leonard Née le 5 janvier 1942 à Louisville (Kentucky), elle grandit en Géorgie. Parents journalistes. En 1961 Etudiante à La Nouvelle-Orléans. Participe à de nombreuses manifestations du CORE. Seize jours en prison à Parchman après un Freedom Ride. Depuis, journaliste dans plusieurs publications, dont le Palm Beach Post et le Miami Herald. Retraitée, installée à Tallahassee (Floride).

    "Nous avons élu un président noir uniquement parce qu'il était très supérieur à son adversaire. Barack Obama n'est pas d'une seule couleur. C'est un mélange. Sa mère était comme moi. Je me sens très proche d'elle. Elle était bien plus intelligente et audacieuse que je ne l'étais, mais sinon elle était comme moi : même âge, mêmes doutes existentiels, mêmes errements dans la vie de couple, le lieu d'habitation… Moi aussi, j'ai élevé mes enfants seule. Bref, elle était blanche comme moi et Barack Obama est autant blanc que noir.

    Le jour de l'élection, j'ai d'abord pensé à tous ces morts. Dans ces années 1960-1970, il n'était pas facile d'être dans le Mouvement des droits civiques. Je n'ai pas été battue, peut-être parce que j'ai été arrêtée plus tard, plusieurs semaines après que les premiers cars furent arrivés à Jackson. Mais la prison a été très dure émotionnellement. Je garde profondément ancrée dans ma mémoire l'image du jour de ma sortie de Parchman : tous les bras étaient tendus à travers les barreaux des cellules le long du couloir. Un long couloir de bras blancs et noirs.

    Les gens avaient peur. Beaucoup de Blancs avaient peur non pas de mourir, mais de perdre leur travail. Ma mère a perdu le sien après mon incarcération.

    Aujourd'hui, la question raciale est toujours importante, mais ce qui anime la réflexion est différent. Mes enfants parlent davantage d'environnement. Les jeunes sont si différents de nous. Je pense que nous avons aidé à la mise en place d'un monde meilleur. Notre pays est clairement mieux aujourd'hui par rapport à ce qu'il était. J'aurais souhaité que mes parents et ma sœur vivent assez longtemps pour voir cela."

    Par Margaret Leonard


    Margaret Leonard à son arrestation en juin 1961 pour "Freedom Riding"


    Par Le Monde
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