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A yagu - Lounis Ait Menguellet

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  • A yagu - Lounis Ait Menguellet

    Merci à arfis pour la mise en ligne de la chanson et à mis-tmurt de dailymotion pour la traduction !


  • #2
    Mes yeux ont cherché
    Où trouver un de mes amis.
    Ils ne sont plus autour de moi
    Et leur arrivée est compromise.
    Où êtes-vous, où êtes vous allés,
    O vous qui refusiez le déshonneur ?

    Mon cœur refuse
    De croire que je n’ai plus d’amis.
    Ils vous cherchent,
    Il vous retrouve dans les rêves.
    Où êtes vous
    Où êtes vous allés
    Vous que les jours ont trahis ?

    La nostalgie est permanente
    Elle a fait de mon cœur sa demeure.
    Elle trouve en moi
    Tout ce qu’elle pouvait désirer.
    Où êtes vous
    Il n’y a que votre joie
    Qui puisse lui prendre sa place.

    La nostalgie m’a dit :
    Je ferai de ton cœur ma résidence.
    Maintenant je peux te vaincre
    Car tes amis étaient ta seule défense.
    Tes amis étant partis
    Tes amis n’étant plus avec moi,
    Qui viendrait à ton secours?

    Je suis banni comme tous les bannis
    Mais pour une raison qui m’est propre :
    Le frère en qui j’espérais le bien
    A résolu de me combattre.
    Je pars, je change de pays
    Reste frère, fais à ta guise.

    Rappelons à la génération oublieuse
    Le temps de notre engagement :
    Quand lui servait le couscous pour l’ennemi,
    Moi je le truffais de billes de plomb.
    Quand le conflit prit fin
    Je me suis retrouvé sous sa protection.

    Ta protection était un pieu enclave
    Enfoncé dans le cœur de ma maison.
    Et moi je devais rester sur le seuil
    D’où je devais mendier ton pain.
    Je suis fait du chêne qui refuse de plier,
    Pas de la consistance fragile du roseau.

    Depuis leur éloignement du pays,
    Mes yeux n’ont pas cessé de pleurer
    Et d’attendre qui allait venir
    Pour au moins nous apporter les nouvelles.
    Ce n’est pas toi l’objet de ma nostalgie, frère,
    Mais la terre qui nous a engendrés.

    O Clair de lune
    Qui as oint les sommets
    O clair de lune !
    Où que je sois
    Où qu’ils veuillent être,
    O clair de lune,
    Je te vois
    Comme ils te voient
    O clair de lune.

    J’ai attendu les nouvelles
    Aujourd’hui comme hier
    J’ai attendu les nouvelles
    Le jour et son lendemain confondus.
    J’ai attendu les nouvelles
    Eté comme hiver
    J’ai attendu les nouvelles
    En surveillant toutes les directions
    Le nuage vint et me trouva
    Sur ma demande
    Il me répondit : o mon pauvre malheureux !

    D’où viens-tu nuage ?
    O nuage amené par le vent !
    Je viens d’où tu viens
    Et où tu ne retourneras jamais
    O mon pauvre malheureux.

    Qu’as-tu vu ? Ô nuage !
    Ô nuage amené par le vent !
    J’ai vu ceux que tu aimes
    Et que tu ne reverras plus jamais
    Ô mon pauvre malheureux.

    Pourquoi suis-je banni ? Ô nuage !
    Ô nuage amené par le vent !
    Depuis la mort de ton père
    Ton rêve s’est transformé en cauchemar
    Ô mon pauvre malheureux !


    Mon frère détient-il encore le pouvoir ?
    Ô nuage amené par le vent !
    Un oligarque au pouvoir absolu
    Ne craint personne à s’éterniser
    Ô mon pauvre malheureux !

    Dis-moi, le pays vit-il sous l’injustice ?
    Ô nuage amené par le vent !
    Ce sont tes frères qui la pratiquent,
    Ils l’enterrent quand ils en sont lassés
    Ô mon pauvre malheureux !

    Il n’y a plus d’injustice alors,
    Ô nuage amené par le vent !
    Tes frères qui l’ont enterrée
    Sont en train de la déterrer
    Ô mon pauvre malheureux !

    Quelle est ta destination ? Ô nuage!
    Ô nuage amené par le vent !
    Tes frères m’ont engagé
    Pour te priver de soleil
    Ô mon pauvre malheureux !

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    • #3
      Explactions tiré de dailymotion données par Mmis-n-tmurt.

      Lounis traite le thème des fratries qui s’entretuent. La bible foisonne d’exemples : Caïn et Abel, Isaac et Jacob, Joseph et ses frères et l’histoire de l’humanité prolonge ces légendes avec de nombreux exemples dont celui de Selim 1er qui a tué ses frères pour être l’unique prétendant au trône. Le droit d’aînesse n’était pas pour pacifier les relations entre frères. La chanson raconte l’histoire d’un prince désigné héritier par son père. A la mort de ce père, les frères en ont décidé autrement. Il l’ont spolié de son trône et exilé. Dans sa terre d’exil, il demande les nouvelles de son pays à un nuage venant de sa direction. Répondant au prince, le nuage personnifié rend compte de l’état du royaume et de sa gestion par les frères usurpateurs et tyrans. Rapporté à notre pays, le prince exilé est le peuple algérien auquel les « frères au pouvoir » font subir leur tyrannie après lui avoir confisqué sa souveraineté.

      Commentaire


      • #4
        At Menguellet simply the best !

        Et tafsut tu m'as pas dis qui est la personne sur la photo
        Soyons ce que nous sommes.Cessons d'etre ce qu'on voudrait qu'on soit.Nous n'avons jamais été ce qu'on prétend que nous fûmes.


        Commentaire


        • #5
          Et celle-ci elle a été peinte ou pas ?

          Cette chanson est une véritable œuvre d'art. Il parait que M'hamed Issiakhem l'aimait beaucoup. Elle a été probablement une source d'inspiration pour sa peinture.

          Elle peut constituer également une pièce de théâtre. Quelques passages ont été joués dans une pièce d'Ahmed Khoudi avec, entre autres, Ryme Takoucht, sous le titre de L'Algérie du poète, qui est à hommage à Ait Menguellet.

          Nos enfants découvriront-ils un jour Ait Menguellet dans leurs manuels scolaires ?
          "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
          Socrate.

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          • #6
            Et celle-ci elle a été peinte ou pas ?
            Celle-là non !! .......mais on pourra la commander si tu veux !! hihi
            (au passage, j'ai oublié de prendre les photos de deux tableux : tafat n dunnit iw et l'maktub..........très très suberbement peint !! ...parmi les meilleurs.......j repasserai donc dès q j l pourrai !)


            Nos enfants découvriront-ils un jour Ait Menguellet dans leurs manuels scolaires ?
            ihhhhhhh a3ni ala wagui ?....les livres de Tahar Djaout ne sont même pas disponibles ici !!(sauf Les chercheurs d'os et les Vigiles).....et j'en passe ! ....on peut au moins se consoler de la large diffusion des chansons d'Ait Menguellet. Mais c'est vrai que j'aurais aimé étudier la poésie d'Ait Menguellet, Tahar Djaout, Si Moh u Mhand....etc ! .....que celle d'El Moutanabi (venu d'une autre planète dirakt !!)...(une remarque que j'ai faite à mon prof d'arabe au collège et lycée et qui m'a vallu quelques problèmes ! )

            Merci pour tes info !

            ----
            ut tu m'as pas dis qui est la personne sur la photo
            wellah ma 3elmagh !!!

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            • #7
              Lecture de A Yagu d’Aït Menguellet

              La chanson d’Aït Mengulelet A Yagu a été éditée en 1979. Elle fait partie d’un album-éponyme qui a succédé à deux autres albums d’un destin exceptionnel : Si lxedma n luzin s axxam (1976) et Amjahed (1977). Le contexte politique de l’époque, fait de répression des libertés et de règne de la pensée unique, a fait que certaines chansons de notre poète (à l’exemple de Amjahed), sans qu’elles aient subi la censure en Algérie, aient été d’abord popularisées par des émission de…Radio Tanger à une année avant l’explosion d’avril 1980, Lounis nous donne les éléments de lecture de ce qui va devenir le destin particulier d’une région, d’une culture.

              L’album A Yagu comprend cinq chansons lesquelles constituent un concentré de sensibilité poétique et esthétique de grande facture, une analyse historique et politique de la situation du pays et, enfin, une ébauche de perspective où les aspirations à la liberté et à la citoyenneté sont clairement exprimées.

              Nous sommes en 1978. Le Président Boumediene meurt à la fin du mois de décembre. La guerre de succession a valu à la Kabylie la mise en scène de l’avion militaire, Hercule C 130, qui ‘’a déposé des armes’’ à Cap Sigli, dans la wilaya de Béjaïa. L’héritage de la période Boumediene a été très lourd non seulement en matière de déni des droits et de despotisme, mais également par les jeux malsains et dangereux auxquels se sont livrées les autorités sur le plan maghrébin. L’affaire du Sahara Occidental a éclaté en 1975, moins d’une année après le départ des Espagnols de ce territoire peu connu. Il n’y a pas lieu de discuter ici de la légitimité de la lutte des Sahraouis pour rendre effective l’indépendance de leur pays, indépendance non admise par les Marocains. Néanmoins, le degré d’implication de l’Algérie dans ce conflit a fait que des contingents entiers de soldats algériens y furent envoyés. Certains y perdront la vie, d’autres seront faits prisonniers. Même si l’affaire d’Amgala ne fait pas partie de l’historiographie officielle du pays, elle n’en marquera pas moins l’esprit et la mémoire des Algériens.

              Dans l’album A Yagu, nous retrouvons l’atmosphère de la guerre des sables à travers la chanson Ardjuyi. À part les indications spatiales précises, ce conflit n’est pas situé temporellement. Mais, il est bien dit que «ceux qui gouvernent m’ont crée des ennemis» et aussi : «Ils m’ont appris que la guerre est prioritaire». Sous forme épistolaire (le soldat du contingent s’exprime dans une lettre à sa femme), Ardjuyi est un chef-d’œuvre en la matière. Outre la dénonciation d’une guerre qui ‘’ne nous regarde pas’’, le poème, conduit à la manière d’une épopée, est un véritable hymne à la paix où le lyrisme a aussi sa place. La fille du soldat, qui naîtra en son absence, sera dénommé Lahna (Paix) sur recommandation de son père posté sur le front et dont le seul souci et que la paix se rétablisse.

              La chanson Amcum est un réquisitoire contre la trahison et l’effilochement des amitiés militantes. Le héros est un élément d’un groupe de militants pour la liberté que son destin offrira en hostie, alors que ses anciens amis s’en désolidarisent.
              Les aspirations à l’émancipation et au recouvrement des libertés sont énoncés dans A yitij hader atteghlidh et Da nnubak freh.
              Quant au titre A Yagu, il renvoie à un exilé dont la patrie subit le règne de l’arbitraire. Dans un prélude où la poésie se mêle à la méditation, il s’adresse à ses anciens amis. Il les hèle vainement. Il les retrouve dans le rêve. Il les considère comme la seule voie de secours pour chasser l’angoisse qui le hante et qui le dévore sur une terre étrangère.

              Dans un rappel historique, le poète met en scène un pays innommé, mais il s’agit bien sûr de l’Algérie, où toutes les cartes sont brouillées. Ceux qui, hier, furent du côté de l’ennemi sont aux commandes. Ils ont chassé tous les autres, ceux-là même qui ‘’ont préparé la grenaille de plomb» pour l’ennemi au moment où les autres lui préparaient des ‘’agapes’’.

              Mais, la génération d’alors, happée par les nécessités terre à terre d’aujourd’hui, ne se souvient plus. La mémoire de la nouvelle génération ne s’articule sur aucun relais. Il faut bien procéder à un travail de mémoire. Le héros du poème rappelle que, à la fin de cette ‘’malédiction’’ (la guerre), il finit par tomber sous la férule et la protection des anciens félons.

              Gardant sa fierté et ne voulant céder à aucun clientélisme, il fait valoir l’authenticité de ses racines : ‘’C’est du bois de chêne que je suis fait et non de l’engeance du roseau’’. C’est alors qu’il décide de s’exiler laissant son frère aux commandes ‘’se livrer à ses lubies’’ (‘’labourer et battre le blé’’, selon le texte kabyle).

              Ce sont tous les avatars de l’Algérie indépendante qui sont sériés dans ce texte d’Aït Menguellet. C’est la révolution dévoreuse de ses enfants. Exilés politiques, artistes réduits au silence, exilés de la parole libre, bref, tous ceux qui ont subi le retour de manivelle d’un combat dénaturé et perverti par les ‘’légionnaires’’ de la 25e heure et les médiocres à qui le destin a curieusement et injustement souri. Une vacuité sidérale hante le pays et un malaise indéfinissable habite les esprits.

              Le poète y met une poésie d’une rare beauté faisant intervenir un élément du cosmos, la lune, que l’exilé interrogera p
              ar une série de questions. Ici, la lune est considérée comme un élément fédérateur observé par l’exilé depuis son lieu d’élection mais aussi par les amis qu’il a laissés au pays. Subitement, un autre élément de la nature survient. C’est le brouillard. L’exilé engagera un dialogue avec cette masse brumeuse. Il la questionnera sur son lieu de provenance. Le brouillard vient du pays du proscrit. Qu’a-t-il vu ?

              Il a vu les amis chéris de notre infortuné proscrit. Ce dernier veut savoir si son frère tien toujours les rênes du pouvoir. Le brouillard lui répond par l’affirmative en lui faisant observer que c’est un ‘’pouvoir sans brides’’ qui ne redouterait rien ni personne à vouloir se perpétuer. L’arbitraire continue, lui apprend-t il.

              Même si, par intermittences, il est mis en veilleuse, il se régénère. Voulant savoir où se destine exactement le brouillard que ramènent les vents jusqu’au lieu où se trouve le proscrit, cet élément de la nature lui annonce qu’il vient en mission, sur ordre des frères régnant sur le pays, pour voiler le soleil de l’infortune exilé !
              Mordante allégorie à la situation d’arbitraire vécue par l’Algérie pendant les années 70 après une révolution sanglante mais prometteuse, A Yagu est l’un des textes d’Aït Menguellet les plus élaborés sur le plan du style, du contenu politique et revendicatif et sur le plan de la ‘’narration’’ si l’on peut se permettre ce concept appliqué à la prose.

              Amar Naït Messaoud.
              Dernière modification par elfamilia, 19 janvier 2009, 20h10.
              "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
              Socrate.

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