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MOHAMED CHAFIK MESBAH : «Ce que je sais de Zeroual»

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  • MOHAMED CHAFIK MESBAH : «Ce que je sais de Zeroual»

    MOHAMED CHAFIK MESBAH AU SOIR D'ALGÉRIE :
    «Ce que je sais de Zeroual»


    Suite à la publication récente du communiqué de presse du président Liamine Zeroual par lequel il déclarait ne pas être candidat à l’élection présidentielle et renoncer même à toute ambition politique, le Soir d'Algérie a tenu à revenir sur cet évènement en en livrant une analyse plus approfondie. C’est l’avis d'un expert susceptible d’éclairer l’opinion publique nationale sur la teneur de la déclaration publique de l'ancien chef de l'Etat aussi bien que sur sa personnalité qui a été requis. Nous avons sollicité, en effet, l’ami et le collaborateur du Soir d’Algérie , Mohamed Chafik Mesbah lequel, ancien officier de l'ANP, politologue et observateur avisé des réalités nationales, pouvait se livrer à cette analyse d’autant qu’il a exercé à la présidence de la République au moment où M. Liamine Zeroual était chef de l’Etat. Pour décrypter le communiqué de presse du président Liamine Zeroual, Mohamed Chafik Mesbah a accepté de se soumettre, de bonne grâce, au feu roulant de nos questions indiquant, seulement, que le sentiment d'affection qu'il portait à l’ancien chef de l’Etat risquait d’altérer l’esprit critique indispensable à l’exercice. Voici, tour à tour, l’évocation du personnage de M. Liamine Zeroual et l’analyse de son dernier communiqué de presse.
    Le Soir d’Algérie
    Le Soir d’Algérie : Vous avez évoqué, dans la chronique autobiographique qui accompagne votre ouvrage à paraître «Problématique Algérie», votre passage au cabinet de la présidence de la République. Ce passage vous aura permis, sans doute, de mieux apprécier le comportement personnel du président Liamine Zeroual ainsi que sa démarche politique…
    Mohamed Chafik Mesbah :
    Il faut rétablir la vérité. C’est à la demande du général Mohamed Betchine que je suis arrivé à la présidence de la République après ma démission des rangs de l’ANP début 1997. J’étais, donc, le collaborateur direct du ministre conseiller du président de la République lequel, naturellement, exerçait sous l’autorité du chef de l’Etat. Du fait de mon itinéraire professionnel et intellectuel, je me suis, forcément, intéressé à tous les chefs militaires. Avoir été aussi proche du ministre conseiller m'a permis, toutefois, de disposer d'un poste d'observation privilégié. Il est normal, dans ce contexte, que ma connaissance du personnage de M. Liamine Zeroual se soit parfaite à la faveur de mon passage à la présidence de la République. Je remercie, à cet égard, le général Mohamed Betchine de m’avoir permis de vivre un épisode exaltant dans ma vie, au service de mon pays et aux côtés d’un président foncièrement patriote, intègre et désintéressé.
    Êtes-vous surpris par l’annonce faite par le président Liamine Zeroual de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle ?

    Absolument pas. Pour mémoire, le président Liamine Zeroual a, toujours, dédaigné les responsabilités politiques. C’est un homme moral pas un homme politique. Il raisonne en militaire qui ne conçoit de responsabilité que sous forme de mission à exécuter. C’est le devoir moral qui l’interpelle, pas l’attrait de la fonction. C’est ainsi qu’au lendemain de l’interruption du processus électoral, en 1992, il s’est extrait de sa paisible retraite à Batna pour être le premier officier général à venir se mettre à la disposition du commandement militaire à l’effet d’assumer une tâche opérationnelle dans le dispositif qui se mettait en place pour lutter contre le terrorisme. C’est pourquoi je vois mal le président Liamine Zeroual postuler pour la magistrature suprême. C’est, absolument, contraire à son tempérament, je veux dire à son habitus culturel et à son mode de vie pratique. Tout homme moral qu’il est, M. Liamine Zeroual n’en est pas moins, par ailleurs, un homme pragmatique. Il ne peut ignorer que les dés sont jetés, le chef de l’Etat actuel devant se succéder à luimême pour la troisième fois. Nonobstant toutes les considérations morales, croyez-vous que le président Liamine Zeroual puisse se fourvoyer dans une élection déjà réglée ?
    La forme solennelle du dernier communiqué de presse du président Liamine Zeroual vous paraît correspondre à la personnalité de l’ancien chef de l’Etat ?

    Parfaitement. La forme du communiqué, solennel comme vous le soulignez, correspond à l’attention que le président Liamine Zeroual a toujours accordé à la forme. A fortiori lorsqu’il s’agit de manifestations ou de déclarations se rapportant à des devoirs d’Etat. La méthode de présentation des idées-force du communiqué sous forme de paragraphes, se succédant de manière didactique et harmonieuse, reflète cette formation militaire qu’il a toujours continué de cultiver. Le ton apaisant choisi par le président Liamine Zeroual pour exprimer ses opinions traduit son sens de la pondération et son esprit de retenue. Le communiqué de presse est signé. Ne vous y trompez pas, cependant, derrière ce tableau rigide qui paraît presque impersonnel, c’est une conscience troublée qui se dévoile.
    Selon vous, le président Liamine Zeroual aurait recherché quel objectif en procédant à la publication de ce communiqué ?

    Trois objectifs. Premièrement, ne pas laisser dans l’erreur l’opinion publique nationale quant à la nature de ses intentions politiques. Il tenait, apparemment, à lever toute équivoque sur sa détermination de quitter la scène politique. C’est là l’expression du respect qu’il a toujours voué au peuple algérien, en général, et, à chaque citoyen, en particulier. Deuxièmement, rappeler, même sous forme allusive, sa conception de l’action politique, précisant que pour lui elle est subordonnée à l’exercice effectif de la souveraineté populaire. C’est une forme courtoise mais ferme de se démarquer de la gestion de son successeur à la tête de l’Etat. Troisièmement, dresser le bilan de sa gestion du pays pour faire justice des accusations d’«amateurisme» ou d’«ingénuité» qui lui avaient été lancées après son départ anticipé. C’est une manière de solder les comptes.
    Il s’agit tout de même d’une déclaration au contenu très dense. Que peut-on en tirer comme enseignement majeur ?
    L’état d’esprit manifesté à travers cette déclaration par M. Liamine Zeroual correspond à celui qui prévaut chez la grande majorité du peuple algérien. En ce sens, c’est, en effet, un document très dense. Bien des cadres du pays et toutes les forces vives de la nation doivent s’y reconnaître. De manière paradoxale, le président Liamine Zeroual énonce ses idéesforce qui peuvent servir de réceptacle pour l’élite du pays et de refuge pour tous les patriotes que compte l’Algérie, au moment où il proclame sa détermination de quitter, définitivement, la scène politique
    Si vous deviez décrire la personnalité de M. Liamine Zeroual, vous la présenteriez sous quel visage ?

    Il s’agit d’un homme probe, plein d’humilité mais animé de fortes convictions. Je puis, en effet, témoigner du désintérêt matériel autant que de la rigueur morale de M. Liamine Zeroual. Le désintérêt matériel ? J’ai eu, au moins, à connaître d’un épisode éloquent. Alors qu’il était commandant de la 3e Région militaire, dans les années quatre-vingt, M. Liamine Zeroual avait sollicité un crédit personnel auprès du ministre de la Défense nationale pour un montant, si ma mémoire ne m’abuse, de 450 000 DA au motif d’achever la construction de son habitation à Batna. J’étais, alors, un jeune officier incrédule. J’avais décelé là ni plus ni moins qu’un canular. Les recoupements que j’ai pu effectuer auprès de compagnons résidant dans la capitale des Aurès ont vite fait de me détromper. Pas une pierre, pas un sac de ciment, pas un véhicule de transport n’avait franchi l’enceinte de l’habitation en construction de M. Liamine Zeroual à Batna sans qu’il se soit acquitté du prix sur ses propres deniers. Au moment, d’ailleurs, où il quittait ses fonctions de chef de l’Etat, trois responsables importants dans le pays, le ministre conseiller à la présidence, le chef d’état-major de l’ANP et le chef du département du renseignement et de la sécurité ont, vainement, tenté de le convaincre d’accepter la rétrocession à son profit de la résidence officielle où il demeurait, chemin Cheikh-Bachir El-Ibrahimi, à El-Biar.

  • #2
    Et son style de commandement ?
    Ne nous arrêtons pas à sa carrière militaire. C’est dans l’exercice de ses responsabilités politiques qu’il faut examiner son style de commandement comme vous dites. Il se faisait un point d’honneur à consulter, systématiquement, ses proches collaborateurs autant que les responsables des différentes institutions nationales. Il ne prenait de décision, surtout si elle était de niveau stratégique, que sur la base d’une évaluation méthodique, aussi large que possible. Sur les questions techniques qu’il ne pouvait maitriser, il n’éprouvait aucune gêne à requérir l’avis de plus ample informé. Il n’hésitait pas à se surpasser en mettant un point d’honneur à accorder, comme pour les grands partis, une attention toute scrupuleuse aux propos parfois longs, épuisants et, souvent, futiles des dirigeants de certaines formations politiques qui, pour être agréées, étaient loin de disposer d’une réelle représentativité.
    Le bilan dressé par le président Liamine Zeroual de son passage à la tête de l’Etat vous paraît correct ?

    Seul un comité d’audit peut dresser, de manière incontestable, ce bilan. Celui que le président Liamine Zeroual dresse reste, néanmoins, honnête. Des précisions s’imposent, toutefois, pour certains domaines comme les questions de politique étrangère et de défense nationale...
    Existe-t-il une concordance entre le tableau de la situation sécuritaire que le président Liamine Zeroual dresse et l’héritage réel légué à son successeur ?

    Il faut examiner cet héritage sous deux aspects distincts. Sur le plan de la neutralisation physique du terrorisme, les forces de l’ordre avaient atteint, en 1998, des résultats appréciables. Le dispositif opérationnel mis en place fonctionnait de manière assez efficace. La coordination de l’action des appareils et institutions concernés par la lutte contre le terrorisme était assurée. Ce dispositif revêtait la forme d’une instance de coordination, le CEMIS. Il avait pour visage la personnalité fougueuse de l’ancien chef d’étatmajor de l’ANP. En 1998, le terrorisme, phénomène physique, était, indéniablement, en phase descendante. Qu’en est-il au plan politique ? Le président Liamine Zeroual, tout en manifestant sa disponibilité au dialogue, subordonnait l’ensemble de sa démarche à l’impératif de la restauration de l’autorité de l’Etat elle-même conditionnée par le rétablissement de la sécurité. Il établissait une distinction parfaite entre l’un et l’autre aspect de la lutte contre le terrorisme. Il était, certes, partisan d’une lutte implacable contre le terrorisme mais il a bien été le promoteur de la loi sur la Rahma. Echaudé, il a marqué ses réserves expresses sur la trêve conclue entre le commandement militaire et l’AIS. A ma connaissance, il n’a jamais emboîté le pas, depuis, pour appuyer la politique dite de «réconciliation nationale», probablement en raison du danger qu’elle pouvait constituer pour les résultats engrangés jusque-là.
    Vous pensez, en somme, que le président Liamine Zeroual est un éradicateur endurci ?
    Ce serait une injustice que de laisser subsister ce doute. Je ne pense pas du tout que le président Liamine Zeroual ait été un adepte d’une conception primaire de l’éradication. Vous connaissez beaucoup de généraux, ministres de la Défense nationale de surcroît, qui se seraient rendus, de leur propre initiative et sans garantie de succès, à la prison militaire de Blida pour rencontrer les dirigeants du FIS emprisonnés afin de les appeler à la raison et de trouver les termes d’un dialogue à instaurer ? Ayant eu à convoyer, en 1994, en 6e Région militaire, les deux dirigeants du FIS qui venaient d’être libérés, Abdelkader Boukhamkham et Ali Djeddi — lesquels devaient rendre visite aux internés de Aïn M’guel —, j’avais noté, avec attention, la sympathie qu’ils exprimaient en faveur de M. Liamine Zeroual qu’ils créditaient de conviction sincère pour dénouer la crise nationale. En réalité, le président Liamine Zeroual, très attaché à l’impératif de restauration de l’autorité de l’Etat et, d’abord, du rétablissement de la sécurité, n’a jamais été hostile, au plan du principe, au dialogue avec les dirigeants du FIS. Le reste est rapport de force entre parties en présence, sans oublier la stupidité de certaines positions politiques affichées de part et d’autre de l’échiquier.
    Le président Liamine Zeroual insiste, dans son communiqué de presse, sur les vertus du dialogue national qui aura permis de consolider le consensus qui a été à la base de la démarche de réhabilitation de l'Etat et consolidation des institutions nationales. Ce n’est pas là une vision idyllique de la pratique démocratique ?

    Il faut distinguer entre les intentions proclamées et les résultats obtenus. Je ne doute pas de la sincérité du président Liamine Zeroual lorsqu’il affirme avoir contribué à la bonne pratique démocratique. Je suis plus circonspect pour ce qui concerne les résultats obtenus dans l’ancrage de cette pratique démocratique. Au cours du mandat de M. Liamine Zeroual, les impératifs de la lutte contre le terrorisme et de la sauvegarde de l’Etat ainsi que des institutions nationales ont conduit à un renversement de priorité. Le président Liamine Zeroual at- il cédé à une évaluation incorrecte de la situation en insistant sur la dimension sécuritaire plutôt que politique de la crise ? Deux moments successifs sont perceptibles dans le cours de la démarche de l’ancien chef de l’Etat. Ministre de la Défense nationale et président de l’Etat, M. Liamine Zeroual décrivait le système en place comme un «système corrompu ». Il suggérait ainsi, implicitement, qu’il fallait passer à une nouvelle phase avec un nouveau système. En tant que président de la République, cette fois, M. Liamine Zeroual semble s’être focalisé beaucoup plus sur l’objectif physique de consolidation de l’Etat et des institutions nationales avec la remise à flots de l’économie nationale. Il est clair, à cet égard, que les institutions élues étaient en déficit relatif de légitimité même si le président Liamine Zeroual, personnellement, jouissait d’une autorité nullement contestée. Les critères de transparence n’ont, probablement, pas été intégralement respectés durant les consultations électorales et auparavant au cours de la désignation des assemblées instituées, un moment donné, pour tenir lieu de représentation nationale. Probablement que le président Liamine Zeroual insérait l’épisode de son passage à la tête de l’Etat dans une vision lointaine, pourquoi pas une perspective stratégique ? Dans son esprit de militaire interpellé par le devoir — ce jugement n’est pas péjoratif — il était venu pour exécuter une mission pas pour s’éterniser au pouvoir. Sa mission aura consisté à renflouer le navire Algérie pour le ramener à bon port. A charge pour ceux qui réceptionnent le navire de lui garantir les conditions d’une bonne navigation. Même s’il était sincère dans ses convictions, je ne suis pas stupide, naturellement, au point d’affirmer que le président Liamine Zeroual a réalisé, en 1999, l’alternance démocratique. S’il avait refusé, plus fermement, toute concession aux centres de pouvoir d’alors, il aurait réussi l’alternance démocratique. C’est au peuple souverain de décider du moins mauvais candidat. Se substituer à son choix, c’est commettre un détournement de souveraineté. Malgré toute l’affection que je porte au président Liamine Zeroual, je continue de penser qu’il a commis une erreur stratégique en quittant le pouvoir sans prendre de garantie sérieuse sur la poursuite de sa démarche de redressement national, en termes clairs en assurant les conditions d’une compétition électorale libre et transparente.

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    • #3
      Votre jugement n’est-il pas sévère pour le président Liamine Zeroual ?
      C’est l’affection que je porte au président Liamine Zeroual et la grande considération que je lui voue qui me mettent en demeure de ne pas être complaisant. Je ne fais, au demeurant, qu’exprimer un point de vue intuitivement partagé par mes anciens et actuels compagnons, sinon même par la majorité du peuple algérien.
      Sur le plan du développement économique et social, le président Liamine Zeroual insiste sur l’intérêt qu’il avait accordé à ce que la croissance économique soit liée à la justice sociale. Pouvez-vous mieux expliquer cet intérêt ?
      Hormis l’épisode regrettable de la ponction sur les salaires, un fâcheux précédent, le président Liamine Zeroual a toujours insisté pour que le fardeau des restrictions imposées par l’état des recettes financières du pays puis par les accords signés avec le FMI soit, équitablement, réparti entre les différentes couches de la société, des plus riches aux plus pauvres. L’austérité dans la gestion des deniers publics était également une préoccupation constante pour lui. Ce n’est pas mon ami Abdelmadjid Bouzidi, alors conseiller économique du président Liamine Zeroual, qui me démentira. Que de fois le président Liamine Zeroual n’a-t-il pas rejeté des programmes de dépenses publiques jugées fastueuses et que de fois n’a-t-il pas fait preuve d’une application scolaire pour s’enquérir du niveau de réserves des caisses de sécurité sociale ? Que de fois, ne lui est-il pas arrivé, lui si pudique et si réservé, de prendre le téléphone pour admonester les responsables concernés : «Ce n’est pas du kiwi que je veux voir dans les marchés, c’est de la semoule et de la farine !» Ce n’est pas, cependant, sous cette forme volontariste, presque candide, que se concevait et s’exécutait la politique économique du pays du temps du président Liamine Zeroual. Le chef de l’Etat arbitrant en dernier ressort, l’appareil économique et financier du pays était entre les mains de cadres rompus à l’exercice, imprégnés d’amour pour leur pays et parfaitement performants dans les négociations internationales. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le président Liamine Zeroual qui le rappelle dans sa déclaration.
      A ce propos, c’est pour se démarquer de son successeur à la tête de l’Etat que le président Liamine Zeroual rend cet hommage singulier aux cadres algériens qui l’ont aidé à tenir à flots le navire Algérie en perdition ?

      Ceux qui connaissent le président Liamine Zeroual pourront vous assurer que cet hommage n’est pas calculé. Mais vous n’êtes pas dans l’erreur en suggérant que cette élite n’a pas reçu l’hommage qu’elle mérite de la part de celui qui a succédé à l’ancien chef de l’Etat. Quoi qu’il en soit, les propos du président Liamine Zeroual sur les cadres algériens sont, indubitablement, le reflet d’une intime et profonde conviction.
      Vous oubliez l’épisode des cadres emprisonnés ?
      «Pas de chasse aux sorcières, pas de sanctions sans preuves préalables», tel était le credo du président Liamine Zeroual. La vérité rattrapera, fatalement, ceux qui ont abusé de la confiance de l'ancien chef de l'Etat, profitant, notamment, de son inexpérience dans la maitrise des rouages administratifs et judiciaires dans le pays.
      Le président Liamine Zeroual abusé par son entourage ?
      Je m’en tiens aux faits. Pour me limiter à la seule dimension économique du problème, je n’arrive toujours pas à comprendre les considérants de ceux qui avaient poussé, à l’époque, au torpillage de projets présidentiels éminents liés à l’organisation de l’économie nationale. Je veux citer la conférence, pourtant programmée, des gestionnaires du secteur économique public, le projet de création d’un institut de conjoncture économique et sociale autonome et de statut scientifique ainsi, enfin, que le programme institutionnel de rencontres entre le chef de l’Etat et les chefs de structures économiques névralgiques, la Banque d’Algérie, Sonatrach et les Douanes nationales. Tous ces projets visaient à renforcer l'autorité du président de la République en clarifiant sa vision économique, en la rendant plus applicable, en la rendant consensuelle et, surtout, en ramenant vers lui les leviers de décision.
      Au plus fort de la violence terroriste, l’Algérie, c’est un fait, avait été mise en quarantaine internationale. Comment, alors, l’ancien chef de l’Etat peut-il affirmer qu’en son temps, «l’Algérie avait pu faire un retour mérité sur la scène mondiale» ?

      Je vous concède que la période n’a pas correspondu à cet aggiornamento de la doctrine diplomatique dont l’Algérie est en attente. Mais à l’époque, l’urgence était ailleurs. L’important est que la souveraineté nationale ait survécu. Evacuons, tout d’abord, les engagements pris par l’Algérie en application des accords signés avec le FMI ou des prêts accordés par la Banque mondiale. Jamais, à ce titre-là, la souveraineté nationale n’a été malmenée. Passons aussi sur les activités de coopération avec les services de renseignement et de sécurité étrangers pour les besoins de la lutte contre le terrorisme. Ces activités n’avaient jamais conduit à un détournement de souveraineté. Sur le plan diplomatique, l’Algérie était, en effet, mise en quarantaine. Mais, sauf mauvaise appréciation, le président Liamine Zeroual n’a, à aucun moment, cherché à négocier, en contrepartie de concessions, l’allègement de ce «containment» diplomatique. J’en veux pour preuve les rapports avec le Maroc et la France qui se caractérisent, toujours, par une forte dose passionnelle. Vis-à-vis du Maroc, lorsque la fierté nationale et les intérêts supérieurs de l’Algérie furent affectés, le chef de l’Etat n’a pas hésité, un seul instant, à procéder à la fermeture des frontières terrestres, privant le voisin d’une manne financière et commerciale appréciable. S’agissant de la France, tout le peuple algérien se rappelle de l’incident diplomatique de New York où le président Liamine Zeroual avait refusé de rencontrer en catimini le président Jacques Chirac. Je ne dévoile pas un secret si j’ajoute, sur le même registre, que le président Liamine Zeroual avait, de manière ferme et vigilante, instruit notre ministre des Affaires étrangères à l’effet de ne pas se rendre en visite officielle en France, tant que, préalablement, le propre ministre des Affaires étrangères français ne se soit pas déplacé en Algérie de manière que la visite de retour ne soit dictée par un ordre du jour pertinent et justifié.

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      • #4
        Évoquant les circonstances de son départ anticipé de la présidence de la République, M. Liamine Zeroual affirme que c'est de son plein gré qu'il avait décidé d’écourter son mandat présidentiel. Cette version vous paraît convaincante ?
        Les considérations que le président Liamine Zeroual avance pour expliquer son départ de la présidence de la République ne sont pas fausses. Elles gagneraient, simplement, à être complétées. Je suis enclin à penser que M. Liamine Zeroual, en temps voulu, évoquera, de manière plus approfondie, les circonstances exactes de son départ. Elles peuvent avoir été le dénouement d’un questionnement existentiel personnel où le président Liamine Zeroual a choisi l’alternative de se démettre. Il est, en effet, si peu porté sur la compromission politicienne qui s’accompagne, fatalement, d’une perte irrémédiable de substance morale. Je considère, pour ma part, que c'est sa modestie, son humilité et sa retenue qui conduisent le président Liamine Zeroual à minimiser le climat d'hostilité auquel il a été, parfois, confronté au sein même des rouages de l'Etat.
        Le président Liamine Zeroual rencontrait de l'obstruction dans l'exercice de ses fonctions ?
        La réalité est plus complexe. Le fonctionnement des rouages de l'Etat, relativement opaque, ne permet pas de disposer de preuves irréfragables. Mais lorsque je me livre à une rétrospective de la période, je relève que, curieusement, M. Liamine Zeroual avait décidé d'écourter son mandat présidentiel alors qu’il parvenait à consolider, non sans succès, le statut prééminent de la présidence de la République comme centre d'impulsion et de décision névralgiques. Qu'il s'agisse d'organisation de la vie politique — déroulement du congrès du RND et établissement de relations confiantes avec le FFS — de nominations aux postes de commandement militaire — les commandements de régions notamment —, de désignations aux hauts postes civils — gouverneur de la Banque d'Algérie en particulier, le président Liamine Zeroual, épaulé par son ministre conseiller, avait commencé à restituer, concrètement, à la fonction et à l’institution présidentielles les leviers de commande perdus.
        Certains observateurs considèrent à ce propos, que le président Liamine Zeroual aurait freiné le processus de rajeunissement de la chaîne de commandement militaire ?
        Déjà lorsqu’il exerçait des commandements militaires, M. Liamine Zeroual prônait ce rajeunissement auquel il était attaché. Les nombreux jeunes cadres militaires qui ont servi sous son commandement pourraient en témoigner. Lorsqu’il a accédé aux fonctions de ministre de la Défense nationale puis de président de la République, il a été contraint, cependant, de tenir compte de l’état des lieux ainsi que du poids de la menace terroriste. Il a été amené à différer, jusqu’à nouvel ordre, un processus de rajeunissement qui se serait traduit par des changements massifs dans l’encadrement de l’ANP avec le risque de perturber le dispositif de lutte contre le terrorisme. Voilà la lecture correcte des choses.
        Le message que vient de publier le président Liamine Zeroual se termine par une formule sibylline. Il rappelle, en effet, que jamais il n’a cru à la notion «d'homme providentiel ». Avait-il besoin de le préciser ?

        Dans son communiqué de presse, l’ancien chef de l’Etat rappelle, opportunément, qu’il avait accepté d’assumer les charges de chef de l’Etat, en 1994, uniquement pour permettre de dépasser une situation de blocage. Il faut le croire aussi lorsqu’il affirme avoir décidé d’écourter son mandat présidentiel, en 1998, uniquement pour favoriser l’alternance démocratique. Ni son tempérament, ni ses convictions politiques ne justifieraient qu’il adhère à cette logique. C’est au prétexte de cette théorie contestable de l’homme providentiel que la dernière révision constitutionnelle est intervenue pour lever le verrou de la limitation des mandats présidentiels et fermer les portes de l’alternance démocratique. De manière sibylline, comme vous le dites, le président Liamine Zeroual se démarque de cette révision constitutionnelle. En vérité, émanant de la bouche du président Liamine Zeroual, le constat qu’il émet ou le vœu qu’il proclame à propos de cette notion constituent un aveu d’échec implicite sur les conditions anormales dans lesquelles s’est déroulée, en 1999, l’alternance dont, pour l’histoire, il porte la responsabilité.
        En définitive, vous considérez que le président Liamine Zeroual respectera son engagement de renoncer à toute ambition politique ?

        Il est certain que l’appétit du pouvoir ou l’enivrement que procurent les honneurs officiels n’exerce aucun effet sur le président Liamine Zeroual. Si vous permettez l’image, il ne doit pas lui être difficile de renoncer aux ambitions politiques. Je reste convaincu, néanmoins, qu’il continuera de s’intéresser à la vie politique du pays comme pourrait le faire une conscience patriotique toujours éveillée. Lorsque les conditions seront réunies pour une saine compétition électorale, il appellera, vraisemblablement, le peuple algérien à porter son choix sur un candidat issu des nouvelles générations.
        Après cette longue évocation de la personnalité du président Liamine Zeroual, que vous inspire l’état actuel de la conjoncture politique ?
        Limitons-nous à évoquer ce puissant souffle d’espoir que le président Liamine Zeroual avait drainé avec lui en arrivant à la présidence de la République puis l’immense déception qui a résulté de son départ intempestif. A chaque jour suffit sa peine…
        Hani Mostghanmi

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        • #5
          >>>Au moment, d’ailleurs, où il quittait ses fonctions de chef de l’Etat, trois responsables importants dans le pays, le ministre conseiller à la présidence, le chef d’état-major de l’ANP et le chef du département du renseignement et de la sécurité ont, vainement, tenté de le convaincre d’accepter la rétrocession à son profit de la résidence officielle où il demeurait, chemin Cheikh-Bachir El-Ibrahimi, à El-Biar.

          Retenez bien ces 3 profils de postes, capables donc d'obtenir un palais à Hydra ou a El Biar par simple clquement de doigts.

          Un conseiller du président, un CEM ou encore le chef du DRS est capable aujourd'hui de décrocher une somptueuse demeure avec une facilité deconcertante !

          Chafik Mosbah vient de confirmer ce que tout le monde sait. Je ne sais pas s'il l'a glissé dicrètement (en homme des services, il a tout de même des reflexes) afin de destabiliser ses cibles, ou plutôt il a évoqué ce passage par naiveté et honnêteté.

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          • #6
            S’il avait refusé, plus fermement, toute concession aux centres de pouvoir d’alors, il aurait réussi l’alternance démocratique.
            En gros, M. Mesbah aurait souhaité que M. Zeroual eût fini par avoir raison de toute une pléthore de hauts gradés qui étaient prêts à tout, y compris les liquidations physiques, pour sauvegarder leurs intérêts!

            Si ça n'est pas de la naïveté politique, ça n'en est pas loin...

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            • #7
              "c'est à la demande du général ohamed betchine" ::: "sans commentaires"""
              "je remercie le général ............. '(sans commentaires)
              "déroulement du congrés du RND"::: ce la me conforte dans ce que j'avais dit dans un précedent topic que le RND a été créé comme soutientau President ZEROUAL.
              " le président épaulé par son ministre conseiller " cela donne l'impression que le président était sous tutelle.
              Ceci dit, cela éclaire certains points, sur la gestion de l'état, par des "non-présidents".
              " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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              • #8
                Dans tous les cas, Zeroual est bien meilleurs que le charlatan de boutef
                L'ennemi n'est pas forcément celui contre qui l'on se bat Mais celui qui profite des dégâts

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                • #9
                  Moha

                  C'est sur.
                  Premièrement, ne pas laisser dans l’erreur l’opinion publique nationale quant à la nature de ses intentions politiques. Il tenait, apparemment, à lever toute équivoque sur sa détermination de quitter la scène politique. C’est là l’expression du respect qu’il a toujours voué au peuple algérien, en général, et, à chaque citoyen, en particulier.
                  Lisez cette phrase, vous compendrez pourquoi les algériens ont voulus rappeler Zeroual.
                  On ne dit pas qu'il est l'unique. Mais à partir du moment, où il voue un respect total pour son peuple, il est incomparable avec les amateurs tel boutef. L'Algérie n'a pas coulé avec lui en tout cas. Ceux qui travaillaient avec lui étaient des intellectuels.

                  Regardez ce Mesbah, il lui a été recommandé par Betchine certes, mais regardez son niveau d'expression, et son esprit diplomatique.

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