Contrer une offensive de paix palestinienne.
C’est dès mars 2007 qu’Israël avait décidé de son attaque contre le Hamas, et il avait négocié la trêve de juin uniquement parce que l’armée avait besoin de temps pour se préparer, écrit Norman Finkelstein.
Norman Finkelstein
Les spéculations sur les raisons du dernier carnage perpétré par Israël depuis le 27 décembre 2008 se sont focalisées sur les prochaines élections israéliennes. La chasse aux voix a sans doute été un facteur déterminant dans cette « société à la spartiate » (Sparta-like society, ndt) animée par « la vengeance et la soif de sang » [1], pour laquelle tuer des arabes est très populaire (des sondages pendant la guerre ont montré que 80-90% des juifs israéliens étaient en faveur de celle-ci) [2].
Mais comme le journaliste israélien Gideon Levy l’a fait remarquer dans Democracy Now !, « Israël a entrepris une guerre très similaire...il y a deux ans [au Liban], alors qu’il n’y avait pas d’élections. » [3]
Quand des intérêts cruciaux sont en jeu, les élites au pouvoir en Israël déclenchent rarement des opérations de grande envergure pour des gains électoraux très minimes. Il est vrai que la décision du 1er Ministre Menachem Begin de bombarder le réacteur iraquien Osirak en 1981 était une manœuvre électorale, mais les enjeux stratégiques dans l’attaque sur l’Iraq étaient très minces ; contrairement à la croyance répandue, Saddam Hussein n’avait pas entrepris de programme d’armement nucléaire avant le bombardement [4]. Les motifs fondamentaux de l’attaque israélienne sur Gaza se trouvent ailleurs :
(1) dans le besoin pour Israël de restaurer sa « force de dissuasion », (2) dans la menace que représente une nouvelle « offensive de paix » palestinienne.
Le « souci principal » d’Israël dans cette attaque est ―comme le rapporte, en citant des sources israéliennes, Ethan Bronner (correspondant du New York Times au Moyen Orient)― de « rétablir sa force de dissuasion » parce que « ses ennemis n’ont plus aussi peur de lui qu’avant, ou n’ont pas aussi peur qu’ils le devraient. [5] » Préserver sa capacité de dissuasion a toujours pesé lourd dans la doctrine stratégique israélienne.
C’était, par exemple, la raison principale du déclenchement de la première attaque d’Israël contre l’Egypte en juin 1967. Pour justifier le massacre à Gaza, Benny Morris écrit que « beaucoup d’israéliens sentent... que les murs se rapprochent... comme ils ont pu le ressentir au début de juin 1967. [6] » Il n’y a pas de doute que le peuple israélien a dû se sentir menacé en juin 1967, mais ―comme Morris le sait très certainement― les leaders israéliens n’ont, eux, connu aucune inquiétude. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait déclaré le détroit de Tiran fermé à tous les arrivages israéliens.
Mais Israël n’utilisait pratiquement pas le passage (à part pour faire passer de l’huile, dont il avait de très larges réserves) et, de toute façon, Nasser, sur le terrain, n’avait pas renforcé le blocus.
Des bateaux traversaient librement le détroit quelques jours après l’annonce de sa fermeture. Il est important d’ajouter qu’après enquête, des agences du renseignement américain avaient concluent que les égyptiens n’avaient aucune intention d’attaquer, et que dans le cas improbable où ils le feraient, seuls ou en collaboration avec d’autres pays arabes, Israël n’aurait aucun mal ―selon les mots mêmes du président Lyndon Johnson― « à leur botter le *** » (« whip the hell out of them »).
Le 1er juin 1967, le commandement du Mossad déclara à des officiels américains qu’il n’y « avait aucune différence entre les USA et Israël sur le plan des renseignements militaires et de leurs interprétations. [7] »
La menace pour Israël était plutôt la prise de conscience grandissante des pays arabes, insufflée par le nationalisme radical de Nasser et amplifiée par son acte de défiance en mai 1967, qu’ils n’auraient plus à suivre les ordres israéliens. Par conséquent, le Commandant Divisionnaire Ariel Sharon a assuré aux membres du cabinet israélien qui hésitaient à attaquer qu’Israël était en train de perdre « sa force de dissuasion... notre arme principale ―la peur de nous » [8]. Israël a donc déclenché, en juin 1967, une guerre « pour restaurer la crédibilité de la force de dissuasion israélienne » (Zeev Maoz, analyste stratégique d’Israël) [9].
C’est dès mars 2007 qu’Israël avait décidé de son attaque contre le Hamas, et il avait négocié la trêve de juin uniquement parce que l’armée avait besoin de temps pour se préparer, écrit Norman Finkelstein.
Norman Finkelstein
Les spéculations sur les raisons du dernier carnage perpétré par Israël depuis le 27 décembre 2008 se sont focalisées sur les prochaines élections israéliennes. La chasse aux voix a sans doute été un facteur déterminant dans cette « société à la spartiate » (Sparta-like society, ndt) animée par « la vengeance et la soif de sang » [1], pour laquelle tuer des arabes est très populaire (des sondages pendant la guerre ont montré que 80-90% des juifs israéliens étaient en faveur de celle-ci) [2].
Mais comme le journaliste israélien Gideon Levy l’a fait remarquer dans Democracy Now !, « Israël a entrepris une guerre très similaire...il y a deux ans [au Liban], alors qu’il n’y avait pas d’élections. » [3]
Quand des intérêts cruciaux sont en jeu, les élites au pouvoir en Israël déclenchent rarement des opérations de grande envergure pour des gains électoraux très minimes. Il est vrai que la décision du 1er Ministre Menachem Begin de bombarder le réacteur iraquien Osirak en 1981 était une manœuvre électorale, mais les enjeux stratégiques dans l’attaque sur l’Iraq étaient très minces ; contrairement à la croyance répandue, Saddam Hussein n’avait pas entrepris de programme d’armement nucléaire avant le bombardement [4]. Les motifs fondamentaux de l’attaque israélienne sur Gaza se trouvent ailleurs :
(1) dans le besoin pour Israël de restaurer sa « force de dissuasion », (2) dans la menace que représente une nouvelle « offensive de paix » palestinienne.
Le « souci principal » d’Israël dans cette attaque est ―comme le rapporte, en citant des sources israéliennes, Ethan Bronner (correspondant du New York Times au Moyen Orient)― de « rétablir sa force de dissuasion » parce que « ses ennemis n’ont plus aussi peur de lui qu’avant, ou n’ont pas aussi peur qu’ils le devraient. [5] » Préserver sa capacité de dissuasion a toujours pesé lourd dans la doctrine stratégique israélienne.
C’était, par exemple, la raison principale du déclenchement de la première attaque d’Israël contre l’Egypte en juin 1967. Pour justifier le massacre à Gaza, Benny Morris écrit que « beaucoup d’israéliens sentent... que les murs se rapprochent... comme ils ont pu le ressentir au début de juin 1967. [6] » Il n’y a pas de doute que le peuple israélien a dû se sentir menacé en juin 1967, mais ―comme Morris le sait très certainement― les leaders israéliens n’ont, eux, connu aucune inquiétude. Le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait déclaré le détroit de Tiran fermé à tous les arrivages israéliens.
Mais Israël n’utilisait pratiquement pas le passage (à part pour faire passer de l’huile, dont il avait de très larges réserves) et, de toute façon, Nasser, sur le terrain, n’avait pas renforcé le blocus.
Des bateaux traversaient librement le détroit quelques jours après l’annonce de sa fermeture. Il est important d’ajouter qu’après enquête, des agences du renseignement américain avaient concluent que les égyptiens n’avaient aucune intention d’attaquer, et que dans le cas improbable où ils le feraient, seuls ou en collaboration avec d’autres pays arabes, Israël n’aurait aucun mal ―selon les mots mêmes du président Lyndon Johnson― « à leur botter le *** » (« whip the hell out of them »).
Le 1er juin 1967, le commandement du Mossad déclara à des officiels américains qu’il n’y « avait aucune différence entre les USA et Israël sur le plan des renseignements militaires et de leurs interprétations. [7] »
La menace pour Israël était plutôt la prise de conscience grandissante des pays arabes, insufflée par le nationalisme radical de Nasser et amplifiée par son acte de défiance en mai 1967, qu’ils n’auraient plus à suivre les ordres israéliens. Par conséquent, le Commandant Divisionnaire Ariel Sharon a assuré aux membres du cabinet israélien qui hésitaient à attaquer qu’Israël était en train de perdre « sa force de dissuasion... notre arme principale ―la peur de nous » [8]. Israël a donc déclenché, en juin 1967, une guerre « pour restaurer la crédibilité de la force de dissuasion israélienne » (Zeev Maoz, analyste stratégique d’Israël) [9].
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