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Mes Hommes de Malika Mokeddem

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  • Mes Hommes de Malika Mokeddem

    Mes Hommes de Malika Mokeddem est un livre que j'avais aimé lire. Je ne connaissais pas cette écrivain, J'ai aimée le découvrir, je n'étais pas forcément d'accord avec l'auteur mais j'en ai aimée le récit, l'écriture, et puis la présence de son père omniprésente même quand elle n'en parle pas et sa rébellion qui était une forme d'amour c'est comme une quête entre amour et révolte.
    ===

    Elle nous avait habitués à cette écriture exploratrice et confessionnelle. Malika Mokeddem rompt le cou à cette tradition qui dit qu’une femme ne peut pas écrire sur tout, où d’une façon pudique et réservée. Dans Mes Hommes, l’auteure peint non pas le portrait mais le profil de plusieurs hommes qui ont compté chacun à sa manière dans sa vie. Tayeb (le petit frère chétif), Jamil, Saïd, Mus, Nourrine (les premiers amours ou amis en Algérie), Jean-Louis (le mari durant dix-sept années), Bellal le philosophe, Jean-Claude le peintre canadien, Jean Dubernard (le libraire et romancier de Montpellier, récemment disparu)… et Cédric, un jeune homme trop tôt enlevé à l'affection des siens. Mais aussi, le médecin Shalles, venu la voir parce qu'elle avait cessé de manger et qui lui a donné le désir de devenir médecin. Puis, vient celui par qui et pour qui est né ce récit bouleversant.

    Le père, qui émerge des souvenirs de Malika Mokeddem dans le premier chapitre “La première absence”, menaçant, sévère, rude, celui qui ne lui accordera guère un regard, ni à elle ni à ses sœurs. Celui qui, s’adressant à sa femme, disait “mes fils” et “tes filles”, souhaitant ainsi se soustraire de la paternité de ses filles. Dès l’enfance, Malika a su et vu qu’elle place lui était réservée dans cet environnement hostile aux femmes et régi par des hommes qui avaient mis en place un infaillible ordre depuis des décennies et où aucune transgression n’était admise. Alors, révoltée, écœurée, Malika va lutter, va rentrer en guerre, déclarant ses hostilités au père et à tous ceux qui tenteront d’entraver son chemin. Il n’est pas question pour elle de se soumettre, de devenir une chose. Elle finira avec son entêtement par arracher, au détour d’une bataille, un “ma fille” au père. “J’ai bu le ciel, mon père. C’était la guerre et je découvrais, émerveillée, les chants de résistance des femmes”, écrit-elle. Et elle a continué, depuis, à dire non à ce père. Elle lui a toujours dit non. Et puis, elle lui a tourné le dos. Des années et des années de séparation. C’est pour retrouver ce père que Malika écrit, écrit sans s’arrêter, sans respirer. “Le silence entre nous remonte à dix ans avant mon départ de l’Algérie. À mes quinze ans fracassés. J’écris tout contre ce silence, mon père. J’écris pour mettre des mots dans ce gouffre entre nous. Lancer des lettres comme des étoiles filantes dans cette insondable opacité”, écrit-elle encore. Cette émotion nous est restituée intacte et nous lie fortement au récit dans lequel beaucoup de femmes retrouvent un pan de leur existence, de leur déchirement et de leur propre expérience. ce cri de cœur est partagé même quand elle évoque la responsabilité des femmes, et écrit que “ce sont les perfidies des mères, leur misogynie, leur masochisme qui forment les hommes à ce rôle de fils cruels. Quand les filles n'ont pas de père, c'est que les mères n'ont que des fils. (...) qu'ont-elles fait de la rébellion ?”

    Il est ainsi le récit de Malika Mokeddem, libérateur, salvateur et elle n’a pas peur des mots qui deviennent des alliés pour dire et exprimer ce qui a longtemps, sans doute, comprimé sa poitrine. D’abord de gamine rebelle puis d’une adolescente anorexique et enfin de cette femme en colère qui écrit : “Mon père ignore tout de ma vie intime depuis l'adolescence. Il ne connaît même pas les prénoms des hommes que j'ai aimés. Il ne veut surtout pas savoir. Jamais. Car tous les mots qui s'appliquent à ma vie de femme libre relèvent de la honte, du péché, de la luxure. C'est ce silence exorbitant sur ma vie qui est à l'origine de ce texte.” Et ce texte relate des rencontres éphémères, des échecs, des retrouvailles, des joies, des déceptions… “J'ai quitté mon père pour apprendre à aimer les hommes. Ce continent encore hostile, car inconnu. Et je lui dois aussi de savoir me séparer d'eux.

    Même quand je les ai dans la peau”, et c’est ainsi qu’elle évoque ses dix-sept ans de vie commune en France avec Jean-Louis. “Cet homme-là m'a apprivoisée, arrachée au désespoir.” Ce dernier l'a encouragée à écrire. Mais lorsqu'elle devient un écrivain reconnu, il ne le supporte pas. Il y a beaucoup d’hommes dans le récit et dans la vie de Malika Mokeddem. Elle nous livre un texte puissant par ses intonations et ses vérités.

    http://www.liberte-***********/edit.php?id=45590

  • #2
    Tres beau. J'aime le style confessionel, narrateur et profond en meme temps. J'espere que j'aurai la chance de lire ce livre ici, s'il est traduit en Anglais....
    On sent des ce petit apercu une certaine amertume chez l'auteur de n'avoir pas eu un pere comme elle le souhaitait... un certain sentiment de culpabilite peut etre....et un essai de compensation de par ce chef d'oeuvre ou elle reconnait que la froideur de son pere vis-vis d'elle lui ete benefique quand meme dans la mesure ou elle pouvait elle meme rompre quand elle le decide avec ceux qu'elle a connu....apres tout ce pere n'etait pas si mauvais .....il lui a apprit quelque chose..mais quelle chose....
    Dernière modification par bighorn, 13 octobre 2005, 22h49.

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    • #3
      On sent des ce petit apercu une certaine amertume chez l'auteur de n'avoir pas eu un pere comme elle le souhaitait.
      J'ai vu une interview d'elle il y a qlq mois ou elle parlait de son pere, elle disait plutot le contraire.. Et je m'etonne un peu de ces passages. Mais est-ce, peut-etre, le fait d'ecrire qui permet de dire ces verites que l'on tente de cacher devant une camera de television...
      Les Mathematiques Sont La Poesie De La Science

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      • #4
        Je ne sais pas si elle ressent de l'amertume envers son père. Il est celui qui a occupé toute la place dans sa vie et sa vie n'a été qu'en réaction à ce besoin absolu et cette exigence cette demande de reconnaissance en tant que fille de son père égale à ses frères et bien sur cela était impossible car la place d'une fille ne pouvait être celle d'un fils.

        Elle rêvait d'une bicyclette et en rêvait nuit et jour, et un beau matin elle voit flamboyante une bicyclette ,sachant que son frère était bien trop jeune encore ,elle croit voir ainsi son désir le plus fou satisfait et bien non cruelle déception cette bicyclette était destiné a son plus jeune frère et elle dit avoir eu envie de voir son père mort et cette blessure va entraîner d'autres blessures. Dès lors à travers sa quête de tous les hommes de sa vie sera la quête de la recherche de l'amour de son père.

        Sa vie pour elle lui semblait peut etre belle mais je l'ai ressentis avec beaucoup de souffrances intérieures et un esprit de révolte qui n'apporte pas la sérénité

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        • #5
          Il ne faut jamais écouter Malika Mokaddem...

          Il faut la lire, car elle est profonde et sait dire de manière honnête...

          Je l'ai malheureusement écouté et cela m'avait oté toute autre envie de la lire de nouveau...

          Sa voix désagréable, son ton agressif à l'excès m'ont poursuivi dans la lecture de ses textes qui sont devenus du coup, imbuvables...

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          • #6
            Merci pour le conseil Bachi. Je dois dire que l'interview m'avait laisse la meme impression que toi ce qui a fait que je ne l'ai tj pas lue...
            Les Mathematiques Sont La Poesie De La Science

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            • #7
              Envoyé par Bachi
              Sa voix désagréable, son ton agressif à l'excès m'ont poursuivi dans la lecture de ses textes qui sont devenus du coup, imbuvables...
              Je ne la connaissais pas et je ne l'avais pas entendue non plus alors tant mieux pour moi.
              Le ton agressif ne m'étonne pas, je la sens tellement en révolte, la douceur n'est pas réellement dans ses mots. Elle n'a pas encore eu le temps pour celà, elle sort tout ce qui est en elle de violent. Celà viendra avec le temps.

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              • #8
                J'ai adoré ce premier chapître

                "Le père, qui émerge des souvenirs de Malika Mokeddem dans le premier chapitre “La première absence”, menaçant, sévère, rude, celui qui ne lui accordera guère un regard, ni à elle ni à ses sœurs. Celui qui, s’adressant à sa femme, disait “mes fils” et “tes filles”, souhaitant ainsi se soustraire de la paternité de ses filles. Dès l’enfance, Malika a su et vu qu’elle place lui était réservée dans cet environnement hostile aux femmes et régi par des hommes qui avaient mis en place un infaillible ordre depuis des décennies et où aucune transgression n’était admise. Alors, révoltée, écœurée, Malika va lutter, va rentrer en guerre, déclarant ses hostilités au père et à tous ceux qui tenteront d’entraver son chemin. Il n’est pas question pour elle de se soumettre, de devenir une chose. Elle finira avec son entêtement par arracher, au détour d’une bataille, un “ma fille” au père. “J’ai bu le ciel, mon père."

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