Des aides à Ghaza au sommet du Koweït et déjà les controverses
Maintenant que les dirigeants arabes ont démontré leur capacité à surmonter leurs divisions, aggravées lors de la guerre contre Ghaza, à qui seront remis les dons arabes destinés à la reconstruction de tout ce qui a été détruit par Israël?
Le sommet économique, social et du développement de la Ligue arabe, ouvert hier au Palais des hôtes, le Bayan Palace, au Koweït, a été totalement consacré à la situation à Ghaza où les premières estimations parlent de plus de 3 milliards de dollars de dégâts, de 20.000 maisons détruites ainsi que de nombreuses infrastructures.
Des observateurs avaient même qualifié le «sale boulot» accompli par Tsahal à la transformation de Ghaza en une Somalie, un territoire ingouvernable par le Hamas ou par le Fatah. En attendant les prochains résultats des évaluations qui sont en cours, le sommet arabe du Koweït, qui se poursuivra aujourd’hui, pourrait avoir déjà collecté un fonds de près de 3 milliards de dollars.
Une œuvre de destruction tellement importante que les participants au sommet du Koweït n’ont pas manqué de proposer de rebaptiser le sommet de celui de «la solidarité avec le peuple palestinien à Ghaza».
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a annoncé que son pays faisait don d’un milliard de dollars pour la reconstruction de la bande de Ghaza, emboîtant le pas à l’Emir du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa Al Thani, qui avait annoncé sa disposition à créer un fonds pour la reconstruction ouvert à toutes les contributions et doté d’ores et déjà de 250 millions de dollars.
Hier également, et à l’ouverture du sommet, l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmed AlSabah, a invité ses pairs à contribuer à «une confirmation du cessez-le-feu» et annoncé une aide koweïtienne de 34 millions de dollars à l’UNRWA (Agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens), en sus des 500 millions de dollars promis à la population de Ghaza. Des engagements de la part d’autres pays arabes étaient attendus hier soir.
En attendant la réponse du Hamas, qui n’était pas tombée à l’heure où nous mettions sous presse, il faut relever que lors de son discours, diffusé dimanche soir, le Premier ministre du gouvernement démis, Ismaël Haniyeh, qui a également revendiqué la victoire du peuple palestinien dans son ensemble, a estimé la contrepartie des destructions matérielles commises par Israël à plus de 1,6 milliard de dollars.
Le Hamas, par l’entremise de plusieurs de ses cadres qui s’exprimaient dans les médias arabes, a réclamé, par ailleurs, déjà que les dons destinés à la population de Ghaza soient versés à son gouvernement qui se chargera de les gérer.
Il a réfuté, en effet, que cela se fasse par le biais d’un quelconque mécanisme international, lequel impliquerait la Banque Mondiale, les pays donateurs et l’Autorité palestinienne. Des publications proches du Hamas commencent, pour leur part, à rappeler quelques scandales de corruption qui avaient frappé le gouvernement désigné par l’autorité palestinienne, avant les élections qui avaient permis au Hamas d’émerger au détriment du Fatah.
Or, le problème qui se pose est que donner ces fonds au Hamas équivaut à sa reconnaissance comme interlocuteur, ce qui n’est pas la position unanime, mais aussi à affaiblir la position de Mahmoud Abbas et de l’Autorité palestinienne dans son ensemble.
Cela d’autant que les institutions internationales sont obligées de ne pas sortir du cadre onusien qui, dominé par les vues américaines, classe le Hamas et d’autres factions de la résistance palestinienne comme des groupes terroristes.
Des groupes fortement suspectés d’être en étroite connexion avec l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais. Et cela risquerait alors de réveiller les divisions arabes qui, visiblement, ont pu être laborieusement surmontées à l’occasion du sommet ouvert hier.
La seule solution apparente pour éviter que cela ne se produise est celle proposée par Mahmoud Abbas pour l’institution d’un gouvernement d’union nationale dont la mission ponctuelle est de gérer collégialement la reconstruction de Ghaza, en attendant, comme il l’a également proposé, d’organiser des élections présidentielle et législatives simultanées.
Mais même cette solution risque d’être écartée par le Hamas qui entend profiter seul de sa «victoire» sur le terrain, sachant que ce mouvement considère que Mahmoud Abbas est en fin de mandat et qu’il a trop gardé le silence durant la guerre contre Ghaza.
Rappelons que depuis que le Hamas a évincé le Fatah du pouvoir, en juin 2007, dans la bande de Ghaza, l’Autorité palestinienne de M. Abbas ne contrôle plus que la Cisjordanie, provoquant ainsi une situation inattendue d’une Palestine à deux visages.
Quant au lien entre la gestion des fonds destinés ou promis à Ghaza avec les relations arabes, il n’y a qu’à lire les déclarations des uns et des autres, faites hier, pour se dire que les germes d’une nouvelle fracture sont là. Si tout le monde a parlé de la nécessité de la réconciliation palestinienne, celle-ci n’a pas le même sens pour tout le monde à l’occasion de cette guerre et de la redistribution des cartes qui en découle déjà.
Des tractations, entre les partisans d’un plus grand rôle du Hamas et ceux qui ne souhaitent pas voir émerger un Etat «islamiste à Ghaza», seront ainsi relancées de plus belle.
S’agissant du reste de l’ordre du jour de ce sommet qui sera clos aujourd’hui, et qui a nécessité une année de préparation, il est question d’annoncer le lancement en 2010 d’une union douanière arabe et d’approuver des projets pour une interconnexion des réseaux électriques et des lignes de chemins de fer dans la région.
Le sommet discutera également de la pauvreté et du chômage et de l’impact de la crise financière mondiale sur le monde arabe. Selon le ministre des Affaires étrangères du Koweït, les pays arabes ont perdu 2.500 milliards de dollars en raison de cette crise. Des pertes qui ne seraient pas réparties de manière équivalente, cela s’entend.
- Pressedz
Maintenant que les dirigeants arabes ont démontré leur capacité à surmonter leurs divisions, aggravées lors de la guerre contre Ghaza, à qui seront remis les dons arabes destinés à la reconstruction de tout ce qui a été détruit par Israël?
Le sommet économique, social et du développement de la Ligue arabe, ouvert hier au Palais des hôtes, le Bayan Palace, au Koweït, a été totalement consacré à la situation à Ghaza où les premières estimations parlent de plus de 3 milliards de dollars de dégâts, de 20.000 maisons détruites ainsi que de nombreuses infrastructures.
Des observateurs avaient même qualifié le «sale boulot» accompli par Tsahal à la transformation de Ghaza en une Somalie, un territoire ingouvernable par le Hamas ou par le Fatah. En attendant les prochains résultats des évaluations qui sont en cours, le sommet arabe du Koweït, qui se poursuivra aujourd’hui, pourrait avoir déjà collecté un fonds de près de 3 milliards de dollars.
Une œuvre de destruction tellement importante que les participants au sommet du Koweït n’ont pas manqué de proposer de rebaptiser le sommet de celui de «la solidarité avec le peuple palestinien à Ghaza».
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a annoncé que son pays faisait don d’un milliard de dollars pour la reconstruction de la bande de Ghaza, emboîtant le pas à l’Emir du Qatar, Cheikh Hamed Ben Khalifa Al Thani, qui avait annoncé sa disposition à créer un fonds pour la reconstruction ouvert à toutes les contributions et doté d’ores et déjà de 250 millions de dollars.
Hier également, et à l’ouverture du sommet, l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmed AlSabah, a invité ses pairs à contribuer à «une confirmation du cessez-le-feu» et annoncé une aide koweïtienne de 34 millions de dollars à l’UNRWA (Agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens), en sus des 500 millions de dollars promis à la population de Ghaza. Des engagements de la part d’autres pays arabes étaient attendus hier soir.
En attendant la réponse du Hamas, qui n’était pas tombée à l’heure où nous mettions sous presse, il faut relever que lors de son discours, diffusé dimanche soir, le Premier ministre du gouvernement démis, Ismaël Haniyeh, qui a également revendiqué la victoire du peuple palestinien dans son ensemble, a estimé la contrepartie des destructions matérielles commises par Israël à plus de 1,6 milliard de dollars.
Le Hamas, par l’entremise de plusieurs de ses cadres qui s’exprimaient dans les médias arabes, a réclamé, par ailleurs, déjà que les dons destinés à la population de Ghaza soient versés à son gouvernement qui se chargera de les gérer.
Il a réfuté, en effet, que cela se fasse par le biais d’un quelconque mécanisme international, lequel impliquerait la Banque Mondiale, les pays donateurs et l’Autorité palestinienne. Des publications proches du Hamas commencent, pour leur part, à rappeler quelques scandales de corruption qui avaient frappé le gouvernement désigné par l’autorité palestinienne, avant les élections qui avaient permis au Hamas d’émerger au détriment du Fatah.
Or, le problème qui se pose est que donner ces fonds au Hamas équivaut à sa reconnaissance comme interlocuteur, ce qui n’est pas la position unanime, mais aussi à affaiblir la position de Mahmoud Abbas et de l’Autorité palestinienne dans son ensemble.
Cela d’autant que les institutions internationales sont obligées de ne pas sortir du cadre onusien qui, dominé par les vues américaines, classe le Hamas et d’autres factions de la résistance palestinienne comme des groupes terroristes.
Des groupes fortement suspectés d’être en étroite connexion avec l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais. Et cela risquerait alors de réveiller les divisions arabes qui, visiblement, ont pu être laborieusement surmontées à l’occasion du sommet ouvert hier.
La seule solution apparente pour éviter que cela ne se produise est celle proposée par Mahmoud Abbas pour l’institution d’un gouvernement d’union nationale dont la mission ponctuelle est de gérer collégialement la reconstruction de Ghaza, en attendant, comme il l’a également proposé, d’organiser des élections présidentielle et législatives simultanées.
Mais même cette solution risque d’être écartée par le Hamas qui entend profiter seul de sa «victoire» sur le terrain, sachant que ce mouvement considère que Mahmoud Abbas est en fin de mandat et qu’il a trop gardé le silence durant la guerre contre Ghaza.
Rappelons que depuis que le Hamas a évincé le Fatah du pouvoir, en juin 2007, dans la bande de Ghaza, l’Autorité palestinienne de M. Abbas ne contrôle plus que la Cisjordanie, provoquant ainsi une situation inattendue d’une Palestine à deux visages.
Quant au lien entre la gestion des fonds destinés ou promis à Ghaza avec les relations arabes, il n’y a qu’à lire les déclarations des uns et des autres, faites hier, pour se dire que les germes d’une nouvelle fracture sont là. Si tout le monde a parlé de la nécessité de la réconciliation palestinienne, celle-ci n’a pas le même sens pour tout le monde à l’occasion de cette guerre et de la redistribution des cartes qui en découle déjà.
Des tractations, entre les partisans d’un plus grand rôle du Hamas et ceux qui ne souhaitent pas voir émerger un Etat «islamiste à Ghaza», seront ainsi relancées de plus belle.
S’agissant du reste de l’ordre du jour de ce sommet qui sera clos aujourd’hui, et qui a nécessité une année de préparation, il est question d’annoncer le lancement en 2010 d’une union douanière arabe et d’approuver des projets pour une interconnexion des réseaux électriques et des lignes de chemins de fer dans la région.
Le sommet discutera également de la pauvreté et du chômage et de l’impact de la crise financière mondiale sur le monde arabe. Selon le ministre des Affaires étrangères du Koweït, les pays arabes ont perdu 2.500 milliards de dollars en raison de cette crise. Des pertes qui ne seraient pas réparties de manière équivalente, cela s’entend.
- Pressedz
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