par Kamel Daoud
Obamania est un rêve américain de réparation, un métis consensuel, un effet spécial US, une arme de déculpabilisation massive et un président US noir, jeune, beau et très bon orateur. Il s'appelle Obama comme l'Afrique, Barak comme Ehud et Oussama comme nous. Il a fini par poser sur la table des débats la question des minorités raciales un peu partout dans le monde, sauf chez nous. Chez nous, par exemple, personne ne dit, écrit ou pense pourquoi on n'a pas encore un général-major noir cinquante ans après l'indépendance.
Bouteflika est bien connu sous le pseudo de Abdelakder le Malien, mais il n'est pas noir et cela ne fait pas de lui une réponse. A l'ENTV, la couleur est blanche majoritaire et, pour le moment, les gens du Sud sont au Sud pas à l'ENTV. Les présentateurs de TV sont soit blancs, soit incolores, soit insipides et immangeables comme des madeleines pour un rescapé du désert. Sur la liste, on n'a pas encore de ministre noir, et encore moins un Premier ministre très brun. Chez nous, le racisme n'existe pas parce que tout les Algériens sont soit blancs, soit bruns soit Maliens et donc Bouteflikistes. D'ailleurs, on ne peut même pas espérer un président algérien noir, puisqu'on ne peut même pas espérer un autre président algérien autre que Bouteflika lui-même. Les présidentielles algériennes ne sont même pas pluralistes pour prétendre être pluriraciales. Les Algériens sont-ils racistes ? Oui, mais l'Algérie ne l'est pas. Ainsi, les couples « mixtes » sont encore rares, les mariages entre berbérophones et arabophones peu visibles mêmes chez les grands démocrates de certains partis connus, et les gens du Sud sont encore des gens du Sud trop gentils pour réclamer la gouvernance du nord. Ils peuvent être noirs comme l'or noir, mais resteront tout aussi invendables que les gens du Nord qui sont blancs ou invisibles. Un Obama algérien peut espérer être wali, guide, ingénieur, se marier à une touriste allemande esseulée mais à peine plus.
La littérature algérienne traite à peine la question, la politique aussi et tout aussi les conversations polies. Du coup, les Algériens les mieux pensants trouvent à redire sur l'artifice Obama aux Etats-Unis, mais si peu à dire sur son absolue impossibilité ici chez nous, au pays d'Erissala et de Kassamane pour tous et par tous. Le tabou est un tabou souriant, les communautarismes une évidence de palier et le débat est clos par le faux consensus religieux. Un Obama local aurait été un brillant chef de daïra ou beau sourire scotché à une dune, doublé par un chameau, reflété par son thé et dérangé dans son éternité par le cycle des poids lourds.
Le quotidien d'Oran
Obamania est un rêve américain de réparation, un métis consensuel, un effet spécial US, une arme de déculpabilisation massive et un président US noir, jeune, beau et très bon orateur. Il s'appelle Obama comme l'Afrique, Barak comme Ehud et Oussama comme nous. Il a fini par poser sur la table des débats la question des minorités raciales un peu partout dans le monde, sauf chez nous. Chez nous, par exemple, personne ne dit, écrit ou pense pourquoi on n'a pas encore un général-major noir cinquante ans après l'indépendance.
Bouteflika est bien connu sous le pseudo de Abdelakder le Malien, mais il n'est pas noir et cela ne fait pas de lui une réponse. A l'ENTV, la couleur est blanche majoritaire et, pour le moment, les gens du Sud sont au Sud pas à l'ENTV. Les présentateurs de TV sont soit blancs, soit incolores, soit insipides et immangeables comme des madeleines pour un rescapé du désert. Sur la liste, on n'a pas encore de ministre noir, et encore moins un Premier ministre très brun. Chez nous, le racisme n'existe pas parce que tout les Algériens sont soit blancs, soit bruns soit Maliens et donc Bouteflikistes. D'ailleurs, on ne peut même pas espérer un président algérien noir, puisqu'on ne peut même pas espérer un autre président algérien autre que Bouteflika lui-même. Les présidentielles algériennes ne sont même pas pluralistes pour prétendre être pluriraciales. Les Algériens sont-ils racistes ? Oui, mais l'Algérie ne l'est pas. Ainsi, les couples « mixtes » sont encore rares, les mariages entre berbérophones et arabophones peu visibles mêmes chez les grands démocrates de certains partis connus, et les gens du Sud sont encore des gens du Sud trop gentils pour réclamer la gouvernance du nord. Ils peuvent être noirs comme l'or noir, mais resteront tout aussi invendables que les gens du Nord qui sont blancs ou invisibles. Un Obama algérien peut espérer être wali, guide, ingénieur, se marier à une touriste allemande esseulée mais à peine plus.
La littérature algérienne traite à peine la question, la politique aussi et tout aussi les conversations polies. Du coup, les Algériens les mieux pensants trouvent à redire sur l'artifice Obama aux Etats-Unis, mais si peu à dire sur son absolue impossibilité ici chez nous, au pays d'Erissala et de Kassamane pour tous et par tous. Le tabou est un tabou souriant, les communautarismes une évidence de palier et le débat est clos par le faux consensus religieux. Un Obama local aurait été un brillant chef de daïra ou beau sourire scotché à une dune, doublé par un chameau, reflété par son thé et dérangé dans son éternité par le cycle des poids lourds.
Le quotidien d'Oran
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