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L’espoir assassiné

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  • L’espoir assassiné

    Il y a dix ans, le 29 juin 1992, le président Boudiaf était assassiné par un membre de sa garde personnelle.
    " Les autres pays nous ont devancés par la science et la technologie. L’islam… ", Mohamed Boudiaf n’a pas le temps de terminer sa phrase quand il s’écroule sous les balles tirées dans son dos par le sous-lieutenant Lembarek Boumarafi, membre de la garde présidentielle. Ça s’est passé le 29 juin 1992 à la maison de la culture d’Annaba, centre industriel de l’Est algérien, pendant son discours devant un millier de cadres et de personnalités de cette région. Mohamed Boudiaf venait de livrer son dernier combat.
    Son histoire, son parcours est celui de nombreux dirigeants du FLN (Front de libération nationale). Né le 23 juin 1919, Mohamed Boudiaf est l’un des fondateurs du FLN, qui déclenchera le 1er novembre 1954 la guerre d’indépendance algérienne. Pour d’autres, c’est le père de la révolution algérienne. Arrêté, à la suite de l’arraisonnement de l’avion de Royal Air Maroc par l’aviation française au-dessus d’Alger, en même temps que Ahmed Ben Bella, Aït Ahmed et de trois autres dirigeants du FLN, il est interné en France jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.
    En 1962, après la victoire contre les colonisateurs, celui qui détenait la carte du FLN portant le numéro un est le premier à le quitter, estimant alors que " le FLN a terminé sa mission historique " et qu’il fallait que l’Algérie s’ouvre au multipartisme. S’opposant à ses anciens compagnons, notamment Ben Bella, qui ont transformé le FLN, qui était alors un front regroupant diverses sensibilités politiques, y compris communiste, en parti unique, Boudiaf crée en septembre 1962, deux mois après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, le PRS (Parti de la révolution socialiste). Mal lui en prit, le PRS n’est pas reconnu et Boudiaf est arrêté en juin 1963, pour n’être libéré qu’en novembre de la même année. C’est à cette date qu’il quitte l’Algérie pour un exil qui va durer vingt-huit ans. Son nom ne figure d’ailleurs dans aucun manuel d’histoire algérien. Et c’est pratiquement un homme inconnu des jeunes générations - plus de 50 % de la population algérienne a moins de 25 ans - qui retourne en Algérie le 16 janvier 1992.
    En effet, le 26 décembre, le FIS (Front islamique du salut) remporte les élections législatives. Avec 3,2 millions de voix, soit 24,3 % des inscrits et 46,27 % des suffrages exprimés, il enlève 188 sièges sur les 430 à pourvoir. Le taux d’abstention atteint 41 %, soit 5,4 millions d’électeurs, sur un total de 13,2 millions. Le programme du FIS était simple : instaurer un État islamique gouverné par la charia. Un État, déclarait alors Rabah Kébir, qui s’inspirerait des modèles saoudien, iranien et soudanais. Mais, sous la pression d’une partie de la population, l’armée intervient, fait démissionner le chef de l’État, Chadli Bendjedid, et annule les élections législatives. Une présidence collégiale, le HCE (Haut Comité d’État), présidé par Mohamed Boudiaf, de retour d’exil, dirige l’Algérie.
    " La mosquée appartient à Dieu et la patrie à tous ", déclare d’emblée le nouveau chef de l’État. Une phrase qui résume le projet de société qu’il veut mettre en place, fondé sur la séparation du religieux et du politique. Sur un ton sec et direct, dans une langue à la portée de tous, alors que ses prédécesseurs parlaient un arabe classique incompris par une majorité d’Algériens, il séduit le petit peuple, qui commence à reprendre espoir.
    Boudiaf sait que le combat contre l’islamisme ne se mène pas sur le seul terrain sécuritaire, mais surtout sur le terrain politique. D’abord couper l’herbe sous les pieds des islamistes en s’attaquant à la corruption qui gangrène l’État. Ensuite mettre en place des institutions transitoires devant préparer l’avenir et, enfin, relancer l’économie. En six mois, il réussit à renverser la situation. Non seulement les islamistes sont isolés, mais des clans du pouvoir et une partie de la classe politique effrayés par la politique qu’il comptait mettre en ouvre, servi par une aura que n’a eue aucun de ses prédécesseurs au pouvoir, se liguent contre lui.
    Le 29 juin, la nouvelle de son assassinat plonge l’Algérie dans la consternation. Seul à s’en réjouir bruyamment, le FIS, qui, dans un communiqué daté du 30 juin 1992, " annonce la bonne nouvelle au peuple algérien quant à l’inévitabilité de voir concrétiser son espoir d’instaurer l’État islamique ". La commission d’enquête instituée par le pouvoir pour faire " toute la lumière " sur cet assassinat écarte la thèse de " l’action isolée " d’un officier de l’armée ayant agi pour des motifs strictement religieux, et relève " des négligences ", des " carences ", " un laisser-aller " parmi les services chargés de la sécurité de Boudiaf et conclut à " la passivité complice du GIS " (Groupement d’intervention de sécurité). Si cette commission d’enquête n’a pas levé toutes les zones d’ombre pesant sur cette affaire, elle suggère entre les lignes de son rapport d’enquête que l’assassinat du défunt président a dû être commandité par ceux qu’on désigne en Algérie du terme de " maffia politico-financière ". Mohamed Boudiaf, en effet, allait ouvrir les dossiers de la corruption, dossiers qui ont sans doute effrayé beaucoup de gens au sein et en dehors du pouvoir.
    Pour les Algériens, Boudiaf aurait pu sauver le pays. " C’était le père de la révolution et notre père à tous ", me disait alors une jeune femme en pleurs, à Annaba, le jour de son assassinat, résumant un sentiment largement partagé par de nombreux Algériens.
    Hassane Zerrouky


    L'humanité le 29/06/2002
    « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », Abane Ramdane 1955.

  • #2
    En 1962, après la victoire contre les colonisateurs, celui qui détenait la carte du FLN portant le numéro un est le premier à le quitter, estimant alors que " le FLN a terminé sa mission historique " et qu’il fallait que l’Algérie s’ouvre au multipartisme.
    ça c'est grand. laisser le peuple choisir sa voie en s'effaçant, il fallait le faire. plus j'en apprends sur l'histoire de l'algérie et plus ben bella me sort par les yeux. tout part de là. tellement de belles choses auraient pû être faites.

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    • #3
      Il voulait récuperer tous les biens détenu par le "FLN",a travers toute l'algérie,l'argent dans les caisses de ce parti se chiffrent par centaines de millions de da, cela aussi a précipité son assassinat.
      L'enquête a aussi démontré que Boumaarafi a été"rajouté" à la liste au dernier moment, et qu'il a rejoint annaba en catimini .
      " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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