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GAZA - Le jour d'après

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  • GAZA - Le jour d'après

    Au lendemain du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, annoncé le 17 janvier, un journaliste rapporte la désolation et la détresse de la population, qui compte ses morts au milieu des décombres.
    La vie reprend petit à petit dans la bande de Gaza dévastée et on découvre la terrible réalité sur le terrain. Les Palestiniens sortent de vingt-deux jours d'offensive israélienne et sont saisis par l'horreur laissée par l'agresseur, surtout aux alentours de la ville de Gaza. Au lendemain du cessez-le-feu, déclaré le 17 janvier, des dizaines de milliers d'habitants quittent les bureaux et écoles de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA) pour prendre des nouvelles de leurs proches et s'enquérir ce qui reste de leurs maisons et de leurs biens. Ils ne s'attendaient pas à autant de destructions. Des quartiers entiers ont disparu. A certains endroits, les comparaisons avec un tremblement de terre ou un tsunami semblent insuffisantes pour en rendre compte. C'est le cas des quartiers situés à l'est du camp de réfugiés de Jabaliya, qui se trouve au nord de la bande de Gaza, ou encore du quartier d'Al-Zeitoun, situé au sud de la ville de Gaza. Des centaines de maisons se sont volatilisées, au point que beaucoup ne reconnaissent plus les lieux.
    Des familles entières ont été emportées. C'est le cas de la famille Al-Sammouni, qui a perdu une cinquantaine de ses membres. A côté du camp de Jabaliya, Raïd ne trouve plus de traces de sa maison. Il se laisse aller au désespoir et ne sait pas quoi dire, si ce n'est "Je m'en remets à Dieu, qu'il punisse les Juifs et les Arabes !" Charif Al-Haddad est atteint d'une blessure sans grande gravité, mais il est effondré et proche du délire. Il a perdu ses deux parents, un frère et une sœur quand leur voiture a été atteinte par une bombe alors qu'ils essayaient de fuir leur quartier, Tel Al-Hawa, une zone qui a subi des bombardements particulièrement violents durant la dernière semaine de l'offensive.

    Le bilan des victimes et de 1 315 morts et plus de 4 500 blessés [au 17 janvier 2009]. Des centaines de personnes ont perdu un bras ou une jambe ou garderont d'autres séquelles graves. Environ 4 000 maisons ont été totalement détruites, 16 000 autres partiellement, le montant des dommages s'élève à plus de 2 milliards de dollars. Alors que les habitants sont en train de faire le bilan des pertes humaines et matérielles, de se rendre au chevet de leurs proches, de fouiller les ruines pour essayer de récupérer quelques affaires, la ville de Gaza commence à reprendre vie. Des magasins rouvrent et les fils d'attente se forment devant les distributeurs de billets tout comme devant les boulangeries. Les policiers du Hamas se redéploient aux carrefours et les agents de la municipalité s'attellent au déblaiement des décombres et au ramassage des ordures. Quant aux ambulanciers, ils poursuivent leurs recherches dans les ruines afin de sauver d'éventuels survivants et de ramasser les cadavres.

    Les habitants sont divisés sur les causes de la guerre et sur ses répercussions. Il y a consensus pour dénoncer les crimes israéliens, mais d'autres se posent des questions sur l'utilité de la résistance, son rôle dans la guerre et sa capacité à faire face aux conséquences de l'offensive. Une partie de la population tient le Hamas pour partiellement responsable et certains expriment même franchement leur colère contre la "prétendue résistance, qui avait promis d'être prête à défendre les habitants et à s'opposer aux forces d'occupation". Lors d'une altercation houleuse avec ses collègues, l'avocat Abou Ibrahim dresse le bilan du Hamas depuis qu'il est au pouvoir [janvier 2006] : "Ils ne nous ont apporté que la destruction." Son confrère Abou Adham conteste : "La résistance était là et s'est battue." Un troisième estime qu'on est impuissant face à la force démesurée déployée par les Israéliens. Pour d'autres encore, la principale leçon de la guerre est qu'Israël n'a pas pu vaincre les habitants de Gaza [la population civile], ajoutant : "De toutes les façons, nous ne nous faisions pas d'illusions sur la capacité des groupes armés à vaincre Israël, malgré tout ce qu'on dit." Et un dernier soupire : "Je n'ai jamais haï les Juifs, mais ils ont laissé un ressentiment qui ne s'effacera pas de mon vivant."
    Fathi Sabah
    Al Hayat
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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