Un texte détaillé très utile pour comprendre...
mardi 20 janvier 2009, par Adam Hanieh
Au cours des six derniers mois, l’économie palestinienne a été radicalement transformée selon un nouveau plan conçu par l’Autorité Palestinienne (AP) et appelé le Plan palestinien de réforme et de développement (PPRD).
Développé en étroite collaboration avec des institutions comme la Banque Mondiale et le Département britannique pour le Développement International, le PPRD est actuellement mis en œuvre en Cisjordanie, dont l’Autorité Palestinienne dirigée par Abu Mazen a le contrôle effectif. Le PPRD embrasse les préceptes fondamentaux du néolibéralisme : une stratégie économique dirigée par le secteur privé, dans laquelle le but est d’attirer l’investissement étranger et de réduire les dépenses publiques au minimum.
Comprendre la logique de ce cadre économique est crucial pour évaluer la conjoncture actuelle de la lutte palestinienne. La vision néolibérale qui sous-tend ces principes est le corollaire central de la direction politique promue par le gouvernement israélien, l’Autorité Palestinienne et leurs soutiens US et Union Européenne.
Le but, comme l’explique la première partie de cet article, est de formaliser un réseau de cantons sous contrôle palestinien et de zones industrielles associées, dépendant de l’occupation israélienne, et au travers desquels un bassin de main-d’oeuvre palestinienne bon marché est exploitée par des groupes capitalistes israéliens, palestiniens et régionaux.
Le cadre institutionnel en développement pour l’économie palestinienne n’intègre pas seulement l’occupation israélienne dans la conception du "développement", mais il agit également pour entretenir la culpabilité des élites politiques et économiques palestiniennes pour la façon dont ces structures opèrent.
Une telle analyse n’est cependant qu’une partie de l’histoire. La seconde partie de cet article affirme que ces changements, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, ne peuvent être totalement appréhendés sans une compréhension du cadre régional du Moyen Orient.
Au cours des vingt dernières années, et avec une accélération particulière sous l’administration Bush, les Etats-Unis ont poursuivi une politique d’intégration de leurs bases de soutien dans la région à l’intérieur d’une seule zone économique libérale liée aux USA par une série d’accords commerciaux bilatéraux.
Cette vision vise à promouvoir la libre circulation des capitaux et des biens (mais pas nécessairement de la main-d’œuvre) dans tout le Moyen-Orient. Les marchés de la région seront dominés par les importations US, alors que la main-d’oeuvre bon marché, concentrée dans des zones économiques "libres" appartenant au capital régional et international, fabriquera des produits d’exportation à bas prix destinés aux marchés des USA, de l’Union Européenne, d’Israël et du Golfe. La composante centrale de cette vision est la normalisation et l’intégration d’Israël au Moyen Orient. Les USA envisagent un Moyen Orient reposant sur le capital israélien à l’Ouest et le capital du Golfe à l’Est, étayant une zone néolibérale de bas salaires qui couvre la région. Cela signifie que la destruction historique par Israël des droits nationaux palestiniens doit être acceptée et bénie par tous les états de la région. A la place d’une réelle autodétermination palestinienne (le droit au retour des réfugiés avant toute chose), un Etat artificiel nominal sera établi sur les îlots dépendants de territoires en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Cet objectif est un pré-requis essentiel de la stratégie US dans la région. Nos activités politiques doivent intégrer cette compréhension si nous voulons bâtir des mouvements de solidarité efficaces pour combattre et renverser ce projet.
Le néolibéralisme en Palestine : le Plan Réforme et Développement
Le 17 décembre 2007, lors d’une conférence d’une journée à Paris, plus de 90 représentants internationaux de divers pays et organismes donateurs se sont rassemblés pour assurer le gouvernement de l’Autorité Palestinienne dirigée par le Président Mahmoud Abbas (Abu Mazen) et le Premier Ministre Salam Fayyad de leur soutien. La conférence était la plus importante de la sorte depuis 1996, et était présidée par les gouvernements français et norvégiens, Tony Blair (en tant que représentant du Quartet pour le Moyen Orient) et la Commission Européenne.
Suite aux discours des divers états-membres de l’Union Européenne, de l’Autorité Palestinienne, du Fonds Monétaire International et du gouvernement israélien, les participants à la conférence ont promis plus de 7,7 milliards de dollars US à l’Autorité Palestinienne. L’impulsion principale de cette conférence était d’essayer d’obtenir un soutien financier à une stratégie économique de l’AP appelée "le plan palestinien Réforme et Développement pour 2008-2010". Basées sur une série de propositions détaillées rédigées par la Banque Mondiale et autres organismes financiers internationaux, les grandes lignes du PPRD avaient d’abord été présentées en novembre 2007. Depuis lors, elles sont devenues le cadre directeur d’une politique économique, en particulier dans les secteurs de Cisjordanie où l’AP dirigée par Abu Mazen exerce un contrôle effectif.
La première chose que l’on peut remarquer au sujet du PPRD est que le poids de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International et autres organismes néolibéraux comme le Département britannique pour le Développement International (DFID) se fait clairement sentir dans ses recommandations politiques et ses perspectives.
L’argument qui sous-tend le PPRD est explicitement néolibéral, demandant à l’Autorité Palestinienne d’entreprendre une série de réformes fiscales visant à favoriser un "environnement encourageant pour le secteur privé" comme "moteur d’une croissance économique durable". Les organisations palestiniennes de la base ont été jusqu’à décrire les institutions financières néolibérales comme "un gouvernement fantôme ’de fait’ en Cisjordanie, dictant le programme de développement du gouvernement de Salam Fayyad". [1]
Que signifie réellement le PPRD pour les Palestiniens sur le terrain ? Comme le suggère le nom, le PPRD est composé de deux éléments principaux : la "réforme" et le "développement". La composante "réforme" engage l’AP dans un programme de resserrement fiscal qui dépasse les mesures imposées par le FMI et la Banque Mondiale à n’importe quel autre Etat de la région.
mardi 20 janvier 2009, par Adam Hanieh
Au cours des six derniers mois, l’économie palestinienne a été radicalement transformée selon un nouveau plan conçu par l’Autorité Palestinienne (AP) et appelé le Plan palestinien de réforme et de développement (PPRD).
Développé en étroite collaboration avec des institutions comme la Banque Mondiale et le Département britannique pour le Développement International, le PPRD est actuellement mis en œuvre en Cisjordanie, dont l’Autorité Palestinienne dirigée par Abu Mazen a le contrôle effectif. Le PPRD embrasse les préceptes fondamentaux du néolibéralisme : une stratégie économique dirigée par le secteur privé, dans laquelle le but est d’attirer l’investissement étranger et de réduire les dépenses publiques au minimum.
Comprendre la logique de ce cadre économique est crucial pour évaluer la conjoncture actuelle de la lutte palestinienne. La vision néolibérale qui sous-tend ces principes est le corollaire central de la direction politique promue par le gouvernement israélien, l’Autorité Palestinienne et leurs soutiens US et Union Européenne.
Le but, comme l’explique la première partie de cet article, est de formaliser un réseau de cantons sous contrôle palestinien et de zones industrielles associées, dépendant de l’occupation israélienne, et au travers desquels un bassin de main-d’oeuvre palestinienne bon marché est exploitée par des groupes capitalistes israéliens, palestiniens et régionaux.
Le cadre institutionnel en développement pour l’économie palestinienne n’intègre pas seulement l’occupation israélienne dans la conception du "développement", mais il agit également pour entretenir la culpabilité des élites politiques et économiques palestiniennes pour la façon dont ces structures opèrent.
Une telle analyse n’est cependant qu’une partie de l’histoire. La seconde partie de cet article affirme que ces changements, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, ne peuvent être totalement appréhendés sans une compréhension du cadre régional du Moyen Orient.
Au cours des vingt dernières années, et avec une accélération particulière sous l’administration Bush, les Etats-Unis ont poursuivi une politique d’intégration de leurs bases de soutien dans la région à l’intérieur d’une seule zone économique libérale liée aux USA par une série d’accords commerciaux bilatéraux.
Cette vision vise à promouvoir la libre circulation des capitaux et des biens (mais pas nécessairement de la main-d’œuvre) dans tout le Moyen-Orient. Les marchés de la région seront dominés par les importations US, alors que la main-d’oeuvre bon marché, concentrée dans des zones économiques "libres" appartenant au capital régional et international, fabriquera des produits d’exportation à bas prix destinés aux marchés des USA, de l’Union Européenne, d’Israël et du Golfe. La composante centrale de cette vision est la normalisation et l’intégration d’Israël au Moyen Orient. Les USA envisagent un Moyen Orient reposant sur le capital israélien à l’Ouest et le capital du Golfe à l’Est, étayant une zone néolibérale de bas salaires qui couvre la région. Cela signifie que la destruction historique par Israël des droits nationaux palestiniens doit être acceptée et bénie par tous les états de la région. A la place d’une réelle autodétermination palestinienne (le droit au retour des réfugiés avant toute chose), un Etat artificiel nominal sera établi sur les îlots dépendants de territoires en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Cet objectif est un pré-requis essentiel de la stratégie US dans la région. Nos activités politiques doivent intégrer cette compréhension si nous voulons bâtir des mouvements de solidarité efficaces pour combattre et renverser ce projet.
Le néolibéralisme en Palestine : le Plan Réforme et Développement
Le 17 décembre 2007, lors d’une conférence d’une journée à Paris, plus de 90 représentants internationaux de divers pays et organismes donateurs se sont rassemblés pour assurer le gouvernement de l’Autorité Palestinienne dirigée par le Président Mahmoud Abbas (Abu Mazen) et le Premier Ministre Salam Fayyad de leur soutien. La conférence était la plus importante de la sorte depuis 1996, et était présidée par les gouvernements français et norvégiens, Tony Blair (en tant que représentant du Quartet pour le Moyen Orient) et la Commission Européenne.
Suite aux discours des divers états-membres de l’Union Européenne, de l’Autorité Palestinienne, du Fonds Monétaire International et du gouvernement israélien, les participants à la conférence ont promis plus de 7,7 milliards de dollars US à l’Autorité Palestinienne. L’impulsion principale de cette conférence était d’essayer d’obtenir un soutien financier à une stratégie économique de l’AP appelée "le plan palestinien Réforme et Développement pour 2008-2010". Basées sur une série de propositions détaillées rédigées par la Banque Mondiale et autres organismes financiers internationaux, les grandes lignes du PPRD avaient d’abord été présentées en novembre 2007. Depuis lors, elles sont devenues le cadre directeur d’une politique économique, en particulier dans les secteurs de Cisjordanie où l’AP dirigée par Abu Mazen exerce un contrôle effectif.
La première chose que l’on peut remarquer au sujet du PPRD est que le poids de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International et autres organismes néolibéraux comme le Département britannique pour le Développement International (DFID) se fait clairement sentir dans ses recommandations politiques et ses perspectives.
L’argument qui sous-tend le PPRD est explicitement néolibéral, demandant à l’Autorité Palestinienne d’entreprendre une série de réformes fiscales visant à favoriser un "environnement encourageant pour le secteur privé" comme "moteur d’une croissance économique durable". Les organisations palestiniennes de la base ont été jusqu’à décrire les institutions financières néolibérales comme "un gouvernement fantôme ’de fait’ en Cisjordanie, dictant le programme de développement du gouvernement de Salam Fayyad". [1]
Que signifie réellement le PPRD pour les Palestiniens sur le terrain ? Comme le suggère le nom, le PPRD est composé de deux éléments principaux : la "réforme" et le "développement". La composante "réforme" engage l’AP dans un programme de resserrement fiscal qui dépasse les mesures imposées par le FMI et la Banque Mondiale à n’importe quel autre Etat de la région.
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