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La lecture otage de l’édition et d’une politique inefficace en Algérie

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  • La lecture otage de l’édition et d’une politique inefficace en Algérie

    En Algérie, la lecture n’a pas encore récupéré son statut de culture.Autant les jeunes de l’ancienne génération (de l’après-guerre d’indépendance et même peu après) aimaient la lecture, autant ceux d’aujourd’hui ne se sentent nullement concernés par cet aspect important de l’instruction.
    Cet épineux problème n’est pas seulement un souci pour le développement cognitif et intellectuel de l’enfant, mais aussi pour l’éditeur qui n’arrive pas à écouler les œuvres qu’il édite.

    Ce qui le pousserait à revoir la quantité de livres à tirer à la baisse, non sans être conscient que cela augmenterait le prix du bouquin dans les librairies. Cela dans le cas où le prix élevé des livres est le seul paramètre qui décourage les citoyens à les acheter. Mais, il est clair que ce n’est pas le cas. Les parents et l’école ont une grande part de responsabilité dans le refus des enfants de s’adonner à la lecture et de l’apprécier. L’école plus que les parents, si l’on prend en considération le pouvoir d’achat de ces derniers.

    C’est l’avis de M. Ali Oubellil, directeur des éditions l’Odyssée, à Tizi Ouzou, qui signale le problème de l’écoulement des œuvres éditées. «Je ne parle pas seulement des particuliers, mais plutôt des écoles et des administrations», dit notre interlocuteur, non sans préciser que la lecture doit commencer dès le jeune âge, ajoutant que «les établissements scolaires devraient se doter de bibliothèques qui seront mises à la disposition des écoliers afin de leur apprendre à aimer la lecture». En effet, un enfant qui n’est pas encouragé à lire durant sa scolarité ne saura pas se mettre à la lecture de sa propre initiative à l’issue de son cursus scolaire. «Un enfant qui apprend à lire à l’école verra la lecture comme un acte naturel quand il sera adulte», précise encore le directeur des éditions l’Odyssée, qui ne manquera pas de dire son admiration devant des enfants fréquentant les écoles privées où justement la lecture est encouragée. «J’ai été agréablement surpris par certains enfants de six ou huit ans qui disent avoir lu certains grands classiques de la littérature», déclare avec émerveillement notre interlocuteur, en parlant de la passion de ces enfants pour la lecture. Une passion quelque peu estompée depuis la promulgation de la nouvelle réglementation régissant les écoles privées qui semble avoir freiné cet élan.

    En somme, les administrations et les écoles sont appelées à acheter des livres au profit des enfants pour leur inculquer l’amour de la lecture. Cela aidera également les éditeurs à écouler leurs produits et maintenir les prix à un niveau abordable, puisque, selon nombre d’éditeurs, le prix augmente à l’impression selon le nombre de copies tirées. «Plus on tire des copies, plus le prix baisse à l’imprimerie», affirment certains éditeurs et même des libraires exerçant dans la wilaya de Tizi Ouzou qui rappellent que certaines œuvres restent cependant très abordables en matière de prix, notamment de nombreux romans algériens et étrangers édités notamment par l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) qui coûtent rarement plus de 100 dinars. Un constat confirmé dans certaines librairies de la ville des Genêts où de nombreux livres sont proposés à des prix défiant toute concurrence.

    Il est évident que de nombreux autres titres restent inaccessibles aux petites bourses, notamment les étudiants, qui en ont cruellement besoin. Il s’agit bien évidemment des livres scientifiques et technologiques édités à l’étranger qui restent hors de portée de la majorité des Algériens.

    Mais aussi certains titres de littérature également édités à l’étranger, particulièrement en France, et proposés en Algérie à des prix exorbitants en raison des droits importants payés par les éditeurs algériens. Des éditeurs ne comprennent pas pourquoi certains auteurs algériens signent des contrats avec des éditeurs français en y incluant la vente dans leur propre pays. Surtout que les éditeurs de l’Hexagone ne se gênent nullement pour proposer des droits très élevés aux éditeurs algériens pour la commercialisation de ces œuvres en Algérie. «Parfois, certains éditeurs français refusent carrément la vente des droits pour je ne sais quelle raison», dit un jeune cadre d’une maison d’édition de Tizi Ouzou qui a requis l’anonymat.

    C’est pour cela que de nombreuses œuvres sont piratées et proposées à des prix abordables dans les librairies de Tizi Ouzou et des autres wilayas du pays. Il citera de nombreux titres pour étayer ses dires et la confirmation viendra dans certaines librairies où certains livres sont effectivement piratés et proposés au tiers de leur prix «légal». Les éditeurs regrettent par ailleurs que les lecteurs ne se donnent pas la peine de découvrir les jeunes nouveaux auteurs qui se sentent quelque peu obligés d’aller en France pour acquérir la notoriété pour que les gens les reconnaissent et achètent leurs œuvres en Algérie.

    Par La Tribune

  • #2
    Les parents et l’école ont une grande part de responsabilité dans le refus des enfants de s’adonner à la lecture et de l’apprécier. L’école plus que les parents, si l’on prend en considération le pouvoir d’achat de ces derniers.
    Il n y a aucune pédagogie pour faire aimer la lecture à l'enfant.

    Du primaire au lycée, en passant par le collège, je ne me souviens pas avoir entendu de la bouche d'un enseignant une phrase qui inciterait les élèves à la lecture...Pratique ô combien importante dans l'instruction des individus.

    Il y a des cas où les parents tentent de réctifier le tir, mais il me semble que c'est à l'école, surtout, qu'incombe la résponsabilité de faire aimer le livre aux enfants.
    "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
    Socrate.

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    • #3
      Azul

      Envoyé par elfamilia
      Il y a des cas où les parents tentent de réctifier le tir, mais il me semble que c'est à l'école, surtout, qu'incombe la résponsabilité de faire aimer le livre aux enfants.
      Et pourquoi pas les deux en interaction et en complémentarité.

      Les travaux de Bernard Lahire démontrent clairement que les habitudes scripturales et de lecture familiales dans les primes années sont très importantes dans les orientations futures du jeune enfant.


      ../..
      “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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      • #4
        Tout à fait, mais devant le phénomène des "parents démissionnaires", c'est à l'école de jouer ce rôle. L'école qui est par essence l'Institution chargée de l'instruction et de formation des individus.
        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
        Socrate.

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        • #5
          Oula doucement

          Qu'est ce qu'un parent démissionnaire (sic)?



          ../..
          “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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          • #6
            A mon sens, c'est un problème qui n'est pas qu'algérien. Même ailleurs, les enfants lisent de moins en moins. Même dans des familles où les parents sont des lecteurs assidus.

            Les causes sont probablement multiples. Et à mon sens, les jeux électroniques et internet n'y sont pas pour rien.

            Je trouve un peu facile de rejeter la faute soit sur les parents soit sur l'école. Les uns n'ont pas à se substituer aux autres et l'éducation d'un enfant se fait de manière conjointe. A chacun son rôle.
            « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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            • #7
              Mes guillemets sont à prendre en considération.

              Si j'ai mis des guillemets, c'est parce que Bernard Lahire, que tu as évoqué, utilise cette expression de "Parents démissionnaires", bien que lui, dans son étude "ciblée", il n'approuve pas cette hypothèse. Mais si son analyse concernait la société algérienne, qui est le sujet de ce topic, il l'aurait éventuellement attesté.

              Donc dans le sens où je l'ai utilsé, Parents démissinnaires veut dire dans ce contexte précis, les parents qui (pour une raison ou pour une autre) ne suivent pas de près la scolarité de leurs enfants.

              Par ailleurs, il me semble qu'il est très important de signaler qu'un tel sujet a besoin d'une fine analyse (enquête), de la part des spacialistes, et ce pour espérer sortir avec des résultats, qui seraient en mesure de réparer cette défaillance, aux conséquences néfastes, sur le terrain.
              "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
              Socrate.

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              • #8
                Elfamilia

                Disons que la catégorie, cernée ou à l'état libre, que tu évoques est un fourre-tout d'où ma question.

                Le "pour une raison ou pour une autre" est le point le point le plus important ce sont ces raisons là qui font toute la différence !




                Donc ....
                “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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                • #9
                  La lecture otage de l’édition et d’une politique inefficace en Algérie
                  Voilà, un sujet qui me tient à coeur et ....qui me met en boule en même temps !! ....mais bon, on fait ce qu'on peut pour le moment !!!

                  Je prendrai le tmps de le lire.

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                  • #10
                    Salut..

                    Pour moi c'est surtout le milieu ou l'environnement de l'enfant qui compte.
                    Quel que soit le pays, meme ou la lecture (des classiques) est obligatoir a l'ecole.. L'ecole ne fait pas de l'enfant un lecteur passione.

                    L'environnement culturel familial est plus important que tout le reste.. l'ecole est quasiment facultative dans ce cas.

                    Et puis j'aime pas utiliser des termes generiques pour des concepts mal-definis.. Il y'a lecture et lecture !
                    Quelqu'un qui lit 50 livres par jours ne vaut pas mieux que quelqu'un qui ne lit rien.. si les livres en questions sont des Arlequin & co. par exemple.

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                    • #11
                      L'impré

                      C'est bien d'être rigoureux avec les définitions qu'on donne aux concepts.

                      Déconstruire, et rendre plat certains termes et expressions est recommandé. Mais il me semble qu'il faut faire attention pour ne pas voler trop haut; on risque de se retrouver en décalage avec la réalité.

                      Tout simplement, (sans chercher à paraphraser des scientifiques par soucis de légitimité). Avec des mots tout simples, je dirai que :

                      Parents démissionnaires; qui ne s'occupent pas de près de la scolarité de leurs enfants pour des raisons qu'il faut chercher et élucider; Celà se fait par es hypothèses qui seront soit infirmées ou confirmées, et ce après les avoir soumis à la recherche.

                      - Le niveau d'instruction des parents.
                      - les moyens économiques de la famille.

                      Seraient, peut-être deux des causes de cet état de fait.

                      Par moment, j crois, qu'il est conseillé de se positionner en "Anti-intellectualisme", ça permet de se remettre en cause, et produire ainsi du concret, dont on a vraiment besoin.

                      Amicalement
                      Dernière modification par elfamilia, 25 janvier 2009, 17h29.
                      "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                      Socrate.

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                      • #12
                        Elfamilia

                        Envoyé par elfamilia
                        C'est bien d'être rigoureux avec les définitions qu'on donne aux concepts.

                        [.....]Par moment, j crois, qu'il est conseillé de se positionner en "Anti-intellectualisme", ça permet de se remettre en cause, et produire ainsi du concret, dont on a vraiment besoin.

                        Pour être brève et claire : pourquoi ces remarques alors que ma question était super limpide ?





                        .../...
                        “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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                        • #13
                          C'est ton :
                          Oula doucement
                          qui fait que j'ai jugé utile de faire cette remarque, pour essayer d'adopter une certaine méthode, qui consiste à prendre en considération tous les avis.

                          Si ça part sur cet esprit: "Tout ce que tu dis est faux et tout ce que je dis est juste". ça serait, à mon sens, pas intéressant de discuter.

                          Ma remaque est d'ordre méthodologique, et non personnelle. J'ai proposé d'adopter un certain principe dans le débat.
                          "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                          Socrate.

                          Commentaire


                          • #14
                            pourquoi ces remarques alors que ma question était super limpide ?
                            La concision n'est pas donnée à tout le monde !!

                            Commentaire


                            • #15
                              En somme, les administrations et les écoles sont appelées à acheter des livres au profit des enfants pour leur inculquer l’amour de la lecture.
                              En gros, c'est un plaidoyer pour les éditeurs et non pour la lecture, que cet article: achetez-nous des livres (mal foutus parfois) pour que l'on puisse vivre.

                              Le statut de la lecture, même si il n'échappe pas à la réalité économique d'un pays, relève aussi de phénomènes beaucoup plus complexes: aussi, je ne comprends pas pourquoi l'article ne donne la parole qu'à un éditeur.

                              On va essayer d'ébaucher quelques pistes:

                              I- Le rôle de l'Etat:

                              Il faut savoir que l'Etat subventionne une partie de la production nationale mais cela reste insuffisant. Beaucoup de sociétés nationales d'édition jouissait d'un luxe inestimable: celui de pouvoir écouler des oeuvres à perte (le cas des éditions ENAG): leur démantèlement (ainsi que les réseaux de distribution qui leur été associées) a été une grande erreur.

                              Pour ce qui est des bibliothèques dans les lycées et les collèges, c'est leur gestion qui est souvent discutable (même si les livres existent, les enfants ne sont pas vraiment encouragés à les consulter).
                              Donc oui, l'Etat doit investir plus lourdement dans ce secteur mais à condition que cela soit accompagné de mesures pédagogiques et de campagnes de sensibilisations (sinon ce sera de l'argent jeté par les fenêtres).

                              Lorsque l'éditeur en question parle de maisons d'éditions françaises qui appliquent des prix de vente exorbitant, cela me paraît discutable, parce que la France subventionne l'exportation de ses biens culturels.

                              II- Le rôle des éditeurs:

                              On parle d'éditeur pour être gentil, la plupart sont des imprimeurs qui ne suivent pas forcément leur auteur et qui dans la plupart des cas se contentent d'initier des éditions à compte d'auteur.
                              Je ne connais aucun éditeur algérien (hormis l'ENAG) qui diffuse des oeuvres avec un appareil critique inédit (notes, préfaces): ils se contentent généralement de mettre sous presse des oeuvres du domaine public: chose déstabilisante pour un lecteur non-averti et frustrante pour un lecteur exigeant.
                              On parle d'éditeurs, mais soyons sérieux: il y a en moyenne, par années, 5 romans en langue arabe et 10 romans francophones qui sont édités en Algérie (les chiffres viennent d'un colloque tenu à la Sorbonne en début d'année): je ne sais pas si on peut sciemment parler d'édition en littérature.

                              III- Le rôle des libraires:
                              Parce que la plupart des éditeurs ne font pas leur travail, les libraires sont souvent des "marchés" où l'on met en vente des produits d'importation (d'où le prix). Ce n'est pas une activité très rentable, et le réseau est famélique. Même dans une ville comme Alger, il n y a guère plus de 10 points de vente important. Je ne connais pas la législation sur la question, mais il est clair que l'Etat doit subventionner cette corporation si elle ne veut pas voir le peu de librairies restants se transformer en Fast-Food.

                              IV- le statut de la lecture:
                              L'Algérie est un pays de tradition orale, dans lequel la pratique de la lecture n'a jamais joué un rôle important dans les mécanismes de socialisation. La lecture donc est une pratique à inventer (socialement parlant).

                              Cela dit, cette réalité doit être nuancée: dans l'imaginaire collectif, reproduit d'ailleurs par l'article, la lecture est présentée comme étant l'acte par lequel le lecteur rentre en contact avec une oeuvre littéraire. Ce qui n'est pas exact: les algériens lisent tous les jours des journaux, internet des circulaires...etc.
                              La question qui se pose n'est pas tant: pourquoi ne lisent-ils pas, mais pourquoi ne lisent-ils que peu de littérature. La question est ma foi vaste, on peut-là aussi tenter d'y répondre sommairement:
                              - La littérature a longtemps été orale
                              - Elle est en concurrence de nouveaux supports de lecture qui sied mieux à la réalité économique du pays (le virtuel quasi-gratuit).
                              - Dans la stimulation de l'imaginaire, d'autres types de médias ont pris le relais du livre (télévision / Cinéma).
                              - Une idéologie vaguement scientifisante: qui n'a jamais rencontré de "scientifique" ou de médecin algérien qui estime que la lecture romanesque est une activité indigne ?
                              - Le tout politique: c'est quand même incroyable que dans un pays où l'on nous bassine avec les enjeux identitaires liés aux communautés linguistiques, le débat trouve plus d'écho dans les meetings politiques que dans les étals des libraires....


                              Cordialement
                              Dernière modification par absent, 26 janvier 2009, 09h46.

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