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Lettre ouverte à Monsieur JOFFRIN, Directeur de publication du quotidien Libération

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  • Lettre ouverte à Monsieur JOFFRIN, Directeur de publication du quotidien Libération

    Sous le titre, «Le front du refus s’organise», Laurent JOFFRIN, de son vrai nom, Laurent MOUCHARD, publie un texte qui se pose en critique des conséquences de choix macro économiques pris au lendemain des années 80. C’est oublier un peu vite que le réformiste qu’il s’est toujours revendiqué n’a jamais rien renié de la modernité marchande au principe du capitalisme financier qu’il prétend critiquer. La Feuille de Manioc lui adresse cette lettre ouverte. [IMG]http://lafeuilledemanioc.*******************/media/00/00/1284114761.jpg[/IMG]Monsieur JOFFRIN,

    Dans un appel qui vaut captation, vous prenez la parole au nom de diverses protestations sociales que nous résumerons «citoyennes», outrées «de voir que souvent la classe dirigeante financière ou économique, après avoir conduit, en France et ailleurs, la planète à l’effondrement financier et à la récession subséquente, refuse au fond de changer réellement les règles. […] Il s’agit de mettre en cause l’orientation générale d’une politique. Ces valeurs sont aussi celles de Libération. Voilà pourquoi [vous publiez] cet appel

    Votre appel est une imposture et nous devons vous le dire. Vous et vos pairs journalistes, appartenez à une gauche qui a gravité à la normale de l’extrême droite des idées et aux fonds extrêmes de la rente facile, lorsqu’elle n’était pas usurière. Vite déniaisés de vos jacqueries soixante-huitardes, vous êtes entre-temps devenus des notaires, puis sans y prendre garde, des notables. Vous êtes le pouvoir. Hormis la libération fornicatrice du printemps de votre jeunesse, ce dont SIDA oblige, vous ne pouvez même pas revendiquer le legs au profit de vos cadets, vous ne vous êtes jamais souciés de la chose publique étant depuis, au cœur du pouvoir, ses sentinelles qui veillent à la norme de l’opinion et à la correction de ses écarts, sinon à leur coercition.

    Il serait temps que vous observiez «un phénomène politique qui n’émane pas du monde des élus, des responsables de partis ou de syndicats. Il vient de la société.» Tant vous étonne? Nos partis sont sous influence de puissances branchées aux subprimes et aux rendements à 15% étant indubitablement acquis que cette usure est moderne; nos syndicats sont sous l’empire des sectes qu’aucune dénomination d’obédience ne virginise. En face de quoi, l’or des parachutes enivre le fil éditorial de votre social-démocratie. Monsieur Joffrin, une once de décence! Ne feignez pas sa critique, vous êtes le pouvoir permanent contre le peuple, contre les citoyens, contre la République, contre ses droits.

    Vous évoquez les manifestations en ce qu’«elles usent de protestations classiques, mais aussi d’un langage et de méthodes dont la radicalité doit être méditée, alors même que leurs porte-parole ne sont pas forcément des militants organisés.» Mais que n’avez-vous fait à la place qui était la vôtre pour, à défaut de bâillonner la parole citoyenne, qu’elle n’emprunte la radicalité? N’avez-vous pas fermé vos colonnes aux murmures de la rue, aux complaintes des quartiers, aux souffrances des pays? fermé vos colonnes à l’insupportable pauvreté des familles à laquelle vos manchettes et vos éditoriaux préféraient les frasques indigentes des pipoles et l’étalage indécent de la fortune spontanée de nos dirigeants? fermé vos colonnes aux misères des travailleurs sans logis? fermé vos colonnes aux violences faites aux femmes au travail? fermé vos colonnes à la désocialisation des handicapés, au racisme négrophobe érigé en esthétique nationale, à l’islamophobie désinhibée dans le discours public? fermé vos colonnes à la racialisation de la France par relégation du criterium originel du sol au profit de l'identité par le sang? fermé vos colonnes aux attaques contre la laïcité et à face la prééminence grandissante du discours religieux dans l’espace public?

    Permettez-nous Monsieur Joffrin, de vous dire, ainsi qu’à vos pairs journalistes, qu’à travers vos media vous avez assidûment accompagné l’abaissement de l’Etat, la privatisation du domaine public en ses profits, et la socialisation par l’impôt des pertes dues au marché; vous et vos pairs avez encouragé la violence des institutions contres les jeunes, les personnes âgées vous ont échappé par oubli; vous et vos pairs avez fermé les yeux face à l’option carcérale comme politique publique; vous et vos pairs avez protesté contre EDVIGE, mais uniquement parce qu’il aurait pu trahir des aventures extraconjugales des gens de votre classe sociale; vous et vos pairs…, la liste serait interminable. Vous avez constamment été l’en-deçà de la République, vous vous êtes tus sur l’essentiel, vous êtes comptables de notre désastre.

    La décence inspirerait que vous continuiez à vous taire. Votre appel au «respect des libertés publiques que le gouvernement tend à écorner dans beaucoup de domaines» est une farce! Elle n’abusera nul autre que les naïfs lassés d’être en République, démocrates qui consomment en ce qu’ils se consument de ce dont on les assomme: l’appât du gain comme vertu, la destruction de l’environnement comme raison de vivre, la haine de l’autre comme manière d’être en soi.

    Votre appel n’est encore qu’une adresse à ce réduit germanopratin, ruiné de s’être aveuglé du monde qui s’effondrait cependant que vous jouiez les bobos cathodiques, parés de deux jours de barbe aux verres finement montés de titane. Ainsi s’accuse l’image de l'intellectuel parisien. Donner à voir son image plutôt que donner à penser le monde des images falsifiées. Allez donc vous faire voir. Vous n’êtes qu’une image de désolation, votre appel n’est qu’une image décalée, Libération, votre journal, n’est qu’une représentation réductrice du monde. Vous comme le Monde, le Figaro, le Parisien, France-soir etc., l’ensemble de votre collège, les magazines, les radios et les chaînes de télévision. Il n’est plus de journalisme en France et la République court à son péril. Sortez de là! Prenez la jauge de ce qui se passe Outre-atlantique, de la renaissance de l’Empire du Milieu, de l’émergence de l’Amérique latine, de nos viols en Afrique, des avant-gardes du monde à leurs défis, pendant que vos réseaux ratiocinent sur leurs prébendes et la décote de leur titres, à faire de leurs arrières-petits enfants, les débiteurs de leurs gabegies.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Monsieur Joffrin, nous vous avons reconnu sous votre masque de gauche moderniste. Vous n’enviez rien à la droite mis à part son argent, pas même sa réaction. L’attention intermittente de votre enseigne pour le peuple des damnés n’est jamais que le soliloque d’une intelligentsia de classe qui espère le sursaut. Elle perd pied et vous redécouvrez la populace, les jeunes, les mendiants, «les familles de sans-papiers», ah ! tiens, il manquait le noir du tableau des compassions. Ce disant, vous formez le vœu qu’un front de contestation, voire un début embrasement rappelle ce pouvoir total à votre bon souvenir tant au fond, il vous fascine. Parce qu'en vérité, vous réclamez d'être du festin anthropophagique. Or si vos journaux se vendent moins, c’est pour ce qui y est maculé en guise de parole. Si vous ne pesez plus que le poids physique de vos feuilles face à une Majestas qui se totalise et subjugue jusqu’à ses opposants, c’est pour avoir désespéré votre lectorat comme les élus, leur électorat, et en raison des contre-réformes que vous avez collégialement défendues.

    Nicolas Sarkozy a l’indéniable mérite politique d’avoir dit avant l’élection ce qu’il allait faire, et de faire terme à terme ce qu’il avait promis. Or lors de l’élection présidentielle, l’idéologie de la réforme c’était l’alternative exclusivement iconologique, Ségolène ou Sarkozy. Flanqués de vos instituts d’opinion, l’idéologie de l’iconoréforme, c’était surtout vous les journalistes, et Libération n’était pas en reste. Peu importait alors l’une ou l’autre des deux seules parures télégéniquement viables, aucun autre terme ne devait s’immiscer dans ce scénario bipolaire écrit à l’avance par ces mêmes patrons de presse, qui sont aussi vos patrons d’industrie, de commerce toujours, d’armement souvent, et que votre appel fait mine de dénoncer. La bipolarisation c’est la seule voie démocratique moderne, la proportionnelle le populisme, autant dire la dictature des bouseux. Tel était le dogme et on a dûment modifié la constitution pour cela, il conviendrait donc de trinquer en la fermant.

    Comme il n’y avait plus qu’une voie et une pensée possibles, l’art de la communication fut la substance de l’élection. Nous avons donc voté ainsi que vous nous l’aviez indiqué, pour ou contre le voile blanc sur le corps de la Madone, pour ou contre le frac de l’autocrate. Ce sont vos pairs et vous qui avez réduit le débat à cette alternative, au nom du changement, par devoir de modernité. Alors de grâce, lâchez donc les basques des ringards et de leurs luttes archaïques. Leurs problèmes sont étrangers à votre social-démocratie. Cette idéologie tiède comme elle est creuse, succédané du capitalisme financier avec la corruption des notables en sus. Madoff est passé par-ci, votre idéologie trépassera par-là. Avec votre appel vous mimez l’excursion du patricien à l’Aventin. Gardez-vous d'oublier que ce pourrait être le chant du cygne, celui du déclin d’une corporation corrompue par ses liaisons dangereuses avec le pouvoir. Vous êtes le pouvoir, de concert vous avez entonné la marche consulaire qui sonna l’élection présidentielle et dont vous fûtes la soldatesque.
    Surtout, n’oubliez jamais la fin. Elle chassa les députés de la Nation. LF2M





    Dimanche 25 Janvier 2009
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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