De Varsovie à Gaza : La journée Internationale de Commémoration de l’Holocauste 2009

[DZone]

vendredi 30 janvier 2009 - 07h:38

IJAN

Nous avons du mal à trouver les mots pour décrire l’hypocrisie de ces cérémonies où ceux qui restent silencieux aujourd’hui rendent hommage aux victimes du silence d’hier.

La semaine dernière, après avoir assassiné 1400 personnes (dont 400 étaient des enfants), après avoir bombardé des hôpitaux et des mosquées, des écoles, universités et approvisionnements humanitaires ainsi que des dizaines de milliers de maisons, Israël a déclaré un cessez-le-feu. Un défilé honteux de dirigeants européens s’est immédiatement rendu à Jérusalem pour ‘embrasser’ les assassins de masse et pour apporter leur soutien au siège continu de Gaza.

Le but premier de ce massacre était de briser le moral du peuple palestinien pour qu’il abandonne et accepte son sort en tant qu’êtres humains de deuxième ordre. Comme l’avait dit l’ancien chef d’état major Moshe Yaalon en 2002 : « Les Palestiniens doivent comprendre au plus profond de leur conscience qu’ils sont un peuple vaincu ».

Les dirigeants européens soutiennent ce but tout comme les administrations américaines précédentes, et comme les élites dirigeants de l’Egypte, de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite et ce, malgré la rage de leurs peuples. Nous attendons de voir si la toute nouvelle administration Obama coupera avec les soixante années d’attaques contre le peuple palestinien, attaques financées et armées par les USA et l’Europe.
Nous pleurons avec le peuple de Gaza. Nous regardons les visages des enfants, des femmes et des hommes et nous entendons leurs voix. Nous entendons aussi le silence des dirigeants des pays occidentaux, coupé par intermittence par des platitudes évasives. Et nous nous souvenons d’une époque où le monde fermait les yeux tandis que nos aïeuls, nos familles, étaient massacrées.

100.000 Palestiniens sont sans-abris ce mois-ci à Gaza. La plupart d’entre eux étaient devenus des réfugiés en 1948 quand ils ont été expulsés sous la menace d’un fusil de leurs villes et villages. Aujourd’hui, ils ont à nouveau perdu leurs foyers alors qu’ils vivent sur leur terre d’exil et risquent d’être expulsés de Palestine pour de bon.

Pourtant, le 27 janvier 2009, Journée Internationale de Commémoration de l’Holocauste, les dirigeants des Etats Unis et d’Europe s’assembleront pour honorer la mémoire de nos morts. Tout en essayant de nous souvenir et d’honorer l’immensité de cette perte, nous avons du mal à trouver les mots pour décrire l’hypocrisie de ces cérémonies où ceux qui restent silencieux aujourd’hui rendent hommage aux victimes du silence d’hier.

L’écrivain juif radical, Walter Benjamin, qui est mort en fuyant les nazis, a écrit : « même les morts ne seront pas à l’abri de l’ennemi s’il est victorieux. Et cet ennemi n’a jamais cessé de l’être ». Le troisième Reich a été vaincu et pourtant « l’ennemi n’a jamais cessé d’être victorieux ». Le racisme, l’assassinat de masse et les génocides continuent à être des moyens acceptés de la politique. Même nos morts ne sont pas à l’abri. On les a appelé, dérangé, dragué de leurs fosses communes les obligeant à témoigner douloureusement contre leurs semblables afin de confesser une haine qui leur était étrangère et de se présenter en tant que justification pour un nouveau cycle de souffrance en Palestine.

Leurs fantômes ont été enrôlés pour aider à déplacer les compagnons juifs de leurs foyers arabes et de leur léguer la même haine étrangère, enrôlant ceux d’entre nous, originaires de pays arabes dans le but de devenir les ennemis de notre propre mémoire et passé.

Le député juif britannique Gerald Kaufman a parlé d’une voix angoissée sur les massacres qui prenaient place à Gaza : « Ma grand’mère n’est pas morte pour couvrir les soldats israéliens qui assassinent des grand’mères à Gaza ». Nous partageons et faisons écho à ce refus. Que la mémoire des Juifs assassinés par le régime nazi ne serve pas de couverture pour la tentative de destruction du peuple palestinien !

Malgré que les armes se soient relativement tus, l’assaut génocidaire sur le peuple palestinien n’est pas terminé. Le siège, le manque de nourriture et d’eau potable, le système détruit des eaux d’égouts qui risque de provoquer des maladies et l’effondrement économique ainsi que la crise humanitaire continuent à Gaza ainsi que le plein soutien des USA, de l’Europe et du gouvernement égyptien.

Alors que le siège sur Gaza continue, de même le lent nettoyage ethnique de la Cisjordanie et de Jérusalem Est, les démolitions de maisons, la construction du Mur d’Apartheid, le développement des colonies, la destruction économique des villes et villages étranglées par les check-points, l’assaut sur les quartiers palestiniens de Jaffa, St Jean d’Acre, Lydda (Lod), la Galilée et le Néguev, l’emprisonnement en masse des Palestiniens (plus de 11.000) et tous les moyens petits et grands par lesquels Israël essaye d’écraser l’esprit et effacer la présence du peuple palestinien dans leur patrie.

Face à la menace d’annihilation en Europe, les Juifs ont résisté. Du ghetto aux camps de concentration et à l’intérieur des pays occupés, les Juifs ont résisté au régime nazi. Aujourd’hui, du ghetto de Gaza aux bantoustans de Cisjordanie et des quartiers de Jaffa et de St Jean d’Acre aux villes de par le monde, les Palestiniens résistent aux tentatives israéliennes visant à les détruire en tant que peuple.

Le 27 janvier, l’acte d’honorer la mémoire de nos morts est pour nous inséparable de celui d’honorer plus de 60 ans de survie et de résistance palestinienne. Ce n’est que lorsque le peuple palestinien aura regagné sa liberté que les morts pourront se reposer en toute sécurité. Alors nous célébrerons tous une autre victoire pour la vie.

27 janvier 2009 -
IJAN (International Jewish Anti-Zionist Network) -
Vous pouvez consulter cet article ici :http://www.ijsn.net/home
Traduction : Ana Cléja

Info-Palestine