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Les Coloniaux, d'Aziz Chouaki

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  • Les Coloniaux, d'Aziz Chouaki

    Pour les quatre-vingt-dix ans de la bataille de Verdun, en 2006, le conseil général de la Meuse a demandé à l'auteur franco-algérien Aziz Chouaki d'écrire un texte qui parlerait des soldats nord-africains engagés dans la première guerre mondiale. Autrement dit : des troupes coloniales, qui furent nombreuses à se battre, sur tous les fronts. Plus de 290 000 soldats ont combattu, entre 1914 et 1918. 173 000 venaient d'Algérie, 80 000 de Tunisie, 44 000 du Maroc. A la fin de la guerre, 28 200 d'entre eux étaient morts, 7 700 avaient disparu.

    En s'adressant à Aziz Chouaki, le conseil général de la Meuse savait qu'il n'aurait pas un texte de commémoration. Ce genre n'est pas du tout dans le style de l'écrivain, né en 1951 en Algérie, et installé en France depuis 1991. Aziz Chouaki a écrit comme souvent il le fait, dans ses pièces et ses romans : avec un cynisme éclatant de vie, dont il donne une image dès la première page de son texte. A l'ombre d'un figuier, un homme digère les 132 figues qu'il a avalées d'un coup. Des figues "opiacées, un pur délice", dit-il. Oui, mais elles ont du mal à passer. Et pourquoi sont-elles 132 ? Parce que c'est le nombre d'années qu'a duré la colonisation française en Algérie.

    SPECTATEURS DANS LA LUMIÈRE

    L'homme du figuier est un bavard qui aime Les Pieds Nickelés et donne des noms de planète à ses moutons. "Toi, Mohand Akli, t'es un zéro ", lui disait son grand-père. Et cela le fait rire. Il s'aime comme il est, "normal de chez tout court".

    Aziz Chouaki en fait la voix de tous ceux qui sont partis pour Verdun. Une voix démultipliée : Mohand Akli donne trois visions de l'histoire du soldat. L'une le présente en héros, l'autre en enthousiaste au grand coeur. La troisième remet les choses à leur place, celle d'un "occupé, parti défendre son occupant contre un occupant qui l'occupe." Ce n'est donc pas pour rien que le texte d'Aziz Chouaki s'appelle Les Coloniaux. Quatre-vingt-dix ans après Verdun, l'auteur franco-algérien ne demande ni pardon ni réparation. Il voudrait juste un peu de mémoire, mais "de la vraie". Et il le fait savoir dans sa langue "mosaïque", savante, lyrique, populaire et ironique, que Jean-Louis Martinelli, le directeur du Théâtre de Nanterre-Amandiers, a déjà mise en scène, avec Une virée (en 2004). Les Coloniaux se donnent dans la salle modulable, vidée de ses fauteuils. Des gradins en bois et en demi-cercle sont disposés face à une scène recouverte de sable. Aziz Chouaki est à la guitare, Hammou Graïa joue Mohand Akli.

    Pendant presque toute la durée des Coloniaux, les spectateurs restent dans la lumière. Et cela change la donne de la représentation, qui prend des allures de récit sur une place de village. L'ambiance est allègre et communautaire, les appels au public passent sans problème, des rires fusent joyeusement. Mais, pour finir, c'est l'émotion qui domine. Entre Aziz Chouaki et ses reprises jazzy de La Marseillaise ou de Mozart, et Hammou Graïa au regard fixé sur l'horizon d'une histoire qui dépasse son personnage, se joue le théâtre de la vie atroce et lumineuse, celle qui clôt les récits de boucherie de la guerre par un grand éclat de rire. Et un appel à retrouver l'ombre éternelle d'un figuier.

    Par le Monde


    Les Coloniaux

    Que dire à la France alors ? Qu’elle demande pardon ?

    Non, non, sans aller jusqu’à la presque compassion, ça fait revanchard, et puis c’est très mauvais pour la vésicule biliaire, surtout de nos jours.

    Oui, que demander, alors, à la France ?

    Qu’elle fasse le solde de 132 ans de présence, de préemption absolue sur tout ce qui bougeait en Algérie ? Non, compliqué, trop de chiffres, bandes de requins dans les ministères des deux pays, vas toi vérifier après.
    Je crois que ce que j’ai envie de demander à la France, en fait, c’est juste un tout petit peu de mémoire.

    Mais de la vraie mémoire active, de celle qui dégrafe les commémorations, au-delà des cymbales et des symboles. Nulle charité, nulle componction, surtout pas de repentance, car, tout compte fait, coin de frigo, des restes de justice feraient très bien l’affaire.

    Exactement, une mémoire du coeur, oui, bien étale, à ras de langue, à simple hauteur d’âme.

    Aziz Chouaki, Les Coloniaux

  • #2
    Encore?

    Aucune nouveauté, rien, la littérature algérienne quelque soit son genre: le colonialisme, n'y -a-t-il pas d'autres sujets???
    C'est fou et effrayant de voir qu'ils (elles) parlent tous de ça, uniquement de ça!

    Commentaire

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