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Multinationales du Sud, proies tentantes pour celles du Nord

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  • Multinationales du Sud, proies tentantes pour celles du Nord

    La bagarre de sumo qui oppose les multinationales des pays émergents à celles des pays développés connaît de nouveaux développements depuis l'émergence de la crise. La conjoncture modifie les rapports de forces. Les firmes occidentales résistent mieux aux turbulences boursières, comme l'indique l'édition 2009 du rapport du Boston Consulting Group (BCG) sur "les nouveaux challengers mondiaux", présenté au Forum de Davos, mercredi 28 janvier. Moins endettées que leurs concurrents des pays en développement, elles disposent de ressources financières leur permettant d'envisager des acquisitions.

    Cette étude, publiée pour la troisième année consécutive, recense les 100 entreprises des pays émergents ayant le plus fort potentiel de croissance. Cette sélection a été réalisée à partir des listes des plus grandes entreprises de chacun des pays considérés (Asie, Amérique latine, Europe centrale et orientale, Moyen-Orient). Des critères de taille, mais aussi de couverture géographique, ont départagé les 100 finalistes parmi les 3 000 sociétés repérées dans les classements.

    Globalement, la valeur boursière de ces entreprises a davantage chuté, en un an, que celle des multinationales des pays développés. Certes, ce calcul ne prend en compte que les challengers cotés en Bourse, soit 78 entreprises. Mais une autre étude, menée par PFC Energy, et citée par le Financial Time du 26 janvier, montre que la valorisation des sociétés pétrolières nationales de pays émergents, tel PetroChina et Sinopec (Chine), Petrobras (Brésil) ou Gazprom (Russie), ont plus baissé que celle de leurs concurrents américains ou européens.

    Pourtant, les multinationales des pays émergents continuent d'avoir des taux de croissance et des rentabilités (résultat d'exploitation ramené au chiffre d'affaires) supérieurs à ceux des pays développés, relève l'étude du BCG. Les "challengers" voient leur chiffre d'affaires augmenter de 29 % en moyenne par an entre 2005 et 2007, contre 5 % pour les firmes de l'indice Standard & Poors 500, qui porte sur cinq cents des plus grandes entreprises américaines. L'écart resterait important en 2008, estime le BCG.

    Ce n'est donc pas la performance de ces groupes qui justifie leur dépréciation, explique David Michael, directeur associé senior au BCG à Pékin et coauteur du rapport. Il avance trois raisons : "Les marchés boursiers des pays émergents ont plus baissé que ceux des pays développés, car les investisseurs occidentaux, effrayés, ont préféré s'en retirer." D'autre part, "le marché anticipe un ralentissement de la croissance des challengers". Enfin, il estime que "la valorisation des challengers était peut-être trop élevée avant la crise".

    Conséquence : si la précédente étude révélait que les challengers procédaient à des acquisitions de plus en plus coûteuses dans les pays occidentaux, l'édition 2009 montre que le courant inverse pourrait se produire. Les multinationales occidentales, qui ont pu accumuler suffisamment de trésorerie pendant la période faste d'avant la crise, vont pouvoir acquérir ces firmes dont les cours ont plongé.

    Certes, la situation diffère selon les pays et les secteurs. Les entreprises de pays émergents qui ont crû par acquisitions et se sont lourdement endettées dans ce but deviennent plus vulnérables que celles qui se sont développées par croissance interne, profitant de l'essor de leur marché domestique. Tel est le cas des entreprises de télécommunications chinoises Huawei ou ZTE, qui ont obtenu de gros contrats pour équiper le pays en technologie 3G, la troisième génération de téléphonie mobile, explique M. Michael.

    Cependant, il ne faudrait surtout pas sous-estimer la menace que ces groupes font peser sur les firmes bien établies des pays développés, précise le rapport. Parce que ces challengers, "habités par l'esprit d'entreprise de leur fondateur, comme Tata en Inde ou Koç en Turquie, qui n'ont pas hésité à se développer à l'étranger, ont souvent davantage le goût du risque que leurs concurrents occidentaux", note le rapport.

    Ces firmes, quand elles ont un actionnariat familial ou étatique, mènent des stratégies de long terme leur permettant d'investir massivement sans attendre de retour immédiat. Une stratégie différente de la plupart de leurs concurrents des pays développés, davantage soumis aux exigences d'actionnaires souhaitant un retour rapide de leurs placements.

    Pour la première fois en 2008, un des challengers des précédents classements du BCG, la société pharmaceutique indienne Ranbaxy, a cédé la majorité de son capital à une multinationale établie, le japonais Daiichi Sankyo.

    Ce type de transaction, qui permet d'allier "l'agilité, la production à bas coût de l'un, à la notoriété de la marque et la recherche-développement de l'autre", pourrait se multiplier dans les années qui viennent, estime le BCG. Dans l'intérêt des combattants d'hier

    Dix-neuf entreprises intègrent le classement

    Dix-neuf sociétés apparaissent pour la première fois dans le classement du BCG sur les "nouveaux challengers".

    Parmi les nouveaux venus, on compte quatre firmes des Emirats arabes unis, une brésilienne, une chilienne, quatre chinoises, une hongroise, trois indiennes, une indonésienne, une koweïtienne, une mexicaine, et deux russes.

    Leurs secteurs d'activité sont très divers. Certaines sont des sociétés de service comme la société de logistique koweïtienne Agility, d'autres sont des industriels comme le chimiste ChemChina, ou des sociétés technologiques comme la société émiratie Etisalat.

    Par Le Monde
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